Risque de brulure

Brûlures chimiques au travail : un danger sous-estimé aux conséquences graves

Par Laurent Corbé , le 1 juillet 2025 , mis à jour le 10 juillet 2025 - 19 minutes de lecture

Table des matières

Les brûlures chimiques figurent parmi les accidents les plus graves et les plus sous-estimés en milieu professionnel. En quelques secondes, une simple éclaboussure ou une exposition à une vapeur corrosive peut entraîner des lésions profondes, des douleurs intenses et des séquelles irréversibles. Contrairement aux brûlures thermiques, elles ne nécessitent ni flamme ni chaleur pour ronger les tissus : le contact avec un acide fort, une base puissante ou un produit mal dilué suffit à provoquer des dégâts souvent invisibles dans l’immédiat, mais durables.

Ce danger insidieux ne se limite pas aux laboratoires ou aux usines classées. Il concerne une multitude de secteurs, parfois inattendus… Partout où des produits chimiques sont utilisés, même en petite quantité, le risque est présent. Or, de nombreux accidents surviennent non pas lors d’une erreur spectaculaire, mais à cause d’un oubli banal : flacon mal rebouché, EPI inadapté, stockage négligé, gestes trop automatisés… Chaque maillon de la chaîne, du stockage à la manipulation, en passant par la formation, compte.

Dans cet article, nous vous proposons une approche complète et concrète :

  • Quels sont les métiers les plus exposés ?
  • Quelles sont les formes les plus courantes d’exposition ?
  • Quels réflexes de prévention adopter au quotidien ?
  • Comment choisir et utiliser les bons EPI selon les situations ?
  • Quelles règles de stockage, de manipulation et de réaction en cas d’accident ?

Parce qu’un simple geste peut faire la différence entre un incident maîtrisé et une brûlure grave, mieux vaut prévenir que subir.

Qui est exposé aux brûlures chimiques sur le lieu de travail ?

Les produits corrosifs ne sont pas réservés aux laboratoires. Acides, bases, solvants ou agents désinfectants circulent dans bien d’autres environnements professionnels, souvent de façon discrète. Un flacon mal étiqueté, une éclaboussure anodine ou une simple inhalation peuvent suffire à provoquer des brûlures graves. Tous les salariés sont donc potentiellement concernés, même s’ils ne manipulent pas directement ces substances.

Tous les secteurs d’activité sont potentiellement à risque

Les brûlures chimiques ne concernent pas que les laboratoires ou les usines. De nombreux métiers, souvent insoupçonnés, manipulent des substances corrosives au quotidien. Tour d’horizon des secteurs les plus exposés aux brûlures chimiques, souvent profondes, lentes à cicatriser et parfois invisibles dans l’immédiat.

Industrie, artisanat, BTP : le trio historique des professions exposées

Dans ces secteurs, le contact avec des substances agressives est quotidien. Ces produits attaquent la peau, les yeux, ou les voies respiratoires, parfois à travers les vêtements ou les gants non adaptés.

Maçons, carreleurs, ouvriers du bâtiment : des brûlures chimiques sous-estimées

Les professionnels du gros œuvre et du second œuvre sont exposés quotidiennement à des substances corrosives, parfois sans en avoir pleinement conscience. Leur environnement de travail mêle poussière, humidité, chaleur et surtout, produits chimiques puissants utilisés à des fins très variées.

Substances en cause

Les produits manipulés sont nombreux et souvent irritants ou corrosifs :

  • Ciment frais (hydroxyde de calcium en réaction),
  • Acides de nettoyage (acide chlorhydrique dilué, acide phosphorique) utilisés pour retirer les laitances ou les résidus calcaires,
  • Solvants décapants pour décoller les anciennes couches de peinture ou nettoyer les outils,
  • Produits anti-mousse et antifongiques, souvent à base de chlore ou d’ammoniums quaternaires.

Certains de ces produits sont utilisés à mains nues ou avec des gants non adaptés, par habitude ou par souci de rapidité, ce qui augmente considérablement les risques.

