Risque de brulure

Brûlures par frottement au travail : comprendre, prévenir et protéger les salariés des lésions cutanées méconnues

Par Laurent Corbé , le 30 juin 2025 , mis à jour le 10 juillet 2025 - 22 minutes de lecture

Table des matières

Les brûlures par frottement constituent un type de lésion cutanée encore largement méconnu dans les démarches classiques de prévention. Pourtant, elles surviennent régulièrement dans de nombreux contextes professionnels : manutention, travail en position agenouillée prolongée, port de charges lourdes, usage intensif d’équipements ou de vêtements inadaptés. Ces atteintes, provoquées par une friction mécanique entre la peau et une surface rugueuse ou un textile, peuvent aller d’une simple irritation superficielle à une brûlure ouverte, douloureuse et sujette à l’infection.

Souvent négligées parce qu’elles ne semblent pas spectaculaires, ces brûlures ont pourtant un impact direct sur le confort, la mobilité et la capacité de travail des salariés. Elles peuvent aussi favoriser l’apparition de troubles musculo-squelettiques (TMS) ou d’affections cutanées chroniques si elles ne sont pas correctement anticipées et traitées.

Ce guide vise à éclairer les mécanismes spécifiques des brûlures par frottement, à identifier les postes et contextes les plus exposés et à proposer des solutions concrètes, efficaces et adaptées à chaque environnement. L’objectif : intégrer ce risque de brulure au travail dans une démarche globale de prévention et préserver la santé des travailleurs sur le long terme.

Identifier les causes : mieux cibler pour mieux prévenir

Les brûlures par frottement trouvent souvent leur origine dans des situations de travail banales, mais mal maîtrisées. En identifiant les sources concrètes de friction, il devient possible d’adapter les équipements, les gestes et les postures pour éviter que la peau ne soit agressée de façon répétée. Différents facteurs sont en cause, liés à l’environnement, à l’organisation ou à l’habillement.

Vêtements mal ajustés

Un équipement de travail mal adapté peut rapidement devenir une source de gêne et de blessure. Les vêtements trop serrés créent des points de pression tandis que les habits trop amples favorisent les mouvements parasites et les plis, augmentant les frictions sur la peau. Les zones les plus touchées sont souvent les bras, les cuisses, le haut du dos, les aisselles ou le cou où les frottements sont répétés au fil des gestes ou du port de charges.

Lorsque ces frottements sont combinés à des efforts prolongés, à la sueur ou à une chaleur ambiante élevée, le risque de brûlure s’accentue : rougeurs, échauffements cutanés, cloques superficielles ou abrasions localisées peuvent apparaître, compromettant la mobilité du salarié et sa capacité à poursuivre son activité normalement.

Un vêtement non adapté peut également se coincer dans une machine ou s’user prématurément à certains points de contact, générant une friction supplémentaire contre des éléments rigides ou métalliques, aggravant encore les effets mécaniques sur la peau.

Glissement de la peau sur une surface dure

Dans de nombreuses activités physiques ou techniques, le corps prend appui sur des surfaces dures : sol, établi, bord de machine, structure métallique. Lorsqu’un même point de contact est sollicité de manière répétée, par exemple les genoux lors d’un travail au sol, les coudes sur un établi ou les avant-bras pendant un maintien prolongé, la peau peut glisser de façon imperceptible et continue contre la surface.

Ce glissement, même lent, génère une friction capable d’endommager l’épiderme. Si la surface est rugueuse ou mal entretenue (bois brut, métal oxydé, béton granuleux), le risque est d’autant plus élevé. À la longue, la peau chauffe, rougit, s’épaissit parfois, puis peut s’ouvrir en petites plaies ou cloques superficielles. Ces lésions, souvent localisées sur des zones d’appui, deviennent particulièrement douloureuses lorsqu’elles entravent la posture ou les gestes de base.

Dans certains contextes, ces brûlures sont fréquentes, mais souvent négligées, car elles ne saignent pas ou ne semblent pas graves dans l’immédiat. Pourtant, leur répétition sans traitement ou sans adaptation des conditions de travail peut entraîner une inflammation persistante, voire une surinfection en cas de contamination.

