Les brulures dans le BTP, l’artisanat et la métallurgie légère

Dans le bâtiment, les métiers de l’artisanat ou les ateliers de métallurgie, la chaleur n’est pas un simple inconfort : c’est un danger concret de brulure. Que ce soit par contact avec des matériaux chauffés, par exposition aux flammes lors de travaux de soudure ou par proximité avec des surfaces brûlantes, les brûlures thermiques font partie des accidents les plus fréquents dans ces environnements, souvent sous-estimées au quotidien.
Les travailleurs sont confrontés à des sources multiples de chaleur dans un cadre souvent mobile, parfois en extérieur où la protection contre les brûlures thermiques est moins systématique et l’organisation moins structurée qu’en industrie lourde.
Origines des brûlures thermiques dans le BTP, l’artisanat et la métallurgie légère
Dans les métiers exposés à la chaleur, les brûlures ne surviennent pas uniquement par accident. Elles sont souvent la conséquence d’un enchevêtrement de facteurs : puissance des machines, nature des matériaux, environnement de travail et conditions climatiques. Comprendre l’origine des brûlures permet d’agir sur les leviers de prévention.
Exposition aux flammes lors de travaux de soudure
Certains outils utilisés quotidiennement dans les secteurs techniques génèrent une chaleur extrême. Leur dangerosité est souvent sous-estimée, car elle fait partie intégrante de la routine.
Les travaux de soudage à l’arc, au chalumeau ou à la flamme nue exposent les opérateurs à des températures pouvant dépasser 3 000 °C. Les éclats de soudure (gouttelettes de métal fondu) peuvent atteindre la peau, les yeux ou traverser des vêtements inadaptés.
Les brûlures ne sont pas seulement dues au contact thermique direct : elles peuvent aussi résulter du rayonnement infrarouge intense, invisible mais dangereux pour les tissus cutanés ou oculaires. Le risque est accru en cas de soudure en hauteur ou dans des angles difficiles où la visibilité et les postures de travail limitent les gestes réflexes de protection.
Poste / Outil | Sources de chaleur | Risques de brûlures | Zones corporelles les plus exposées |
Soudure & chalumeau | Flamme directe (arc électrique, gaz), rayonnement thermique intense | Projections de métal fondu, éclats incandescents, rayonnement UV, chaleur accumulée | Visage, mains, avant-bras, yeux |
Ateliers de chaudronnerie / ferblanterie | Pièces métalliques chauffées à blanc, fours de recuit, bains de trempe | Contact prolongé avec matière chaude, rayonnement constant, gestes techniques répétitifs | Mains, poignets, avant-bras, tronc |
Outils de coupe & de friction | Chaleur par frottement prolongé, surface échauffée | Contact involontaire avec pièces encore brûlantes, projections de copeaux incandescents | Doigts, bras, jambes (en cas de projection), torse bas |
Manipulation d’objets chauffés ou en fusion : des gestes à haut risque
Les ferronniers, les soudeurs, les couvreurs, les étancheurs ou les chaudronniers manipulent quotidiennement des pièces métalliques portées à haute température. Le contact direct avec ces objets chauffés, tuiles bitumées, fers forgés, plaques soudées, pièces mécaniques, peut provoquer des brûlures de 2e ou 3e degré, souvent sur les mains, les bras ou le visage si les protections ne sont pas optimales.
Ces brûlures surviennent fréquemment lors de :
- Une saisie sans pince,
- Un mauvais positionnement d’outil,
- Une perte d’équilibre sur un échafaudage,
- Dans un environnement contraignant ou exigu.
Contact prolongé avec des matériaux à haute température
En atelier ou sur un chantier, de nombreux matériaux conservent une température élevée bien après leur traitement :
- Eléments métalliques fraîchement soudés,
- Plaques de bitume chauffé,
- Structures thermocollées…
Le contact accidentel avec ces surfaces mal identifiées ou mal signalées est une source fréquente de brûlures graves, notamment lors de manutentions ou d’interventions dans des espaces mal éclairés ou encombrés.
Ce type de brûlure est souvent retardé : la température de surface n’est pas toujours perceptible à distance et le contact de quelques secondes suffit à altérer durablement les tissus cutanés.
Selon l’INRS, l’exposition à la chaleur dans ces environnements peut entraîner une baisse de la vigilance et augmenter ainsi le risque d’accidents.s
Conditions thermiques de l’environnement : chaleur ambiante et rayonnement solaire
Au-delà des machines et des produits, l’environnement de travail lui-même peut devenir brûlant, parfois littéralement.