Quelques situations à risque :

  • Préparation et coulage de béton ou mortier, avec manipulation directe du ciment,
  • Nettoyage de surfaces ou de façades, notamment à l’acide,
  • Décapage avant rénovation, avec utilisation de produits chimiques puissants pour enlever anciennes couches ou moisissures,
  • Pose de carrelage, avec colles et joints chimiques potentiellement irritants à l’état frais.

Ces tâches sont souvent réalisées dans des positions inconfortables ou dans des environnements mal ventilés, ce qui augmente les risques d’exposition cutanée ou respiratoire.

Spécificité du risque : des brûlures lentes… mais sévères

Contrairement aux brûlures thermiques, les brûlures chimiques au ciment ou aux acides  n’occasionnent pas forcément de douleur immédiate : la sensation peut apparaître après plusieurs heures. Elles agissent lentement, mais en profondeur : la peau est attaquée de manière insidieuse, parfois jusqu’à la nécrose.

Elles provoquent rougeurs, irritations, démangeaisons, puis cloques, croûtes, voire infections si non traitées rapidement.

A savoir ! Le ciment est particulièrement trompeur : il contient des agents alcalins très corrosifs, qui, en cas de contact prolongé avec la peau humide (transpiration, pluie, immersion), peuvent provoquer des brûlures profondes, notamment sur les genoux, les poignets ou les avant-bras, zones souvent mal protégées.

Agents de nettoyage industriel ou en milieu sensible : au contact direct du danger

Souvent en coulisses, les agents de propreté et d’entretien assurent des missions essentielles dans des environnements exigeants… mais exposent leur santé à des risques chimiques majeurs. À force de répétition ou de familiarité avec les produits, certains gestes peuvent devenir routiniers et les protections minimisées, une erreur potentiellement lourde de conséquences.

Substances en cause

Les produits de nettoyage professionnels sont parfois bien plus agressifs que ceux du commerce. Parmi les plus couramment utilisés :

  • Décapants alcalins puissants (à base de soude, de potasse) pour dissoudre les graisses et les résidus incrustés,
  • Acide chlorhydrique ou acide sulfurique dilués pour détartrer, déboucher, désinfecter,
  • Produits combinés avec agents corrosifs, tensioactifs, ou solvants pour désinfecter ou rénover certaines surfaces (inox, carrelage, verre, plastique, etc.).

Ces produits sont souvent concentrés et nécessitent une dilution précise. Une erreur de dosage ou un contact accidentel peut entraîner des brûlures immédiates, parfois sévères.

Situations à risque

Les environnements dits « sensibles » ou réglementés exigent un niveau d’hygiène élevé, avec des gestes fréquents, parfois sous pression :

  • Entretien de machines-outils ou d’appareils techniques, dans les secteurs industriels ou alimentaires,
  • Nettoyage en laboratoires, cuisines collectives, hôpitaux ou blocs opératoires,
  • Intervention dans des zones contaminées, avec produits désinfectants puissants, parfois pulvérisés en fines gouttelettes (aérosols),
  • Utilisation de nettoyeurs haute pression, qui accroissent le risque d’éclaboussures.

Ces tâches sont parfois réalisées rapidement, dans des espaces mal ventilés, avec des risques cumulés : projection, inhalation, contact cutané.

Spécificité du risque : rapidité, invisibilité, gravité

Les brûlures chimiques dans ce secteur sont souvent :

  • Instantanées : le produit traverse les vêtements ou attaque les muqueuses dès le contact,
  • Très douloureuses : en particulier sur les mains, les avant-bras et le visage,
  • Favorisées par des erreurs banales : gant percé, lunettes oubliées, produit transvasé sans précaution.

La protection des yeux est absolument prioritaire : de nombreuses brûlures graves surviennent à cause d’éclaboussures au visage. Une simple goutte dans l’œil peut provoquer des lésions irréversibles si on ne rince pas immédiatement.

Agroalimentaire, cuisines centrales & restauration collective : l’hygiène à haut risque

Dans ces environnements où la propreté est une priorité absolue, les procédures de nettoyage et de désinfection sont intensives, fréquentes… et chimiques. Or, dans la pression des cadences ou le souci d’efficacité, certains produits sont mal dilués, mal rincés ou manipulés sans protection suffisante, exposant les professionnels à des brûlures sévères.