Matériau non adapté

Certains matériaux utilisés dans les vêtements de travail, les gants ou les accessoires de protection peuvent paradoxalement aggraver les risques de brûlures par frottement. Lorsqu’ils ne sont pas adaptés à l’activité, trop rigides, trop rugueux, ou au contraire trop adhérents, ils augmentent la friction entre la peau et l’équipement ou l’environnement immédiat.

Par exemple, des gants mal doublés ou en textile synthétique non respirant peuvent provoquer une accumulation de chaleur et un frottement constant sur les doigts et les paumes. De même, un pantalon en toile grossière ou qui n’est pas stretch peut irriter les cuisses ou les genoux à chaque mouvement. Le contact direct entre la peau et un matériau abrasif ou mal entretenu (gants usés, doublures effilochées, coutures saillantes) peut ainsi entraîner des microtraumatismes répétés.

Ces frottements silencieux génèrent une chaleur localisée qui n’est pas immédiatement perçue, mais finit par engendrer rougeurs, sensation de brûlure ou même décollement cutané.

Typologie des brûlures par frottement

Les brûlures par frottement ne se manifestent pas toutes de la même manière. Leur forme, leur gravité et leur évolution dépendent de certains facteurs : intensité du contact, durée de la friction, zone corporelle touchée, type de matériau en contact et état de la peau.

Brûlures superficielles

Ces brûlures touchent uniquement la couche supérieure de la peau (épiderme). Elles se caractérisent par une rougeur, une sensation de chaleur, parfois un léger gonflement ou une douleur diffuse. Elles surviennent généralement après un frottement modéré, mais prolongé, comme lors du port d’un harnais mal ajusté ou de mouvements répétitifs contre un tissu abrasif.

Brûlures avec cloques

Lorsque le frottement est intense ou localisé sur une zone fragile, il peut entraîner la formation de cloques. Celles-ci apparaissent suite à une séparation entre l’épiderme et le derme, avec accumulation de liquide. Ce type de lésion, plus douloureux, nécessite une prise en charge immédiate pour éviter l’infection, notamment si la cloque se rompt.

Lésions à vif ou abrasions profondes

Dans les cas les plus sévères, la brûlure par frottement peut dépasser la simple irritation pour provoquer une abrasion profonde, avec atteinte visible du derme. Ces blessures surviennent souvent sur les genoux, les coudes ou les hanches, lors de chutes ou de contacts prolongés avec des revêtements rugueux (sol bétonné, métal strié, bandes transporteuses). Elles laissent la peau à vif, douloureuse, sujette aux saignements et aux infections.

Lésions chroniques par micro-frottements

Certaines professions exposent à des frottements discrets, mais répétés sur les mêmes zones. À la longue, cela peut entraîner un épaississement de la peau, des irritations permanentes, voire une hyperpigmentation. Ces lésions chroniques sont souvent négligées, car moins spectaculaires, mais elles altèrent durablement le confort et la mobilité du travailleur.

Zones corporelles les plus exposées

Toutes les parties du corps ne sont pas exposées de manière équivalente aux brûlures par frottement. Certaines zones, du fait de leur anatomie, de leur usage fonctionnel ou de leur contact régulier avec des équipements ou des surfaces, sont particulièrement vulnérables.

Intérieur des cuisses et entrejambe

Chez les travailleurs en mouvement constant comme les agents de nettoyage, les livreurs ou les techniciens itinérants, l’intérieur des cuisses est une zone critique. Le contact répété avec des vêtements mal ajustés, surtout en cas de transpiration ou de tenue humide, peut provoquer des irritations importantes, allant jusqu’à des brûlures superficielles ou des macérations.

Aisselles et plis du coude

Ces zones, constamment sollicitées lors des gestes professionnels, sont fréquemment sujettes aux frottements internes (peau contre peau) ou contre les coutures des vêtements. La transpiration accentue l’irritation et augmente le risque de formation de plaies, surtout dans les vêtements en fibres synthétiques ou mal ventilés.

Genoux, coudes et hanches

Lors des interventions au sol, d’agenouillements fréquents ou de positions inconfortables, ces zones supportent directement le poids du corps. Sur des surfaces rugueuses ou dures, elles sont les premières à présenter des abrasions, notamment chez les maçons, plombiers, mécaniciens ou techniciens de maintenance.

