Brûlures par rayonnement au travail : comprendre, prévenir, protéger durablement

Dans de nombreux environnements professionnels, l’exposition au rayonnement, notamment solaire, est une réalité quotidienne qui reste pourtant largement sous-estimée. Les brûlures par rayonnement, souvent réduites à de simples coups de soleil, peuvent en réalité entraîner des lésions cutanées sévères, des atteintes oculaires, des troubles thermiques et à long terme, un risque accru de cancers de la peau ou d’affections chroniques reconnues comme maladies professionnelles.
Ce danger concerne une large palette de métiers : ouvriers du BTP, agents de voirie, agriculteurs, paysagistes, marins, couvreurs ou encore techniciens de maintenance en milieu industriel fortement irradié (exposition aux infrarouges ou aux UV artificiels en laboratoire ou en stérilisation). Le rayonnement thermique ou ultraviolet, qu’il soit naturel ou artificiel, agit de manière insidieuse : il ne chauffe pas toujours la peau, mais la détériore en profondeur, souvent de manière cumulative et irréversible.
En tant que préventeur, encadrant ou responsable sécurité, il est indispensable de maîtriser :
- Les types de rayonnement,
- Les modes d’exposition et leurs facteurs aggravants,
- Les conséquences sur la santé,
- Et bien sûr, les moyens de prévention adaptés.
Prévenir les brûlures au travail, c’est non seulement protéger l’intégrité physique des travailleurs, mais aussi ancrer une culture sécurité durable en phase avec les évolutions climatiques et réglementaires.
Les types de rayonnement : comprendre les différentes expositions professionnelles
Les brûlures par rayonnement ne se limitent pas aux coups de soleil. En milieu professionnel, les travailleurs peuvent aussi être exposés à des rayonnements artificiels présents dans de nombreux secteurs industriels, médicaux ou scientifiques. Souvent invisibles et silencieux, ces rayons peuvent provoquer des lésions cutanées ou oculaires, parfois graves.
1. Les Rayonnements Ultraviolets (UV)
Les UV, bien que non perceptibles à l’œil nu, exercent une action directe sur la peau dès les premières minutes d’exposition. Ils sont naturellement émis par le soleil, mais leur intensité varie selon l’heure, la saison, l’altitude et la présence de surfaces réfléchissantes.
UVB (280 à 315 nm)
Les UVB sont les rayons les plus énergétiques du spectre ultraviolet qui atteignent la surface terrestre. Bien qu’ils représentent une faible part du rayonnement solaire total (environ 5 %), ce sont eux qui causent les brûlures cutanées visibles, connues sous le nom de coups de soleil.
Ils pénètrent uniquement les couches superficielles de la peau (l’épiderme), mais leur action est immédiate :
- Rougeur intense,
- Inflammation,
- Douleurs,
- Formation de cloques si l’exposition est prolongée.
Ces effets peuvent apparaître dès 15 à 30 minutes d’exposition sans protection, surtout chez les phototypes clairs.
Leur intensité dépend fortement de l’angle solaire : elle culmine entre 11 h et 16 h, en particulier pendant les mois de mai à août dans l’hémisphère nord. En altitude, leur puissance augmente de 10 à 12 % tous les 1 000 mètres.
Contrairement aux idées reçues, les UVB traversent aussi les nuages fins, rendant l’exposition trompeusement dangereuse par temps couvert ou légèrement voilé.
Enfin, leur pouvoir de réverbération est amplifié par certaines surfaces, neige (jusqu’à 85 % de réflexion), sable sec (25 %), béton clair (10 %), ce qui accroît considérablement la dose reçue au niveau de zones exposées comme le visage, le cou ou les avant-bras.
UVA (315 à 400 nm)
Les rayons UVA représentent environ 95 % du rayonnement UV qui atteint la surface terrestre. Moins énergétiques que les UVB, ils pénètrent en revanche beaucoup plus profondément dans la peau, jusqu’au derme où ils provoquent des altérations invisibles mais durables.
Contrairement aux UVB, les UVA ne provoquent pas de brûlure immédiate : ils ne rougissent pas la peau, mais agissent en profondeur de manière silencieuse. Leur impact est cumulatif : ils sont responsables de l’accélération du vieillissement cutané (rides, perte d’élasticité, taches pigmentaires) et jouent un rôle reconnu dans la genèse de certains cancers de la peau, en particulier chez les travailleurs exposés de façon répétée sans protection adaptée.
Autre particularité : les UVA traversent très facilement les nuages, le verre et certains vêtements légers non certifiés anti-UV. Cela signifie qu’un salarié peut y être exposé même en intérieur ou par temps couvert, par exemple près d’une baie vitrée, dans une serre ou en cabine de véhicule non équipée de film filtrant.