Substances en cause

Les produits utilisés dans ces milieux sont hautement concentrés pour garantir une désinfection rapide et totale :

  • Soude caustique (hydroxyde de sodium) : pour décaper, dégraisser, désincruster les résidus carbonisés,
  • Ammoniaque : utilisée pour ses propriétés nettoyantes sur les surfaces grasses,
  • Acide péracétique : désinfectant puissant employé en industrie alimentaire, corrosif pour la peau et les muqueuses,
  • Produits biocides multi-usages à forte concentration, parfois combinés à des agents moussants ou désodorisants.

Ces substances sont parfois mal diluées, réutilisées à l’état concentré ou stockées dans des contenants secondaires mal identifiés.

Quelques-unes des situations à risque :

  • Nettoyage des fours, grills et friteuses en fin de service ou en post-production,
  • Dégraissage intensif des plans de travail, hottes ou murs, souvent sous haute pression ou avec brossage énergique,
  • Stérilisation des machines de production, chambres froides ou bacs de transport dans les usines agroalimentaires,
  • Nettoyage de nuit ou en horaires décalés, avec moins de surveillance et de personnel formé.

Ces tâches peuvent paraître banales, mais le risque est majoré par la fréquence des gestes, la rapidité d’exécution, et le peu de temps accordé à la lecture des consignes de sécurité.

Spécificité du risque : des brûlures souvent évitables, mais fréquentes

Dans de nombreux métiers, restauration collective, nettoyage industriel, maintenance technique, les produits corrosifs font partie du quotidien. Pourtant, il suffit d’un simple oubli ou d’un geste mal protégé pour que le danger devienne réel.

  • La soude caustique mal rincée reste active pendant des heures : une main mouillée posée sur un four nettoyé récemment peut suffire à provoquer une lésion,
  • Le non-respect des dosages est courant en restauration collective ou en cuisine d’entreprise, faute de temps ou de moyens,
  • Les brûlures chimiques surviennent aussi par contact indirect : gant imbibé, manche souillée, aérosol respiré en fin de journée.

Dans ces métiers, le port de gants adaptés, de lunettes et le respect des procédures de dilution et de rinçage sont des gestes de sécurité vitaux, pas des options.

Un danger souvent banalisé

Dans tous ces métiers, le geste est devenu réflexe : nettoyer, verser, décaper, pulvériser… Pourtant, une simple éclaboussure ou un oubli d’EPI peut suffire à provoquer une brûlure chimique grave pour laquelle il est nécessaire d’intervenir immédiatement pour limiter les conséquences.

Ces blessures sont parfois indolores dans les premières minutes, ce qui retarde la prise en charge, elles nécessitent un rinçage abondant immédiat, souvent mal effectué faute de formation et laissent des séquelles durables, surtout au niveau des yeux et des mains.

Agriculture & traitements phytosanitaires : une exposition souvent sous-estimée

Le travail de la terre expose aussi à des risques chimiques sérieux. Derrière les gestes techniques du quotidien, fertiliser, désherber, traiter, se cache une réalité invisible, mais redoutable : le contact avec des substances corrosives.

Des produits à haut potentiel agressif

Les agriculteurs, les maraîchers, les horticulteurs et les viticulteurs utilisent régulièrement :

  • Engrais chimiques (nitrates, phosphates, ammonitrates),
  • Herbicides et désherbants concentrés,
  • Insecticides et fongicides parfois très corrosifs à l’état pur,
  • Produits phytosanitaires nécessitant une dilution rigoureuse.

Ces produits, souvent manipulés à l’aube ou en plein soleil, peuvent générer des réactions cutanées ou respiratoires violentes, parfois retardées dans le temps.

Des brûlures qui ne touchent pas que la peau

Les brûlures chimiques ne se limitent pas à la surface cutanée. Selon les gestes, les produits et les conditions de travail, l’exposition peut être directe, diffuse ou insidieuse.