Reins, omoplates et bas du dos

Le port d’harnais, de ceintures à outils ou de sacs dorsaux peut entraîner des frottements continus dans ces régions, en particulier si le matériel est mal ajusté ou porté trop longtemps. Ces zones, souvent négligées, peuvent développer des lésions chroniques douloureuses, parfois invisibles sous les vêtements de travail.

Cou et nuque

Les vêtements mal taillés, les casques non rembourrés ou les sangles mal positionnées entraînent des frottements au niveau du cou. Ces lésions, bien que localisées, peuvent provoquer une gêne importante, des rougeurs et des démangeaisons prolongées, notamment par temps chaud.

Les facteurs aggravants de ces abrasions cutanées

Même en l’absence de conditions extrêmes, certains éléments contextuels ou personnels peuvent considérablement accentuer la gravité ou la fréquence des brûlures par frottement.

Transpiration excessive

La sueur, loin de protéger, agit comme un catalyseur des frottements. Elle ramollit l’épiderme, favorise la macération et augmente l’adhérence entre la peau et le tissu. Résultat : des rougeurs, des brûlures, voire des infections locales sur les zones couvertes, notamment dans les environnements chauds ou humides (cuisines, chantiers d’été, blanchisseries industrielles).

Répétition des mouvements

Certaines tâches impliquent des gestes répétitifs qui créent une friction localisée : lever, porter, se pencher, marcher, s’agenouiller… C’est cette répétition, souvent banalisée qui transforme un inconfort temporaire en véritable blessure. Plus la fréquence est élevée, plus la récupération cutanée devient difficile.

Température et humidité ambiantes

Dans les environnements chauds, la peau devient moite, plus souple et donc plus sensible aux frictions. Dans le froid, elle se dessèche, se fissure plus facilement et perd de sa capacité à résister aux agressions mécaniques. Ces extrêmes accentuent la vulnérabilité, en modifiant la structure même du film hydrolipidique cutané.

Conditions de santé ou traitements médicaux

Certains travailleurs présentent une peau naturellement plus sensible (eczéma, psoriasis), suivent des traitements dermatologiques ou médicaux qui la rendent plus vulnérable (corticoïdes, traitements anti-acné, radiothérapie, etc.). Dans ces cas, une friction minimale suffit à causer des lésions sévères.

Les postes de travail particulièrement exposés

Certaines professions sont plus exposées que d’autres aux brûlures par frottement en raison de leurs conditions de travail ou de la nature des gestes effectués. Ils se distinguent souvent par la répétition des mouvements, le contact prolongé avec des matériaux rugueux ou l’exposition à des environnements contraignants.

Métiers de la maintenance et de la mécanique

Les agents de maintenance, les mécaniciens ou les monteurs travaillent fréquemment dans des positions inconfortables ou sur des surfaces métalliques, souvent en appui sur les genoux, les coudes ou les avant-bras. Le contact répété avec les pièces, le sol ou les outils peut entraîner des échauffements cutanés, en particulier en cas d’absence de protections renforcées.

BTP, second œuvre et travaux au sol

Les carreleurs, les électriciens de chantier, les plombiers ou les couvreurs sont particulièrement exposés lorsqu’ils travaillent à genoux, accroupis ou en appui prolongé sur des échafaudages ou du béton brut. Les zones sensibles comme les rotules, les coudes ou les flancs sont les premières touchées.

Logistique, tri et préparation de commandes

Les préparateurs de commandes, les agents de quai, les manutentionnaires ou les caristes manipulent des colis, tirent ou poussent des charges et effectuent des mouvements répétitifs qui créent des frottements sur les mains, les poignets ou les avant-bras. Le port de gants inadaptés ou l’absence de revêtements ergonomiques accentuent les risques.

Agriculture et espaces verts

Les ouvriers agricoles ou les agents d’entretien paysager sont confrontés à des tâches manuelles répétées dans des environnements abrasifs (terre, outils métalliques, végétation dense). L’humidité, la transpiration ou les vêtements usés aggravent les frottements, notamment au niveau des cuisses, des chevilles ou du cou.