Environnement de travail | Facteurs aggravants | Conséquences principales | Profils particulièrement exposés |
Travail en extérieur | Rayonnement solaire direct, réverbération (zinc, tôle, bitume), chaleur ambiante élevée | Brûlures solaires précoces, inconfort thermique, baisse de vigilance due à la sudation | Couvreurs, étancheurs, charpentiers, monteurs d’échafaudage |
Travail en intérieur | Ateliers mal ventilés, cabines fermées, accumulation de chaleur dans les équipements | Température > 40 °C, fatigue thermique, gestes imprécis, contact accidentel avec surfaces chaudes | Ouvriers en maintenance, métallurgie, peinture, traitement |
Les métiers les plus exposés aux brûlures thermiques dans le BTP, l’artisanat et la métallurgie
Dans ces secteurs et filières, les travailleurs sont exposés à la chaleur non pas de façon marginale, mais comme une composante structurelle de leur activité. Manipulation de matériaux chauffés, exposition à la flamme, usage d’outils thermiques, contact avec des surfaces brûlantes : ces situations font partie du quotidien professionnel et multiplient les risques de brûlure par contact, projection ou rayonnement.
Ces environnements ont une caractéristique commune : la proximité physique entre l’opérateur et la source de chaleur, souvent dans des postures contraignantes, avec une mobilité permanente et un accès limité aux équipements fixes de protection collective.
Bâtiment et Travaux Publics (BTP)
Dans le BTP, les risques thermiques sont particulièrement présents dans les travaux de :
- Couverture,
- Etanchéité,
- Bitumage,
- Découpe thermique,
- Soudure sur site.
Les couvreurs manipulent des rouleaux de membranes bitumineuses chauffés au chalumeau, les étancheurs utilisent des goudrons fondus et les soudeurs de charpentes métalliques travaillent parfois en hauteur, à proximité de flammes nues ou de pièces chauffées.
Les risques sont accrus par les conditions extérieures : chaleur estivale, travail sur toiture, port de vêtements lourds… autant de facteurs aggravants pour les brûlures ou les coups de chaleur.
N’oublions pas non plus les brulures par frottement qui font souvent souffrir : un pantalon mal ajusté, un objet qui râpe le dos …
Élément analysé | Description / Détail |
Sources de brûlure fréquentes | – Projection de goudron ou bitume chaud – Contact avec plaques brûlantes – Outils chauffés (chalumeau, fer à souder) |
Facteurs aggravants | – Travail en hauteur (perte d’équilibre, chute de matière) – Coactivité (interactions entre équipes) – Cadence soutenue – Chaleur ambiante élevée (été, surfaces métalliques exposées) |
Zones du corps exposées | – Jambes – Avant-bras – Mains – Nuque (en cas de projection descendante ou goutte tombée) |
L’enjeu dans ces métiers est autant l’anticipation des risques que la maîtrise gestuelle dans des postures instables, souvent au bord du vide.
Artisanat
Les métiers artisanaux sont particulièrement exposés, notamment dans les domaines de la ferronnerie, de la verrerie, de la céramique ou de la bijouterie, où les opérateurs manipulent des matériaux portés à fusion. La proximité avec les fours, les brûleurs ou les souffleries, combinée à un travail manuel minutieux, laisse peu de place à l’erreur.
Ces ateliers, souvent exigus ou peu mécanisés, sont parfois moins bien ventilés ou moins équipés en protections collectives, ce qui accentue le risque d’exposition directe à la chaleur ou aux projections.
Élément analysé | Description / Détail |
Sources de brûlure fréquentes | – Pièces métalliques sorties de forge – Pinces ou outils conducteurs encore chauds – Retour de flamme lors de soudures – Outils mal refroidis ou posés à nu |
Facteurs aggravants | – Absence de système de refroidissement ou de pause entre manipulations – Oubli des EPI pour les gestes rapides ou répétitifs – Zones de travail étroites limitant les mouvements de repli |
Zones du corps exposées | – Mains – Poignets – Avant-bras – Visage (étincelles, flammes, projections de limaille ou de métal) |
Le danger est d’autant plus présent que la chaleur fait partie du geste artisanal : elle est « attendue », donc souvent banalisée. Un glissement d’outil, un gant mal fixé, une pièce manipulée trop tôt suffisent à provoquer l’incident.
Métallurgie légère
Même en dehors des grandes aciéries, les ateliers de forge, de soudure ou de traitement thermique comportent des risques thermiques récurrents. Que ce soit dans une chaudronnerie artisanale ou dans une PME de transformation métallique, les opérateurs utilisent des fours de recuit, des presses chauffées ou des machines de pliage à chaud.
Dans ces contextes, les brûlures surviennent souvent lors de phases de manutention, de réglage d’équipement ou de retrait de pièces encore chaudes dans un environnement où la vigilance est mise à rude épreuve par le bruit, la cadence ou la fatigue.