  • Par contact direct : éclaboussures lors de la dilution, gouttes mal rincées sur les mains ou les avant-bras, réservoirs mal fermés.
  • Par inhalation : lors de la préparation des solutions ou de l’épandage manuel, les vapeurs peuvent attaquer les muqueuses oculaires ou les voies respiratoires.
  • Par transfert indirect : mains contaminées touchant le visage, vêtements imbibés, matériel mal nettoyé.
Les moments critiques à surveiller

Certaines phases sont particulièrement à risque :

  • La préparation des solutions : mauvais dosage, précipitations, absences de lunettes ou de gants.
  • Le remplissage ou le vidage des cuves : éclaboussures et vapeurs concentrées.
  • Le nettoyage des pulvérisateurs et buses : projection résiduelle, rinçage insuffisant.
Une vigilance indispensable, même en plein air

Le mythe selon lequel le travail à l’extérieur limite les dangers est tenace. Pourtant :

  • Le vent peut ramener les vapeurs sur le visage de l’utilisateur,
  • Le soleil peut accentuer les réactions cutanées,
  • La chaleur accélère l’évaporation des produits chimiques, augmentant le risque d’inhalation.

Les EPI sont indispensables, même pour des gestes courts ou jugés “inoffensifs”.

Secteurs médicaux, hospitaliers et de laboratoire : un risque chimique omniprésent

Soigner, diagnostiquer, désinfecter… autant d’actes nobles qui s’accompagnent, en coulisses, d’une manipulation régulière de produits dangereux. Dans les hôpitaux, les laboratoires de recherche ou de biologie médicale, les brûlures chimiques sont un risque réel, parfois méconnu des non-spécialistes.

Biologie médicale, recherche & anatomopathologie : précision scientifique, danger réel

Dans les laboratoires, la manipulation de produits chimiques fait partie du quotidien. Pourtant, les risques de brûlures chimiques y sont bien réels, même pour des professionnels formés. À force de répétition ou de concentration sur la tâche scientifique, certains dangers passent inaperçus : une goutte de fixateur, une fumée invisible, un flacon mal fermé… et la brûlure est là.

Substances couramment utilisées

Les produits manipulés en laboratoire sont nombreux, souvent très concentrés et volatils :

  • Formol (formaldéhyde) : utilisé pour fixer les tissus ; irritant pour la peau et très agressif pour les yeux et les voies respiratoires,
  • Acides forts : acide chlorhydrique, acide nitrique, acide sulfurique — utilisés pour la décalcification, le nettoyage, ou certaines colorations,
  • Solvants organiques : toluène, xylène, éthanol concentré… pouvant traverser la peau et provoquer des brûlures ou des irritations sévères,
  • Fixateurs tissulaires combinés, souvent à base de formol, d’alcools et d’agents stabilisants.

Ces produits présentent souvent un double danger : contact cutané ET inhalation de vapeurs.

Utilisations fréquentes

Les manipulations sont généralement techniques, mais répétitives et potentiellement accidentogènes :

  • Conservation d’échantillons biologiques ou anatomiques,
  • Préparation de lames histologiques, avec colorants et fixateurs,
  • Décontamination ou rinçage de matériel de verrerie ou d’instruments,
  • Nettoyage de paillasses ou de hottes, parfois en fin de journée, lorsque la vigilance baisse.

Les phases de transfert, de dosage ou de dilution sont particulièrement à risque, surtout si les équipements de ventilation sont défectueux ou si les EPI sont absents.

Risque spécifique : des atteintes cutanées, oculaires ou respiratoires

Les produits chimiques corrosifs n’agressent pas tous de la même manière, ni avec la même intensité. Une même substance peut causer une brûlure sur la peau, une irritation sévère des yeux ou une atteinte invisible mais profonde des voies respiratoires.

  • Les éclaboussures lors des transferts peuvent toucher les mains, les avant-bras, voire le visage si le contenant se renverse ,
  • Les hottes mal ventilées laissent s’échapper des vapeurs toxiques ou corrosives, parfois invisibles,
  • Le port de gants inadéquats ou le retrait trop tardif favorise les brûlures lentes et profondes par pénétration,
  • Le formol est également classé comme cancérogène avéré, renforçant l’importance des mesures de prévention.