Restauration, cuisine, métiers du nettoyage

Dans les environnements chauds et humides, les frottements sont amplifiés par la transpiration. Les zones sensibles incluent les plis cutanés, les zones de contact avec les tabliers, les poignets ou l’arrière des genoux. Le nettoyage intensif ou les gestes rapides accentuent encore les risques d’irritation.

Tableau récapitulatif – Typologie des brûlures par frottement au travail

Type de brûlureCauses principalesPostes concernésFacteurs aggravants
Rougeurs / Irritations superficiellesFrottement léger mais répété (vêtements, outils)Manutentionnaires, magasiniers, agents de propretéVêtements serrés ou humides, chaleur, transpiration abondante
Cloques / Échauffements cutanésContact répété avec surface dure ou abrasiveAgents de maintenance, monteurs, ouvriers du bâtimentPression prolongée, mouvements mal adaptés, absence de protection spécifique
Plaies de friction ouvertesFrottement sur peau humide ou déjà irritéeAgents logistiques, travailleurs agricoles, personnel de cuisineVêtements inadaptés, absence de pauses, matériaux abrasifs
Brûlures localisées sur articulationsAccroupissements fréquents, appui répété sur genoux ou coudesPlombiers, carreleurs, installateurs, techniciens de câblageSol rugueux, posture prolongée, absence de renfort textile
Lésions chroniques / kératosesMicrotraumatismes répétés sur les mêmes zonesTravailleurs postés, métiers physiques répétitifs (emballage, tri, montage)Absence de rotation des tâches, négligence des premiers signes, inadéquation des EPI

Mesures de prévention des brûlures par frottement

Avant même d’aborder l’organisation du travail ou la formation, le choix des protections physiques joue un rôle clé pour limiter les frottements répétitifs responsables de brûlures cutanées.

Adapter l’équipement pour limiter la friction

Le vêtement de travail est souvent le premier contact entre la peau et l’environnement. Un équipement mal conçu peut devenir une source directe de frottement et provoquer des brûlures. Adapter ses vêtements aux contraintes du poste est donc une priorité pour prévenir les lésions cutanées.

Choix de vêtements adaptés

Les vêtements de travail ne doivent pas seulement répondre à une logique d’uniforme ou de présentation. Ils sont une première barrière contre les agressions mécaniques, notamment les brûlures par frottement. Un équipement mal ajusté ou mal conçu devient rapidement une source de blessures, surtout dans les métiers physiques ou techniques.

Ajustement et matière : deux critères décisifs

Le confort ne suffit pas. Un vêtement de travail trop large peut flotter sur la peau et créer des zones de friction en mouvement. À l’inverse, une tenue trop moulante peut comprimer certaines zones sensibles et provoquer des échauffements rapides. L’idéal est une coupe ergonomique, ni serrée ni flottante, capable d’épouser les mouvements sans entraver la mobilité.

Le choix de la matière est tout aussi crucial. Les tissus techniques, respirants et à séchage rapide permettent de limiter l’humidité qui amplifie les irritations. Des tissus comme

  • Les mélanges coton/polyester,
  • Le Coolmax®,
  • Certains tricots anti-frottement.

Ils doivent également présenter une bonne résistance à l’abrasion, tout en étant suffisamment souples pour s’adapter aux changements de posture.

Zones à risque : une protection localisée

Toutes les zones du corps ne sont pas exposées de la même manière. Les coudes, les genoux, les poignets, la nuque ou les cuisses sont particulièrement vulnérables dans les métiers de terrain. Pour prévenir les frottements récurrents sur ces parties, il est recommandé d’intégrer directement des renforts textiles :

  • Genouillères matelassées,
  • Manchons anti-frottement,
  • Coudières souples,
  • Doublures absorbantes.

Ces dispositifs doivent être pensés pour l’usage quotidien : lavables, discrets, légers et faciles à positionner sans ajout d’encombrement. Ils permettent de limiter efficacement la pression sur la peau et les microtraumatismes répétés, sans nuire à la fluidité du geste.

