Risque de brulure

Les brulures dans l’industrie lourde et les fonderies

Par Laurent Corbé , le 8 juillet 2025 , mis à jour le 10 juillet 2025 - 10 minutes de lecture

Dans les environnements industriels tels que les fonderies et les aciéries, les travailleurs sont exposés à des températures extrêmes, notamment lors de la manipulation de métaux en fusion. Ces conditions de travail présentent des risques significatifs de brûlures thermiques, de stress thermique et d’autres dangers associés.​

Quels sont les dangers liés à la chaleur dans l’industrie métallurgique et les fonderies ?

Dans les environnements industriels où on travaille le métal, que ce soit en fonderie, en aciérie ou dans la métallurgie lourde, les risques liés à la chaleur sont omniprésents. La combinaison de températures extrêmes, de matériaux incandescents et de conditions ambiantes hostiles en fait l’un des milieux les plus exposés aux brûlures thermiques graves. Ces risques ne se limitent pas à un contact direct avec la matière en fusion : ils peuvent aussi découler de l’environnement de travail lui-même.

Contact direct avec le métal en fusion

La manipulation de métal fondu, que ce soit lors de la coulée, du moulage ou du traitement thermique, expose les opérateurs à des températures pouvant dépasser les 1 500 °C. Un simple contact accidentel, même bref, peut provoquer des brûlures du troisième degré. Ces incidents surviennent notamment lors de gestes imprécis, d’équipements mal positionnés ou d’une perte d’attention momentanée.

Projections et éclaboussures de métal liquide

Les phases de transport ou de transfert du métal en fusion sont particulièrement critiques. Lors d’un coulage dans un moule ou d’une opération de vidange, le moindre choc ou déséquilibre peut générer des projections brûlantes, atteignant les bras, le torse ou le visage du travailleur. Ces éclaboussures, en plus d’être thermiquement agressives, peuvent traverser certains vêtements s’ils ne sont pas normés pour ce type de risque.

Surfaces brûlantes dans l’environnement immédiat

Au-delà du métal lui-même, de nombreux équipements et outils utilisés dans ces secteurs (cuves, creusets, pinces, moules, rails de transfert) conservent une chaleur intense pendant plusieurs dizaines de minutes, voire des heures. Le contact involontaire avec l’un de ces éléments, poignée de bac, pièce mal stockée, surface non signalée, peut causer des brûlures sévères, même si la température perçue semble modérée à distance.

Chaleur ambiante et stress thermique

Enfin, il ne faut pas négliger le stress thermique global imposé par l’environnement. Les ateliers de fusion sont souvent mal ventilés avec une température ambiante pouvant dépasser les 40 à 50 °C. Cette chaleur constante peut provoquer une déshydratation rapide, des coups de chaleur, une baisse de la concentration et donc augmenter le risque d’accident secondaire (faux mouvement, retard de réaction, mauvaise appréciation des distances ou des températures).

D’après l’INRS, cette dégradation progressive de la vigilance est un facteur aggravant majeur dans les environnements à forte contrainte thermique. Une simple baisse d’attention de quelques secondes, combinée à une fatigue physique ou une chaleur excessive peut suffire à provoquer un accident.

Les secteurs les plus exposés aux risques de brûlures thermiques

Ces brûlures ne touchent pas uniquement les métiers du feu au sens figuré. Elles sont une réalité quotidienne dans bon nombre de filières industrielles où la manipulation du métal à haute température, la fusion d’alliages ou encore le traitement thermique font partie intégrante des procédés de production. Ces secteurs combinent une forte intensité calorifique, des gestes techniques précis et des conditions de travail physiquement exigeantes, ce qui en fait des zones à risque élevé pour les brûlures graves.

Fonderies : au cœur de la transformation du métal en fusion

Les fonderies sont les premiers environnements concernés. On y coule des métaux liquides dans des moules pour obtenir des pièces brutes destinées à

  • L’automobile,
  • L’aéronautique,
  • Le bâtiment,
  • L’industrie lourde.

