Premiers secours face aux risques d’étouffement et d’asphyxie au travail : reconnaître, agir, sauver

En cas d’étouffement, de suffocation ou d’asphyxie, chaque seconde compte. Il est impératif que tous les travailleurs exposés soient capables de reconnaître les signes d’alerte, d’agir immédiatement et d’alerter les secours. Une réponse rapide et structurée peut faire la différence entre une issue favorable et un accident mortel.
Identification rapide des symptômes
Les manifestations cliniques varient selon la nature du trouble respiratoire. Leur reconnaissance précoce permet de déclencher rapidement les gestes adaptés ou d’alerter les secours sans perte de temps.
Symptômes d’étouffement (obstruction mécanique)
L’étouffement est une obstruction brutale des voies respiratoires, souvent causée par l’inhalation ou l’ingestion accidentelle d’un corps étranger. Il nécessite une réaction immédiate, car les capacités respiratoires peuvent être compromises en moins de deux minutes si l’obstruction est totale.
Symptôme observable | Interprétation |
Toux inefficace, violente | Effort visible mais sans effet pour dégager les voies |
Incapacité à parler ou à crier | Obstruction sévère, parfois accompagnée de panique silencieuse |
Respiration bruyante, sifflement | Passage d’air restreint – signe de détresse respiratoire |
Main portée à la gorge | Signe universel d’étouffement, réflexe instinctif |
Si l’obstruction est complète, la victime ne peut ni respirer, ni parler, ni tousser. L’urgence est vitale : la situation devient critique en moins de deux minutes.
Symptômes de suffocation ou d’asphyxie (manque d’oxygène ambiant)
La suffocation ou l’asphyxie résultant d’une atmosphère appauvrie en oxygène progresse souvent de façon insidieuse. Les signes initiaux peuvent passer inaperçus, mais leur évolution est rapide et dangereuse, même si la victime reste consciente au départ.
Symptôme observable | Interprétation |
Respiration lente, difficile ou irrégulière | Hypoxie modérée à sévère |
Désorientation, confusion, troubles de l’élocution | Altération cognitive due au manque d’oxygène |
Cyanose (lèvres, ongles, visage) | Signes de mauvaise oxygénation du sang |
Perte progressive de conscience | Hypoxie avancée, risque vital imminent |
Ces signes doivent déclencher une alerte immédiate, sans attendre la perte de conscience. Toute intervention en espace confiné doit prévoir une procédure d’extraction rapide et des secours en alerte.
Techniques de premiers secours et réanimation
En cas d’obstruction ou de privation d’oxygène, l’efficacité des premiers gestes de secours est cruciale. Tous les travailleurs intervenant en zones à risque doivent être formés à ces techniques, en particulier dans les milieux isolés ou en espace confiné où les secours peuvent mettre du temps à arriver.
Manœuvre de Heimlich (ou « compression abdominale »)
Indication : Étouffement par obstruction des voies aériennes supérieures (corps étranger visible ou non).
Objectif : Expulser l’objet en générant une pression brusque dans le thorax.
Étapes principales :
- Placer la victime debout ou assise, en se positionnant derrière elle.
- Entrelacer les mains au niveau de l’abdomen, juste au-dessus du nombril.
- Exercer une pression rapide vers l’arrière et vers le haut, en un mouvement sec.
- Répéter la compression jusqu’à l’expulsion du corps étranger ou jusqu’à perte de conscience.
En cas de perte de connaissance, passer immédiatement à la réanimation cardio-pulmonaire (RCP) et alerter les secours (15 / 112).
Réanimation cardio-pulmonaire (RCP)
Indication : Victime inconsciente, ne respirant pas ou présentant une respiration anormale après une asphyxie ou un étouffement.
Étapes essentielles :
Alerter ou faire alerter les secours d’urgence : 15 ou 112.
Allonger la victime sur une surface plane et dégagée.
Effectuer 30 compressions thoraciques au centre du thorax (entre les deux mamelons), à un rythme de 100 à 120 compressions/minute
Enfoncer le thorax de 5 à 6 cm chez l’adulte
Administrer 2 insufflations si vous êtes formé au bouche-à-bouche. Sinon, continuer les compressions seules.
Poursuivre sans interruption jusqu’à l’arrivée des secours ou jusqu’à ce que la victime reprenne une respiration normale.
Si un défibrillateur automatisé externe (DAE) est disponible, l’utiliser dès que possible :
Suivre les instructions vocales, sans interrompre les gestes de RCP plus longtemps que nécessaire.
Appel aux secours
Dans les milieux à risque (espaces confinés, sites industriels isolés), il doit être prévu, testé et connu de tous. La réactivité et la précision de cet appel conditionnent la rapidité d’intervention des secours.
Bonnes pratiques à respecter :
- Prévoir un moyen de communication opérationnel à tout moment : radio, téléphone portable, interphone sécurisé.
- Alerter immédiatement les secours internes ou externes, en donnant des informations précises : lieu exact, nature de l’incident, nombre de victimes.
- Désigner un référent “secours” formé à la coordination des opérations et à l’accueil des pompiers ou du SAMU.
- Baliser la zone d’intervention pour empêcher l’accès à des personnes non protégées ou non autorisées.
Dans les environnements industriels complexes, la procédure d’appel doit être révisée régulièrement et incluse dans les exercices d’évacuation et de sécurité.
Récapitulatif de la chaîne de survie en milieu confiné
Étape | Objectif | Actions clés |
1. Détection | Identifier rapidement une situation critique (étouffement, suffocation, perte de conscience) | – Observer les signes de détresse – Utiliser un détecteur multi-gaz – Rester en contact radio |
2. Alerte | Prévenir immédiatement les secours internes ou externes | – Appeler le 15 / 18 / 112 – Informer : lieu exact, nombre de victimes, nature du danger – Activer l’alarme si existante |
3. Sécurisation | Protéger le lieu, éviter le suraccident | – Baliser la zone – Interdire l’accès – Porter les EPI avant toute intervention |
4. Secours immédiat | Réagir sans délai sur place | – Heimlich en cas d’étouffement – Extraction si possible avec treuil / ligne de vie – RCP en cas de perte de connaissance |
5. Prise en charge médicale | Stabiliser la victime jusqu’à l’arrivée des secours spécialisés | – Installer en position de sécurité – Administrer de l’oxygène si disponible – Accompagner les secours avec les informations utiles |
6. Retour d’expérience | Améliorer la prévention future | – Débriefer l’incident – Mettre à jour les procédures – Former à nouveau les équipes si nécessaire |
Chaque maillon compte. Une défaillance à une étape peut compromettre l’ensemble de l’intervention. Former, simuler, corriger : la chaîne de survie commence bien avant l’accident.
Dans les environnements professionnels à risque, espaces confinés, industries chimiques, sites de traitement ou de transformation, la prévention ne peut être accessoire : elle est vitale.
Une évaluation rigoureuse des dangers, une formation continue des équipes, la mise en place de dispositifs de détection, de ventilation et de secours adaptés, ainsi que le respect strict des protocoles d’intervention constituent les piliers d’une stratégie efficace.
Le rôle des gestionnaires HSE, des chefs d’équipe et des encadrants est donc central : instaurer une culture de sécurité proactive, fondée sur la vigilance, la responsabilité collective et l’amélioration continue. Car dans ces contextes, la vie d’un salarié peut dépendre d’un test oublié, d’une alarme négligée… ou d’un simple geste connu à temps.
Les risques d’étouffement
Sources
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