Même en milieu maîtrisé, un seul écart dans le protocole de sécurité peut provoquer des lésions graves, voire irréversibles. D’où la nécessité d’une formation continue, d’une rigueur absolue et de l’entretien régulier des installations de sécurité (hottes, douches, extracteurs).

Entretien hospitalier & désinfection médicale : entre hygiène vitale et risque chimique

Dans les hôpitaux, les cliniques ou les laboratoires de soins, le niveau d’exigence en matière d’hygiène est maximal. Chaque jour, des agents d’entretien assurent la propreté et la désinfection de zones sensibles, chambres de patients, blocs opératoires, sanitaires, laboratoires… Mais cette mission, essentielle à la sécurité sanitaire, s’accompagne d’une exposition élevée à des produits désinfectants puissants et corrosifs parfois mal dilués ou mal manipulés.

Produits chimiques concernés

Les désinfectants utilisés en milieu hospitalier sont souvent des agents à fort pouvoir oxydant ou irritant, destinés à éliminer virus, bactéries et champignons :

  • Acide péracétique : très utilisé pour la désinfection à froid des surfaces médicales et instruments,
  • Hypochlorite de sodium : l’eau de javel en version concentrée, redoutable pour la peau et les muqueuses,
  • Solutions ammoniacales : puissants nettoyants utilisés pour dissoudre les matières organiques, parfois mal tolérés par les voies respiratoires.

La combinaison de différents produits, même involontairement (ex : javel + ammoniaque), peut provoquer des réactions toxiques graves avec dégagement de vapeurs dangereuses (chloramines, gaz irritants).

Quelques situations à risque :

  • Nettoyage des sanitaires, chambres de patients, vestiaires contaminés, avec usage intensif de désinfectants,
  • Désinfection manuelle d’objets médicaux (poignées de lits, équipements de soin, chariots),
  • Intervention rapide sur un sol souillé ou un vomi, souvent sans avoir eu le temps de s’équiper correctement,
  • Travail dans des zones mal ventilées ou à porte close, comme les toilettes, les douches ou les blocs techniques.

Ces situations peuvent provoquer des brûlures cutanées ou oculaires, voire des irritations respiratoires si les gestes de sécurité ne sont pas respectés.

Risques spécifiques :

Des gestes anodins avec des conséquences parfois lourdes en absence de vigilance.

  • Une dilution manuelle sans gant entraîne un contact direct avec des produits corrosifs non dilués,
  • Un nettoyage rapide sans lunettes expose les yeux à des éclaboussures invisibles,
  • Un sol encore humide avec résidus de produit peut provoquer des brûlures plantaires à travers des chaussures non adaptées,
  • Un manque de formation ou de supervision multiplie les mauvaises pratiques, surtout chez les agents en intérim ou nouvellement affectés.

Ces agents, bien que non-soignants, sont en première ligne du risque chimique hospitalier, souvent avec moins de reconnaissance et de formation que le personnel médical.

Tous les profils sont concernés

Le risque chimique ne s’arrête pas aux seuls techniciens de laboratoire. Il touche :

  • Les soignants (lors du nettoyage de dispositifs médicaux ou de la préparation de traitements topiques),
  • Les agents de désinfection (nettoyage post-opératoire, zones infectieuses),
  • Les techniciens de maintenance (gestion des systèmes de ventilation, nettoyage de circuits chimiques),
  • Les étudiants en stage, souvent novices dans la manipulation sécurisée.
ProfilExemples de tâches à risqueTypes d’expositionRisques principaux
Soignants– Nettoyage de dispositifs médicaux – Préparation d’antiseptiques – Soin topiqueContact cutané Inhalation ProjectionsIrritations, brûlures, allergies, lésions oculaires
Agents de désinfection– Nettoyage post-opératoire – Désinfection de zones infectieusesProjections Contact prolongé VapeursBrûlures cutanées, atteintes respiratoires, intoxications
Techniciens de maintenance– Entretien de hottes et circuits – Nettoyage d’installations contaminéesRésidus chimiques Surfaces souillées InhalationBrûlures cachées, lésions invisibles, exposition chronique
Étudiants et stagiaires– Travaux pratiques de laboratoire – Préparation ou manipulation de produits de TPErreurs de manipulation EPI inadaptés ou oubliésBrûlures accidentelles, réactions chimiques mal anticipées