Les températures de coulée varient selon les alliages, allant de 660 °C pour l’aluminium à 1 500 °C pour l’acier. Les ouvriers de fonderie sont exposés à ces températures de manière directe et répétée : lors du remplissage des moules, du contrôle de la température, de la vidange des poches ou encore du démoulage des pièces encore incandescentes.

Métallurgie et sidérurgie : le travail du métal à haute température

Les industries métallurgiques et sidérurgiques travaillent le métal à différentes étapes de sa transformation :

  • Laminage,
  • Forge,
  • Traitement thermique,
  • Trempe,
  • Recuit,
  • Galvanisation…

Ces processus nécessitent l’usage de fours industriels, de presses chauffantes ou de bains fondus, tous générateurs de chaleur intense. Les opérateurs y manipulent des pièces métalliques à l’état rougeoyant, parfois à la main ou avec des outils thermoconducteurs, ce qui accroît considérablement le risque de brûlure par contact ou rayonnement.

Dans ces environnements, la proximité avec des fours ouverts, des convoyeurs chauffés ou des cuves de métal liquide est permanente. La vigilance, la protection et l’organisation des postes sont donc des éléments vitaux pour prévenir les incidents graves.

Quels équipements de protection pour prévenir les brûlures thermiques dans l’industrie du métal ?

Dans les environnements industriels exposés à des températures extrêmes, la prévention des brûlures ne repose pas uniquement sur la prudence individuelle. La mise à disposition d’équipements de protection individuelle (EPI) conformes aux normes, leur bon usage et leur intégration dans les pratiques quotidiennes sont des leviers essentiels pour réduire les accidents liés à la chaleur.

Les brûlures causées par le métal en fusion, les surfaces brûlantes ou les projections ne laissent aucune marge d’erreur. Chaque poste de travail doit donc être pensé comme un dispositif de protection à part entière incluant les bons gestes, les bons équipements et les bonnes conditions d’utilisation.

Les équipements de protection individuelle

Parmi les EPI thermiques recommandés dans les fonderies, les aciéries et les ateliers de métallurgie, plusieurs éléments sont incontournables :

Les vêtements ignifuges spécialisés

Composés de fibres résistantes aux flammes (comme le Kevlar®, le Proban® ou les tissus aluminisés), ils permettent de protéger le torse, les bras et les jambes contre les projections de métal et la chaleur rayonnante. Il s’agit de vestes, des pantalons, des combinaisons intégrales ou des tabliers de soudeur adaptés aux hautes températures.

Les gants thermiques

Ils doivent répondre à la norme EN 407 pour garantir leur résistance à la chaleur de contact, à la flamme et aux éclats. Certains modèles sont doublés pour améliorer l’isolation tout en conservant une bonne dextérité pour manipuler des outils ou des pièces chaudes.

Les cagoules ignifuges

Dans le milieu de la fonderie ou lors d’opérations de soudure, elles protègent la tête, le cou et parfois les épaules contre les projections incandescentes. Elles peuvent être associées à des visières ou des écrans faciaux.

Les chaussures de sécurité renforcées

En plus de leur coque antichoc et de leurs semelles antidérapantes, elles doivent offrir une résistance thermique élevée, notamment face aux éclats de métal en fusion. Certains modèles spécifiques disposent d’un rabat protecteur anti-intrusion.

Les pare-visages ou visières de soudeur

Ils offrent une protection contre les projections de métal liquide, les étincelles ou la chaleur intense par rayonnement. Ils doivent être utilisés dès que le visage est exposé à proximité d’un four ouvert ou lors du coulage.

