Pourquoi les chutes de plain-pied sont-elles un danger majeur au travail ?

Les chutes de plain-pied figurent parmi les principales causes d’accidents du travail. Elles concernent tous les secteurs, tous les postes, et peuvent survenir à tout moment : en marchant, en glissant, en trébuchant. Selon l’Assurance Maladie (2023), elles représentent 13 % des accidents du travail et sont à l’origine de plus de 99 000 arrêts de travail de plus de quatre jours chaque année.
À la différence d’autres accidents du travail plus spectaculaires, ces chutes ne requièrent ni hauteur, ni équipement particulier. Une simple maladresse ou une irrégularité du sol suffit. C’est précisément cette simplicité apparente qui en fait un danger si courant et difficile à éradiquer.
Souvent perçues comme anodines, elles peuvent pourtant entraîner des blessures graves, des arrêts prolongés et désorganiser l’activité. Pour les prévenir efficacement, il faut en comprendre les causes et mettre en place des solutions concrètes, à la fois techniques, humaines et organisationnelles.
Comment prévenir les chutes au travail ? Dans cet article, le focus est mis sur les chutes de plain-pied qui nécessitent des actions spécifiques. Cette approche complète les autres volets de prévention, notamment les chutes de hauteur et les risques mécaniques, chimiques ou électriques, pour une sécurité globale au travail.
Un impact humain et économique significatif
Les répercussions des chutes de plain-pied dépassent largement le cadre physique immédiat de la blessure. Elles désorganisent les équipes, ralentissent les projets et peuvent générer une dynamique de surcharge pour les collègues restants. Un accident peut entraîner une réaffectation des tâches, voire un arrêt complet d’activité sur certains postes si la présence de l’accidenté est cruciale.
Sur le plan humain, les blessures (entorses, fractures, traumatismes) nécessitent parfois des mois de rééducation, avec une baisse d’autonomie temporaire voire durable. Les conséquences psychologiques, bien que moins visibles, sont réelles : appréhension à retourner sur le lieu de l’accident, isolement lié à l’arrêt prolongé, perte de confiance en ses capacités ou envers l’environnement de travail.
Des secteurs particulièrement exposés
La fréquence des chutes de plain-pied varie selon les métiers, mais certaines conditions de travail créent un terrain particulièrement favorable à leur survenue.
Industrie et BTP
Les environnements techniques comme les ateliers ou les chantiers combinent différents facteurs de risque : circulation dans des espaces restreints, variations de niveaux non protégés, manutention d’objets volumineux qui entravent la visibilité. L’urgence des délais et les changements fréquents d’agencement sur site peuvent amplifier le danger.
Logistique et manutention
Dans les entrepôts ou zones de chargement, les salariés évoluent dans des espaces dynamiques où la rapidité est souvent exigée. La répétitivité des gestes, les contraintes horaires et les trajets effectués avec des charges réduisent la capacité à repérer les anomalies au sol ou à réagir à un imprévu.
Services et bureaux
Les lieux tertiaires ne sont pas épargnés : la standardisation des espaces n’élimine pas les risques invisibles, comme les sols lisses devenus glissants après entretien, les câbles d’alimentation laissés en travers ou encore les espaces de circulation encombrés de mobiliers mobiles ou de cartons. On peut tomber lors de moments d’inattention ou de déplacements automatiques comme le trajet vers une salle de réunion ou une imprimante.
Quelles sont les principales causes des chutes de plain-pied ?
Les chutes de plain-pied ne relèvent pas de la malchance ou du hasard. Elles sont presque toujours la conséquence d’une combinaison de facteurs défavorables, parfois anodins pris isolément, mais dangereux lorsqu’ils se cumulent. Qu’il s’agisse d’une défaillance dans l’aménagement des lieux, d’un défaut de maintenance ou d’une baisse d’attention momentanée, ces accidents révèlent le plus souvent des failles dans l’organisation du travail ou dans la gestion des risques du quotidien.
Les différents types d’incidents
Comprendre les mécanismes précis à l’origine des chutes permet d’agir sur les bons leviers de prévention.