Enfin, leur intensité varie peu au cours de la journée ou de l’année, ce qui les rend insidieux. Même en hiver ou en dehors des heures « classiques » d’ensoleillement intense, ils restent actifs. C’est ce caractère constant qui en fait un danger souvent sous-estimé dans les contextes professionnels.
UVC (100 à 280 nm)
À l’état naturel, les rayons UVC sont intégralement absorbés par la couche d’ozone et n’atteignent pas la surface terrestre. Mais dans certains contextes industriels, hospitaliers ou de recherche, ils sont générés artificiellement par des équipements comme les lampes germicides, les systèmes de désinfection à UV ou les appareils de stérilisation par rayonnement court.
Leur pouvoir de destruction cellulaire est redoutable : en pénétrant à peine les couches superficielles de la peau ou de la cornée, ils peuvent provoquer des lésions immédiates (érythèmes intenses, kératites, brûlures oculaires) et, à long terme, des altérations de l’ADN. Même de courtes expositions non protégées peuvent entraîner des dommages sévères.
Les risques sont donc essentiellement professionnels et concernent :
- Le personnel de laboratoires utilisant des dispositifs UV de classe III ou IV,
- Les agents d’entretien manipulant des lampes de désinfection non sécurisées,
- Certains techniciens de maintenance industrielle.
Une protection rigoureuse est indispensable dans ces environnements :
- Lunettes filtrantes,
- Écrans opaques,
- Télécommandes à distance,
- Minuteries automatiques…
Toute exposition accidentelle doit être considérée comme un incident à déclaration immédiate.
2. Les Rayonnements Infrarouges (IR)
Les rayonnements infrarouges, bien qu’invisibles à l’œil nu, sont ressentis sous forme de chaleur. Émis à la fois par des sources naturelles comme le soleil et par de nombreux équipements industriels, ils constituent une exposition thermique fréquente dans les milieux professionnels. On les retrouve notamment dans :
- Les fonderies,
- Les verreries,
- Les ateliers de plasturgie,
- Les cuisines industrielles?
- Lors de l’utilisation de lampes chauffantes.
IR-A (700 à 1400 nm) : la pénétration en profondeur
Les IR-A sont les plus énergétiques des infrarouges. Ils pénètrent profondément dans la peau jusqu’à l’hypoderme et sont donc associés à un échauffement progressif des tissus internes. Ce type de rayonnement, très présent autour des métaux chauffés ou des fours industriels, exerce un effet thermique diffus, mais soutenu, pouvant provoquer des lésions invisibles et sérieuses lors d’expositions prolongées.
IR-B et IR-C (au-delà de 1400 nm) : la brûlure en surface
Moins pénétrants que les IR-A, les IR-B et IR-C n’atteignent que les couches superficielles de la peau. Ils sont toutefois à l’origine de brûlures de contact thermique, notamment lorsqu’un travailleur reste exposé trop longtemps à proximité d’un appareil rayonnant (lampe IR, élément chauffant, paroi de four). Leur impact est plus immédiat et localisé, générant un risque de brûlure cutanée sans flamme ni contact direct.
Dans les environnements de production où les sources de chaleur rayonnante sont constantes et intenses, ces rayonnements infrarouges peuvent représenter un danger discret, mais réel, en particulier en l’absence de protections thermiques adaptées.
3. Rayonnement visible à haute intensité
Le rayonnement visible n’est pas toujours perçu comme dangereux, car il correspond à la portion du spectre électromagnétique que l’œil humain peut détecter (environ 400 à 700 nm). Pourtant, à forte intensité, il peut provoquer des lésions oculaires ou cutanées, notamment dans des contextes professionnels où la lumière est concentrée ou amplifiée.
Risques liés à la lumière visible concentrée
Certains métiers exposent les travailleurs à des sources solaires extrêmement puissantes : soudure à l’arc, découpe laser, projecteurs industriels, systèmes d’éclairage de scène ou de studio, etc. Ces sources, même si elles n’émettent pas d’ultraviolets ou d’infrarouges en grande quantité, peuvent provoquer des brûlures superficielles, notamment en cas de proximité ou de durée d’exposition prolongée.
Les conséquences les plus fréquentes sont :
- Des érythèmes cutanés localisés,
- Des lésions oculaires douloureuses comme l’ophtalmie des neiges ou la conjonctivite actinique.