Chaque métier technique confronté à la chaleur développe ses propres réflexes… mais aussi ses vulnérabilités. D’un chantier à une forge, d’un atelier à une aciérie, les origines et la gravité des brûlures varient fortement.
Équipements de protection thermique : comment se protéger efficacement sur les chantiers et en atelier ?
Dans les environnements où la chaleur est une composante du geste professionnel, les brûlures thermiques représentent un danger immédiat. La proximité avec la source de chaleur, le travail en extérieur ou la manipulation directe de matériaux chauffés exposent les opérateurs à des risques parfois sévères et parfois évitables.
Pour limiter ces risques, il est indispensable de mettre à disposition et de systématiser le port d’équipements de protection individuelle (EPI) spécifiquement conçus pour résister à la chaleur, aux projections incandescentes et aux surfaces brûlantes.
Vêtements ignifuges : une première barrière contre les brûlures
Les pantalons, les vestes, les combinaisons ou les tabliers ignifuges sont conçus dans des textiles techniques résistants aux flammes et aux fortes températures (tels que les tissus traités Proban®, Nomex®, ou fibres aramides). Ces vêtements sont essentiels pour éviter que les éclaboussures de métal fondu ou les rayonnements thermiques ne traversent les tissus classiques. Ils doivent couvrir les bras, les jambes et parfois le cou selon les situations de travail.
Gants thermiques : pour manipuler sans risque
Les mains sont les premières exposées lors des manipulations d’objets chauds, de matériaux thermocollés ou de pièces métalliques récemment soudées. Les gants thermiques doivent répondre à la norme EN 407 qui garantit leur résistance à la chaleur de contact, aux flammes, aux projections ou à la chaleur convective. Certains modèles incluent une double couche isolante pour des manipulations prolongées.
Protection du visage et de la tête
Cela est assuré grâce aux :
Cagoules ignifuges
Elles protègent le cuir chevelu, la nuque et le cou contre les projections de gouttelettes chaudes, courantes en soudure ou en forge. Elles peuvent être intégrées à un casque ou portées en complément d’un pare-visage.
Visières de soudeur ou pare-visage
Elles sont conçues pour faire écran aux éclats de métal, aux flammes ou aux rayonnements infrarouges. Elles doivent être conformes à la norme EN 166 (protection oculaire) et, si besoin, être complétées par des écrans filtrants adaptés au type de soudure.
Chaussures de sécurité thermorésistantes
Les chaussures portées sur les chantiers ou dans les ateliers de métallurgie doivent posséder des semelles antichaleur, capables de résister à des projections de bitume ou de métal en fusion. Elles sont souvent dotées d’un rabat protecteur anti-intrusion pour empêcher le métal ou les liquides chauds d’entrer par le col.
Tableau récapitulatif – Équipements de protection thermique : BTP, artisanat, métallurgie
Équipement | Fonction | Normes associées / caractéristiques | Secteurs concernés | Exemples de situations d’usage |
Vêtements ignifuges | Protègent le tronc, les bras et les jambes contre les flammes, les projections et la chaleur | Tissus Proban®, Nomex®, fibres aramides / EN ISO 11612 | BTP, soudure, ferronnerie, serrurerie | Travaux d’étanchéité au chalumeau, forge artisanale, découpe thermique |
Gants thermiques / antichaleur | Isolent les mains des surfaces chaudes, flammes et projections | EN 407 – résistance à la chaleur de contact, flamme, etc. | Soudure, métallurgie, couverture | Manipulation de fer forgé, utilisation de chalumeau, soudage en hauteur |
Gants en cuir | Protègent contre la chaleur modérée, les frottements et les coupures | EN 388 – résistance mécanique | BTP, artisanat, mécanique | Remplacement de disque de meuleuse, pose de tôle métallique |
Chaussures de sécurité renforcées | Protègent les pieds contre la chaleur, les chocs et les éclaboussures | EN ISO 20345 / Semelles antichaleur / Coques renforcées | BTP, ferronnerie, couverture | Travaux sur chantier avec bitume chaud, soudure au sol, ateliers métalliques |
Pare-visage / visière de soudeur | Protège le visage contre les projections, rayonnements et éclats | EN 166 / EN 175 – protection faciale | Métallurgie légère, soudure, découpe | Soudure à l’arc, découpe au plasma, meulage en atelier |
Cagoule ignifuge | Protège la tête, le cou et la nuque contre les flammes et projections | Tissu ignifuge, compatible casque | Artisanat, forge, soudure | Utilisation de chalumeau, forge de pièces décoratives, travaux de chaudronnerie |
Tablier de soudeur | Renforce la protection abdominale et des jambes contre les projections | Cuir ignifuge ou tissu traité ignifuge | Soudure, ferronnerie | Découpe de pièces métalliques, soudage de structures en atelier |
Les brulures thermiques
Sources
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