Les glissades
Elles se produisent lorsque le pied perd son adhérence avec le sol, ce qui provoque un déséquilibre soudain et difficile à rattraper. Ce phénomène est typiquement observé sur des surfaces contaminées par des liquides (eau, huile, produits d’entretien) ou des particules fines (poussières, sable). Les sols excessivement lisses, usés ou non adaptés à l’usage (carrelage dans une zone de production par exemple) accentuent le risque, tout comme une météo défavorable dans les zones non abritées (pluie, gel, neige).
Les trébuchements ou faux pas
Ces incidents résultent d’un contact involontaire du pied avec un obstacle ou une irrégularité du sol qui rompt le rythme normal de la marche. Un simple câble oublié, une marche mal signalée, un seuil légèrement surélevé ou un petit objet égaré peuvent suffire à provoquer une chute. La surcharge mentale, l’habitude ou la routine diminuent la vigilance, ce qui rend ces dangers encore plus insidieux. Ce type d’accident est à l’origine de nombreux traumatismes aux membres inférieurs, notamment lorsqu’il se produit sur une surface dure ou dans un espace exigu.
Des situations ordinaires à haut potentiel de risque
Ce qui rend ces accidents particulièrement traîtres, c’est qu’ils surviennent souvent lors d’activités banales, dans des environnements familiers. Marcher d’un bureau à un autre, traverser un atelier, apporter un document, sortir prendre une pause : autant de gestes quotidiens qui peuvent devenir dangereux si les conditions ne sont pas réunies pour garantir la sécurité.
En ce sens, la prévention passe avant tout par une vigilance constante sur l’état des lieux, une adaptation des équipements aux usages et une responsabilisation des usagers sur leurs comportements de déplacement.
D’autres questions sur les chutes de plain-pied
- Les causes des glissades et trébuchements
- La prévention des risques
- Les obligations légales de l’employeur et la responsabilité de l’employé
- Les innovations pour réduire les risques
Des facteurs environnementaux fréquents
De la même manière que pour toute chute de hauteur, l’environnement de travail joue un rôle central dans les chutes de plain-pied. De nombreux éléments matériels ou d’aménagement peuvent transformer un lieu de passage anodin en zone à risque.
Revêtements de sol inappropriés ou mal entretenus
Un sol mal adapté ou mal entretenu constitue l’un des premiers vecteurs de chute. Certaines surfaces deviennent dangereusement glissantes en présence de liquides, de poussière ou de variations climatiques.
- Présence d’eau, d’huile, de neige ou de verglas
- Ces substances créent une perte immédiate d’adhérence, en particulier sur les carrelages lisses, les sols métalliques ou les rampes d’accès extérieures.
- Ces substances créent une perte immédiate d’adhérence, en particulier sur les carrelages lisses, les sols métalliques ou les rampes d’accès extérieures.
- Usure des matériaux
- Un revêtement usé, gondolé ou fissuré augmente le risque de trébuchement, en particulier lorsqu’il n’est pas visible au premier coup d’œil
- Un revêtement usé, gondolé ou fissuré augmente le risque de trébuchement, en particulier lorsqu’il n’est pas visible au premier coup d’œil
- Inadaptation au type d’activité
- Un sol non antidérapant dans une cuisine professionnelle, un atelier ou une zone de lavage est un facteur aggravant quasi systématique
Objets encombrants ou mal rangés
L’encombrement des zones de circulation est un facteur trop souvent sous-estimé. Il suffit d’un objet mal positionné pour provoquer un incident.
- Câbles électriques traînants
- Non fixés ou dissimulés, ils représentent un piège invisible pour les personnes pressées ou distraites
- Non fixés ou dissimulés, ils représentent un piège invisible pour les personnes pressées ou distraites
- Cartons, outils ou éléments de mobilier déplacés
- Lorsqu’ils sont abandonnés sur les trajets habituels ou dans les couloirs, ils deviennent des obstacles imprévus, d’autant plus dangereux s’ils sont partiellement masqués
- Lorsqu’ils sont abandonnés sur les trajets habituels ou dans les couloirs, ils deviennent des obstacles imprévus, d’autant plus dangereux s’ils sont partiellement masqués
- Seuils de porte non conformes :
- Un léger dénivelé ou une irrégularité mal signalée au niveau des accès peut suffire à déséquilibrer un salarié
Éclairage insuffisant ou mal adapté
Un mauvais éclairage contribue à la mauvaise perception de l’environnement, notamment dans les zones de transition (escaliers, entrées, locaux techniques).