Matériaux de protection ergonomiques

Quand le poste de travail impose des gestes répétitifs ou des appuis prolongés, la nature des matériaux en contact avec la peau devient déterminante. Des protections bien pensées, au niveau des mains, des plans de travail ou des surfaces d’appui, permettent de limiter l’usure cutanée et d’éviter les brûlures superficielles.

Gants adaptés : confort, maintien et prévention des irritations

Les mains sont souvent les premières touchées par les frottements dans les environnements industriels, logistiques ou techniques. Des gants mal taillés, avec des coutures saillantes ou des matières abrasives, peuvent provoquer des rougeurs, des cloques, voire des dermatoses.

Il est donc crucial de choisir des gants :

  • Bien ajustés à la main, sans excès de tissu ni compression,
  • Dotés de coutures plates ou renforcées, pour éviter les points de friction,
  • Fabriqués dans une matière souple et respirante, assurant une bonne préhension sans échauffement.

Certains modèles ergonomiques offrent également une double protection : absorption des chocs mécaniques légers et limitation des échauffements grâce à des inserts en gel ou en mousse technique au niveau des paumes ou des phalanges.

Coussins, tapis et protections sur les zones de contact

Dans les ateliers, les cuisines professionnelles, les chaînes de production ou les postes de tri, de nombreuses surfaces rigides sont en contact fréquent avec le corps : plans de travail, bordures de machine, rambardes, sols.

Pour limiter l’impact des frottements prolongés :

  • Des tapis anti-fatigue, en mousse dense ou en caoutchouc structuré, peuvent être installés aux postes de travail debout pour éviter l’échauffement sous les pieds et les mollets,
  • Des bandes amortissantes ou des pare-chocs en mousse peuvent être fixés sur les bords des machines pour protéger les bras, les hanches ou les jambes lors d’appuis répétés,
  • Des revêtements souples sur les accoudoirs, genouillères fixes ou protections de poignets peuvent éviter les points de pression douloureux.

Ces matériaux doivent être résistants à l’usure, antidérapants et faciles à nettoyer, afin de s’intégrer durablement dans un environnement exigeant sans perdre en efficacité.

Formation et sensibilisation des travailleurs

Prévenir les brûlures par frottement passe d’abord par la connaissance des risques, l’adoption de bons réflexes et une capacité à détecter les premiers signes de lésion. Une formation ciblée et un suivi régulier permettent de renforcer la sécurité au quotidien.

Sensibiliser les travailleurs aux bons réflexes

Des modules de formation dédiés à la prévention des frottements permettent de rappeler l’importance de :

  • Adopter des postures de travail ergonomiques,
  • Porter les équipements de protection adaptés,
  • Ajuster correctement ses vêtements pour éviter les points de pression.

Les salariés doivent également apprendre à écouter leur corps : rougeurs localisées, sensation de brûlure ou zones douloureuses sous un EPI sont des signaux à ne pas négliger. Une auto-surveillance régulière est essentielle pour agir avant qu’une irritation ne s’aggrave.

Suivi de l’état de santé

Dans les milieux soumis à des gestes répétitifs ou des postures contraignantes, des bilans de santé préventifs peuvent permettre de détecter des lésions cutanées à un stade précoce. Ces suivis, réalisés par la médecine du travail, doivent être réguliers dans les secteurs à haut risque.

En cas d’apparition de symptômes (brûlure, plaie, infection), une prise en charge immédiate est cruciale : désinfection, pansement, mise au repos de la zone touchée… L’objectif est d’éviter l’aggravation de la blessure et une éventuelle désinsertion professionnelle.

Repenser l’organisation pour réduire les contraintes

Limiter les brûlures par frottement, ce n’est pas seulement une question d’équipement : c’est aussi une affaire de rythme, d’aménagement des espaces et de diversification des tâches. Revoir l’organisation du travail permet de réduire durablement les sollicitations à l’origine de ces lésions.

Réduction des gestes à risque

Certaines opérations impliquent des contacts prolongés avec des matériaux abrasifs ou des gestes mécaniquement répétitifs. Pour limiter leur impact, il est recommandé de :

  • Alterner les postes de travail, afin d’éviter la répétition prolongée d’un même mouvement,
  • Programmer des pauses régulières qui permettent à la peau de se reposer et de limiter l’échauffement des zones sensibles,
  • Veiller à répartir les efforts physiques sur différents groupes musculaires au cours de la journée.