Cas courant : le poste de soudure
Lorsqu’un soudeur ne porte pas une protection faciale adaptée, l’intensité de la lumière de l’arc peut entraîner une brûlure rétinienne (flash) en quelques secondes et provoquer également des rougeurs ou une sensation de brûlure sur la peau exposée du visage. Ce type de blessure est d’autant plus dangereux qu’il s’accumule silencieusement en cas d’expositions répétées ou de protections incomplètes.
4. Rayonnements électromagnétiques artificiels
Dans certains secteurs spécialisés, les travailleurs sont exposés à des rayonnements électromagnétiques artificiels générés par des équipements à usage technique ou sanitaire. Contrairement aux UV solaires ou aux infrarouges industriels classiques, ces rayonnements sont produits par des dispositifs contrôlés, mais peuvent devenir dangereux en cas de mauvaise utilisation ou de défaillance technique.
Des technologies à fort potentiel énergétique
Parmi les équipements concernés, on retrouve :
- Les lasers industriels utilisés pour la découpe, la gravure ou la chirurgie qui concentrent une énergie lumineuse extrême sur une petite surface.
- Les lampes UV de désinfection (notamment en milieu hospitalier, agroalimentaire ou pharmaceutique) qui émettent des UV-C très agressifs pour les tissus vivants.
- Les systèmes à plasma ou à arc électrique, présents dans certaines lignes de production high-tech, qui dégagent à la fois chaleur, rayonnement UV et lumière visible intense.
Risques spécifiques selon l’usage
Ces rayonnements, souvent invisibles à l’œil nu ou émis en milieu fermé, peuvent néanmoins provoquer :
- Des brûlures cutanées profondes, notamment au contact d’un faisceau laser non maîtrisé,
- Des lésions oculaires irréversibles, notamment en cas d’exposition directe ou indirecte aux UV-C,
- Des dégâts cellulaires progressifs si l’exposition est répétée, même à de faibles doses, notamment lors de maintenance ou de contrôle qualité sans protection adaptée.
Des environnements concernés bien identifiés
Les laboratoires de recherche, les industries agroalimentaires, les hôpitaux, ainsi que les unités de fabrication électronique ou pharmaceutique sont les principaux secteurs où ces rayonnements artificiels sont présents.
Synthèse comparative des types de rayonnement
Type de rayonnement | Origine | Risques principaux | Profondeur d’action | Secteurs à risque |
UVB | Soleil | Brûlures cutanées, mutations cellulaires | Épiderme | BTP, agriculture, sport |
UVA | Soleil | Vieillissement prématuré, cancers | Derme | Tous extérieurs |
UVC | UV artificiels | Brûlures graves, lésions oculaires | Épiderme | Hôpitaux, industrie |
IR (infrarouge) | Soleil, machines | Brûlures thermiques, coups de chaleur | Superficiel à profond | Métallurgie, verrerie |
Visible haute intensité | Arc, projecteurs | Brûlures oculaires, rougeurs | Cutané/oculaire | Soudure, spectacle |
EM (plasma, laser) | Industriel | Brûlures profondes, cancers potentiels | Cutané/profond | R&D, électronique |
Exposition aux rayons UV au travail : Mécanismes, risques et situations aggravantes
Dans de nombreuses professions en extérieur, l’exposition aux rayons ultraviolets est quotidienne, souvent prolongée, et trop souvent négligée. Loin de se limiter à un simple coup de soleil, cette exposition cumulative peut provoquer des lésions profondes de la peau, visibles ou non, qui s’aggravent avec le temps.
Exposition directe sans ombrage : un risque omniprésent
Dans de nombreux secteurs, le travail en extérieur implique une exposition directe, prolongée et souvent ininterrompue aux rayons ultraviolets. Cette situation est aggravée par l’absence fréquente de dispositifs d’ombrage naturel ou artificiel. Loin d’être une exception, ce type d’exposition concerne une grande partie des travailleurs manuels ou de terrain, et s’inscrit dans une routine quotidienne qui banalise le risque.
Toitures, terrasses et échafaudages : des hauteurs à fort rayonnement
Les couvreurs, les zingueurs, les charpentiers ou les installateurs solaires travaillent fréquemment à des altitudes où la protection contre le soleil est quasi inexistante. Ces postes surélevés, exposés en plein ciel, ne bénéficient ni de l’ombre des bâtiments ni de la végétation et sont souvent réalisés entre 10 h et 17 h, en plein pic UV. À cela s’ajoute le risque de réverbération sur les matériaux utilisés (tuiles, zinc, panneaux métalliques).