Tableau récapitulatif : Équipements de protection thermique – Industrie métallurgique

ÉquipementDescriptionSecteurs concernésExemples de situation
Vêtements ignifugesFibres anti-feu (Kevlar®, Proban®, aluminisés). Protègent torse, jambes.Fonderie, aciérie, métallurgieCoulée de métal en fusion, travail à proximité de four
Gants thermiques (EN 407)Résistants à la chaleur de contact, flammes, éclats. Bonne dextérité.Soudure, moulage, traitement thermiqueManipulation de pièces chaudes ou de creusets métalliques
Cagoules ignifugesProtègent tête, nuque et épaules des projections. À combiner avec visière.Fonderie, soudure, forgeSoudeur intervenant sur pièces inclinées, métal en fusion
Chaussures de sécuritéCoque antichoc, semelle antidérapante et thermorésistante.Travaux à chaud, fonderieOpérateur sur plateforme de vidange ou de coulée de métal
Pare-visage / visièreBouclier facial contre projections et chaleur rayonnante.Coulée, laminage, soudureIntervention près d’un four ouvert ou d’un four de traitement thermique
Tablier de soudeurProtège le tronc et les jambes contre éclats de métal ou d’étincelles.Métallurgie, maintenance thermiqueTravail en position assise sur moules chauffés ou en coulage

Comment organiser le travail pour limiter les brûlures thermiques en milieu industriel ?

Dans les industries métallurgiques, la prévention ne repose pas uniquement sur le port des EPI. Elle implique une organisation du travail rigoureuse, intégrée à tous les niveaux de l’entreprise. C’est en agissant sur l’environnement, les comportements et les procédures qu’on peut réduire durablement les risques liés à la chaleur.

Une mauvaise organisation peut transformer une simple inattention en accident grave : poste mal ventilé, chemin d’accès encombré, outil laissé au mauvais endroit, absence de procédure claire… Autant de facteurs qui, combinés à une température ambiante déjà élevée, créent un contexte propice aux brûlures sévères.

Formation et sensibilisation des travailleurs

La première ligne de défense reste la connaissance du risque. Chaque salarié exposé à la chaleur, qu’il s’agisse de manipulateurs de fours, d’agents de maintenance ou de conducteurs d’installation, doit être formé à :

  • Identifier les sources de chaleur directe et indirecte,
  • Reconnaître les signes de surchauffe corporelle ou de danger thermique,
  • Maîtriser l’utilisation des EPI thermiques (choix, ajustement, entretien).

La formation ne doit pas être ponctuelle, mais pensée sur la continuité avec des rappels réguliers, des mises en situation et des retours d’expérience partagés après incident ou “presque accident”.

Aménagement des postes de travail

Un environnement bien conçu permet d’anticiper les comportements à risque. Cela passe par :

  • L’installation de barrières physiques ou pare-chaleur autour des fours, des zones de coulée ou des équipements en chauffe,
  • Une ventilation ciblée (extraction des fumées chaudes, renouvellement de l’air),
  • La création de zones de récupération climatisées ou ombragées pour limiter le stress thermique,
  • La signalisation claire des surfaces brûlantes ou des conduits en chauffe.

Ces aménagements doivent être pensés dès la conception des lignes de production et adaptés en fonction du retour terrain des opérateurs.

Procédures de sécurité : un cadre clair pour chaque tâche à risque

Dans un environnement à haute température, l’improvisation est l’ennemie de la sécurité. Chaque opération sensible, vidange de four, changement de creuset, maintenance à chaud, nettoyage de cuves thermiques, doit faire l’objet d’un protocole précis, validé et communiqué à tous les intervenants. Cela inclut :

  • L’identification des points chauds,
  • La séquence d’actions à réaliser,
  • Les équipements à porter,
  • Les seuils d’alerte ou de coupure.

Des briefings de sécurité en début de poste ou avant intervention à risque sont également essentiels pour rappeler les gestes critiques.

Les brulures thermiques

Sources

Laurent Corbé

Laurent Corbé est expert en risques professionnels. Il est le fondateur d'Abisco.fr, un site leader dans la commercialisation d'Equipements de Protection Individuelle

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