Cette rotation contribue à prévenir l’usure cutanée chronique et améliore aussi le confort général du salarié.

Ergonomie et environnement

Un environnement de travail mal adapté multiplie les risques de friction. L’ergonomie du poste doit donc être repensée avec soin :

  • Ajustement de la hauteur des plans de travail pour éviter les appuis prolongés,
  • Positionnement stratégique des outils pour réduire les mouvements inutiles,
  • Ajout de revêtements souples ou de protections localisées (mousses, gaines, poignées ergonomiques) sur les zones de contact fréquent.

Ces aménagements limitent les pressions continues, réduisent les efforts inutiles et préviennent efficacement les brûlures superficielles causées par le frottement.

Réponse en cas d’accident : gestion des brûlures par frottement

Même avec des mesures de prévention rigoureuses, les brûlures par frottement peuvent survenir. La prise en charge immédiate est cruciale pour soulager la douleur, limiter l’aggravation des lésions et éviter toute infection secondaire. Elle repose sur deux temps : les gestes de premiers secours, puis l’évaluation et le suivi médical adapté.

Premiers secours : apaiser et protéger

Lorsqu’une brûlure par frottement est identifiée, la première action consiste à stopper l’agression thermique et à refroidir la zone touchée. Il faut appliquer doucement de l’eau tiède (jamais froide ou glacée) pendant 10 à 15 minutes. Ce geste permet d’abaisser la température cutanée, de calmer la douleur et de réduire la profondeur de la lésion.

Une fois la zone refroidie, elle doit être protégée. L’application d’un pansement stérile non adhésif, type interface grasse ou pansement hydrogel, est recommandée pour limiter les frottements supplémentaires et prévenir les risques d’infection. Il ne faut surtout pas percer les éventuelles cloques, ni appliquer de produits non médicaux (beurre, dentifrice, alcool).

Suivi médical : évaluer, traiter, surveiller

Si la brûlure couvre une surface importante, est particulièrement douloureuse, s’accompagne de cloques ou montre des signes d’infection (rougeur persistante, suintement, fièvre), une consultation médicale s’impose. Le professionnel de santé pourra évaluer l’étendue des lésions, prescrire des soins locaux adaptés (pansements cicatrisants, antibiotiques si besoin), et recommander un arrêt de l’exposition de la zone concernée.

Un suivi est parfois nécessaire, notamment dans les cas où la brûlure touche une articulation, une zone à forte mobilisation (mains, pieds), ou si la personne présente des antécédents cutanés (eczéma, cicatrisation difficile, etc.). Dans le cadre professionnel, un signalement dans le registre des accidents bénins ou une déclaration en accident du travail peut être exigée.

Une approche globale pour une protection durable

Souvent perçues comme bénignes ou secondaires, les brûlures par frottement n’en restent pas moins des lésions professionnelles réelles, parfois invalidantes, notamment lorsqu’elles sont répétées ou mal prises en charge. Elles trouvent leur origine dans une combinaison de facteurs :

  • Tenues de travail inadaptées,
  • Tâches répétitives,
  • Aménagements non ergonomiques?
  • Absence de sensibilisation.

Face à ces risques, une démarche de prévention intégrée est indispensable. Elle doit reposer sur trois piliers complémentaires :

  • L’anticipation technique en choisissant des équipements de protection et en aménageant intelligemment les postes de travail,
  • La formation et la responsabilisation des équipes,
  • Le suivi médical et organisationnel, afin de détecter, de traiter et d’ajuster les protocoles dès les premiers signaux d’alerte.

La prévention des brûlures par frottement ne relève pas d’une solution unique, mais d’une collaboration active entre employeurs, préventeurs et salariés. En créant un environnement professionnel mieux conçu, mieux protégé et mieux informé, on réduit non seulement les blessures, mais on améliore durablement la qualité de vie au travail.

Prévenir les brulures

Sources

Laurent Corbé

Laurent Corbé est expert en risques professionnels. Il est le fondateur d'Abisco.fr, un site leader dans la commercialisation d'Equipements de Protection Individuelle

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