- Zones d’ombre ou de faible luminosité
- Elles réduisent la capacité à détecter les obstacles, les changements de niveau ou les irrégularités du sol
- Elles réduisent la capacité à détecter les obstacles, les changements de niveau ou les irrégularités du sol
- Contrastes mal gérés
- Un sol foncé dans une pièce sombre ou au contraire une lumière trop vive sur une surface brillante peut altérer la perception des reliefs et tromper le jugement du marcheur
- Un sol foncé dans une pièce sombre ou au contraire une lumière trop vive sur une surface brillante peut altérer la perception des reliefs et tromper le jugement du marcheur
- Absence de signalisation lumineuse
- Dans les couloirs ou zones de passage, un éclairage dynamique (capteurs de mouvement, balises lumineuses) peut réduire les risques, notamment en dehors des horaires habituels de travail
Des causes humaines et organisationnelles
Les comportements individuels et la façon dont le travail est organisé ont également un impact déterminant. Un environnement sécurisé ne suffit pas si les pratiques et les rythmes de travail exposent les salariés à des situations à risque.
Manque de vigilance lié au rythme et à la charge de travail
Un emploi du temps chargé, des délais serrés ou des cadences soutenues poussent les salariés à se déplacer rapidement, parfois en négligeant leur sécurité immédiate.
- Précipitation et stress
- Courir ou marcher trop vite pour respecter un timing serré augmente les risques de perte d’équilibre, surtout si l’attention est focalisée sur la tâche à accomplir plutôt que sur le chemin emprunté
- Courir ou marcher trop vite pour respecter un timing serré augmente les risques de perte d’équilibre, surtout si l’attention est focalisée sur la tâche à accomplir plutôt que sur le chemin emprunté
- Fatigue physique ou mentale
- En fin de journée ou après des heures de concentration, les réflexes s’émoussent et réduisent la capacité à repérer un danger ou à réagir à temps.
- En fin de journée ou après des heures de concentration, les réflexes s’émoussent et réduisent la capacité à repérer un danger ou à réagir à temps.
- Multitâche permanent
- Faire plusieurs choses en même temps, comme répondre à une demande tout en se déplaçant, accroît la probabilité de ne pas remarquer un obstacle ou un sol glissant
Distraction numérique : un risque banalisé
L’usage du téléphone en marchant est devenu une habitude fréquente, parfois inconsciente, qui perturbe fortement la vigilance.
- Consultation du Smartphone en déplacement
- D’après une étude de l’INRS, 65 % des salariés admettent utiliser leur téléphone tout en marchant sur leur lieu de travail. Cette habitude détourne l’attention visuelle et cognitive, ce qui retarde la perception d’un danger imminent (comme un câble, une marche ou une flaque)
- D’après une étude de l’INRS, 65 % des salariés admettent utiliser leur téléphone tout en marchant sur leur lieu de travail. Cette habitude détourne l’attention visuelle et cognitive, ce qui retarde la perception d’un danger imminent (comme un câble, une marche ou une flaque)
- Notifications et appel
- Même sans interaction directe, la réception d’une alerte peut détourner momentanément l’attention et suffire à provoquer une chute
Déficit de formation ou de culture sécurité
Un des leviers les plus efficaces pour réduire les chutes reste la prévention active, fondée sur l’information et la responsabilisation des salariés. Lorsqu’elle est absente ou insuffisante, les bonnes pratiques ne s’installent pas durablement.
- Méconnaissance des consignes de sécurité
- Si les règles de circulation, les zones à risque ou les comportements à éviter ne sont pas clairement expliqués, les salariés agissent par habitude, au risque de sous-estimer les dangers
- Si les règles de circulation, les zones à risque ou les comportements à éviter ne sont pas clairement expliqués, les salariés agissent par habitude, au risque de sous-estimer les dangers
- Absence de rappels réguliers
- Une formation unique lors de l’intégration ne suffit pas. Sans piqûre de rappel, les bons réflexes s’estompent au fil du temps
- Une formation unique lors de l’intégration ne suffit pas. Sans piqûre de rappel, les bons réflexes s’estompent au fil du temps
- Peu d’implication collective
- Lorsque la sécurité est perçue comme une responsabilité individuelle et non comme une démarche collective, les écarts de vigilance sont plus fréquents et moins signalés
Les chutes au travail
Sources
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