Zones rurales et agricoles : une exposition prolongée et répétée
Dans les champs, les vignes, les vergers ou les plantations forestières, les travailleurs évoluent dans des espaces ouverts où l’ombre naturelle est rare. Que ce soit à pied, sur tracteur ou à dos d’engin, ils passent des heures exposés sans interruption. Le travail saisonnier, souvent concentré en été, coïncide avec les périodes de rayonnement solaire le plus intense.
Chantiers de voirie, BTP et génie civil : une intensité sous-estimée
Les ouvriers de la construction routière, du terrassement ou de l’enrobé travaillent au contact de surfaces claires ou chaudes (béton, bitume, enrobés) qui non seulement réfléchissent les UV, mais augmentent la température ambiante. Cette double exposition, directe et par réverbération, augmente le risque de brûlure même lorsque le ciel est voilé.
Espaces industriels et logistiques sans couverture
Dans les cours d’usines, les plateformes de chargement, les dépôts portuaires ou les zones de fret à l’air libre, les agents de manutention, de logistique ou d’entretien sont exposés sans protection durant des heures. Ces zones sont rarement ombragées et peu adaptées à l’installation d’abris temporaires. L’exposition UV y est donc souvent continue, d’autant plus lorsqu’elle s’accompagne d’un temps d’attente statique.
Une fausse sécurité liée à la température extérieure
Contrairement aux idées reçues, la sensation de chaleur n’est pas proportionnelle au niveau d’UV. Il est donc parfaitement possible de subir une brûlure grave sous un ciel dégagé par 20 ou 22 °C. En réalité, le niveau d’irradiation UV est à son maximum entre 11 h et 16 h, période qui coïncide souvent avec les plages horaires les plus actives dans les secteurs concernés.
Réverbération : un risque discret mais amplificateur
Lorsqu’on évoque les risques d’exposition solaire, l’attention se porte souvent sur les rayons directs, ceux qui frappent la peau à la verticale. Pourtant, une part importante des ultraviolets (UV) peut atteindre le corps par réflexion, en rebondissant sur certaines surfaces claires, métalliques ou liquides. Ce phénomène, appelé réverbération, constitue un facteur aggravant majeur, trop souvent négligé dans les stratégies de prévention.
En milieu professionnel, ce type d’exposition indirecte concerne une multitude de contextes :
- Un chantier de voirie où le béton renvoie une partie des rayons vers les jambes,
- Un quai portuaire où la tôle et l’eau multiplient les points d’incidence,
- Un toit en zinc ou une façade vitrée où le rayonnement se propage latéralement ou par le bas.
La neige fraîche, le sable sec, l’eau calme, mais aussi des surfaces plus banales comme le béton humide, les vitres ou les murs peints en blanc peuvent renvoyer jusqu’à 80 % des UV reçus. Autrement dit, un travailleur peut se croire protégé, par un auvent, une casquette ou un mur, tout en étant exposé à une dose significative d’UV… depuis le sol.
Ce type de réexposition concerne notamment des zones corporelles mal protégées ou oubliées : la nuque, le dessous du menton, les oreilles, les tempes ou encore la base du cou. Ces zones sont souvent insuffisamment couvertes par les EPI classiques ou mal protégées par la crème solaire, appliquée de manière partielle ou négligée. Résultat : des brûlures localisées, douloureuses, parfois sévères et une accumulation invisible d’agressions cutanées à long terme.
La réverbération constitue donc un piège invisible. Contrairement à la chaleur ou à l’éblouissement qui alertent immédiatement, les rayons réfléchis ne provoquent aucune sensation immédiate, mais pénètrent la peau avec la même intensité que les rayons directs. C’est pourquoi la vigilance ne doit pas se limiter à ce qu’on voit ou ressent, mais intégrer une conscience fine des environnements réfléchissants. En prévention, cela implique de revoir l’application de la crème solaire, le choix des vêtements, mais aussi la conception des zones de travail, en tenant compte de la nature du sol, des matériaux environnants et de la géométrie des lieux d’exposition.
Tableau récapitulatif – Surfaces réfléchissantes et intensité UV
Surface | Part des UV réfléchie | Observations terrain |
Neige fraîche | Jusqu’à 80 % | Très forte réflexion, particulièrement dangereuse en altitude ou en milieu montagneux. |
Sable sec | Environ 20 % | Présent sur les plages, chantiers sablonneux ou zones dénudées en été. |
Eau calme | De 10 à 30 % | Plans d’eau, piscines, bassins techniques ou milieux portuaires. |
Béton clair, asphalte humide | Jusqu’à 25 % | Fréquent dans le BTP, les zones logistiques, les cours d’usine ou les trottoirs urbains. |
Tôle métallique, surfaces vitrées, murs peints en blanc | Variable, souvent significatif | Environnements industriels, bâtiments modernes, façades réfléchissantes. |
Zones particulièrement vulnérables
Contrairement aux zones naturellement exposées comme le front ou les avant-bras, les parties du corps en contrebas ou orientées vers le sol sont souvent négligées dans la protection :
- La nuque, rarement couverte sauf avec une casquette adaptée,
- Le menton, exposé par renvoi depuis le sol ou des objets réfléchissants,
- Les oreilles, fréquemment oubliées lors de l’application de crème solaire,
- Les creux du col ou la base du cou, atteints par réflexion latérale ou ascendante.