Des gestes anodins aux conséquences sérieuses

Un flacon mal rebouché, une paillasse encombrée, une pipette contaminée… Dans ces milieux, la répétition des gestes techniques peut conduire à une banalisation du risque, alors que les substances en jeu sont parmi les plus corrosives du marché.

D’où la nécessité d’une culture de sécurité renforcée, incluant :

  • Des protocoles stricts de manipulation et de stockage,
  • Des EPI adaptés en toutes circonstances,
  • Une formation continue des équipes, sans distinction de fonction.

Secteurs « sensibles » : là où le risque chimique croise le feu, l’explosion et la toxicité

Certains environnements professionnels cumulent des dangers extrêmes dans lesquels le risque chimique est aggravé par la chaleur, la pression, l’instabilité ou la violence des événements. Dans ces secteurs dits « sensibles », aucune improvisation n’est possible : chaque geste est codifié, chaque équipement est calibré pour la survie.

Pompiers, équipes de secours, forces d’intervention

Ces professionnels agissent dans l’urgence, au plus près du danger, sans toujours connaître la nature exacte des substances auxquelles ils s’exposent.

  • Risques chimiques associés :
    • Projections d’acides, solvants ou hydrocarbures lors d’explosions,
    • Vapeurs corrosives dégagées par les produits industriels brûlés,
    • Réactions en chaîne lors du contact de produits avec l’eau ou la chaleur.

  • Autres dangers conjoints :
    • Brûlures thermiques, effondrements, électrocutions, intoxications,
    • Stress intense, efforts physiques, travail sous respiration assistée.

Dans ces métiers, chaque seconde d’exposition compte. Les brûlures chimiques peuvent survenir à travers les gants, la visière ou par inhalation de vapeurs invisibles. Les EPI (combinaisons étanches, appareils respiratoires isolants, gants multicouches) doivent répondre à des normes strictes, régulièrement testées.

Sites Seveso, usines classées et industries chimiques lourdes

Les établissements Seveso (du nom d’un accident industriel survenu en Italie en 1976) sont soumis à des exigences drastiques, proportionnelles à la dangerosité des substances manipulées.

  • Substances à haut risque :
    • Acides concentrés, bases fortes, composés chlorés, peroxydes, produits instables ou explosifs.
    • Gaz toxiques (ammoniac, chlore, fluor), solvants inflammables, poussières combustibles.
  • Risques spécifiques :
    • Brûlures immédiates ou progressives par contact ou inhalation,
    • Incendies avec projections corrosives,
    • Fuites ou explosions contaminantes, mettant en danger les salariés, les riverains, voire l’environnement sur des kilomètres.

Dans ces contextes, la sécurité repose sur trois piliers :

  1. Des protocoles de prévention ultra-codifiés (analyses de risques, simulations, confinement),
  2. Une maintenance rigoureuse et continue des équipements,
  3. Une formation régulière du personnel, y compris sur la conduite à tenir en cas de fuite ou de contact.
Une vigilance permanente, sans marge d’erreur

Dans les secteurs sensibles, le risque chimique ne se limite pas à une brûlure locale : il peut déclencher des catastrophes en cascade. La moindre négligence peut avoir un impact humain, environnemental et économique majeur. C’est pourquoi :

  • Les interventions sont surveillées en temps réel,
  • Les chaînes de décision sont rapides mais hiérarchisées,
  • L’humain est formé à l’extrême, autant que le matériel est renforcé.

Prévenir les brulures

Sources

Laurent Corbé

Laurent Corbé est expert en risques professionnels. Il est le fondateur d'Abisco.fr, un site leader dans la commercialisation d'Equipements de Protection Individuelle

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