Altitude : un facteur aggravant souvent sous-estimé
Travailler en altitude n’expose pas seulement aux vents plus frais ou aux efforts physiques accrus : le rayonnement ultraviolet (UV) y est considérablement renforcé. Ce phénomène est bien documenté : à chaque palier de 1 000 mètres, l’intensité des UV augmente en moyenne de 10 à 12 %, du fait d’un amincissement progressif de l’atmosphère qui joue normalement un rôle de filtre protecteur.
Cette amplification rend les travailleurs en hauteur particulièrement vulnérables, qu’il s’agisse d’emplois liés à la montagne (stations de ski, sentiers forestiers en altitude, surveillance de réserves naturelles) ou d’interventions techniques sur pylônes électriques, antennes, infrastructures d’éoliennes ou toitures d’immeubles élevés. Dans ces environnements, la peau est exposée à un rayonnement plus intense, même si les conditions météo peuvent paraître clémentes : un ciel voilé, une température fraîche ou une légère brise ne suffisent pas à indiquer un faible niveau d’UV.
Le danger est d’autant plus insidieux que les signaux d’alerte habituels (sensation de chaleur, rougeurs immédiates) sont parfois absents ou retardés. Résultat : une exposition prolongée sans protection adéquate peut causer des brûlures rapides et accentuer les effets cumulatifs à long terme, notamment en cas d’activités régulières ou saisonnières en altitude.
Dans ces conditions, la protection solaire doit être renforcée. Une évaluation systématique des postes en hauteur et une formation adaptée sont aussi essentielles pour éviter que l’altitude ne devienne un facteur de risque évitable.
Quand l’environnement et la physiologie aggravent le risque
L’exposition aux rayonnements UV ne dépend pas uniquement de l’ensoleillement visible ou de la température ambiante. Certains facteurs extérieurs et personnels amplifient considérablement les effets du rayonnement sur l’organisme.
Une protection naturelle mise à mal
La transpiration excessive, fréquente lors des efforts physiques prolongés ou par forte chaleur, altère le film hydrolipidique protecteur de la peau. Ce phénomène affaiblit la barrière cutanée, ce qui facilite la pénétration des UV et accélère les réactions inflammatoires comme les coups de soleil.
Des vêtements pas toujours protecteurs
L’efficacité des vêtements dépend de leur matière, de leur coupe et de leur état. Un tissu mouillé, par exemple après une pluie ou une transpiration abondante, laisse passer davantage de rayons UV. De même, les textiles fins, usés ou sombres absorbent ou diffusent mal les rayonnements, contrairement aux tissus certifiés UPF (Ultraviolet Protection Factor) qui offrent une réelle barrière anti-UV.
Une organisation de travail inadaptée
L’absence de pauses régulières à l’ombre ou l’absence de rotation des équipes sur les tâches les plus exposées prolonge inutilement l’exposition directe. Dans certaines structures, la pression productive ou les contraintes logistiques empêchent ces ajustements pourtant simples, transformant une exposition modérée en véritable surexposition.
Des sensibilités individuelles accrues
Le phototype, c’est-à-dire la couleur naturelle de la peau, joue un rôle clé dans la tolérance au soleil. Les personnes à la peau claire (phototypes I et II) brûlent plus vite et plus intensément, même lors d’expositions courtes. À cela s’ajoutent des traitements médicaux photosensibilisants : certains antibiotiques, anti-inflammatoires, antifongiques ou traitements pour l’acné augmentent la sensibilité de la peau à la lumière, parfois sans que le travailleur en soit conscient.
Un risque permanent, même sans soleil éclatant
Contrairement à une idée reçue, les nuages n’arrêtent pas les UV : jusqu’à 90 % des rayons peuvent les traverser, surtout dans le cas des nuages fins ou épars. Le vent peut également masquer la sensation de chaleur et inciter à rester exposé plus longtemps sans se rendre compte du danger. Résultat : des brûlures peuvent survenir même en l’absence d’ensoleillement direct.
Prévenir les brulures
Sources
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