Risque de chute

Pourquoi les chutes restent-elles un risque majeur en entreprise et comment les prévenir ?

Par Laurent Corbé , le 20 mai 2025 , mis à jour le 10 juillet 2025 - 14 minutes de lecture

Table des matières

Les chutes au travail représentent une des principales causes d’accidents professionnels en France. En 2023, elles ont constitué près de 20 % des accidents du travail et concernent particulièrement les secteurs du BTP (en tête), de l’industrie et de la logistique. Les conséquences sont parfois très graves, allant des blessures temporaires aux incapacités permanentes, voire des décès dans les cas les plus extrêmes.

Les chutes engendrent des arrêts de travail significatifs avec une moyenne de 70 jours d’absence par accident. Ce fardeau économique et humain touche directement les entreprises, cela affecte non seulement la productivité, mais engendre aussi des coûts liés aux indemnités, assurances et gestion des absences.

Face à cette situation, il devient crucial pour les employeurs de mettre en place des stratégies efficaces de prévention des risques individuels au travail dans le respect de la réglementation, du plan de formation des salariés et de l’installation d’équipements de sécurité adaptés. La prévention des chutes fait partie d’une approche plus large qui vise à protéger les travailleurs contre un certain nombre de risques tels que les écrasements, les blessures ou l’exposition à des agents dangereux par exemple.

Cet article vous guidera sur les obligations légales relatives à la prévention des chutes, les solutions et les meilleures pratiques à adopter ainsi que les équipements nécessaires à adopter pour réduire les risques d’accidents. L’objectif est de vous permettre d’offrir un environnement de travail sûr et conforme aux normes pour vos équipes.

Pourquoi la prévention des chutes est un enjeu majeur pour les entreprises ?

Ces accidents au travail ont un impact économique, humain et légal considérable. Il est nécessaire de comprendre les risques associés et les mesures à mettre en place pour les éviter.

Les conséquences économiques pour l’entreprise

Les chutes au travail, en plus d’avoir un impact direct sur les employés, génèrent des coûts importants qui peuvent affecter à la fois la performance financière et la productivité des entreprises. Comprendre ces enjeux économiques est crucial pour une gestion efficace des risques au sein de l’entreprise.

Coût direct : indemnisation des victimes et impact sur la performance

En cas d’accident, l’employeur doit indemniser la victime, ce qui inclut le paiement des indemnités journalières, la couverture des frais médicaux et des soins ainsi que les coûts liés à l’arrêt de travail. Selon l’INRS, chaque arrêt de travail dû à une chute représente un coût moyen de 3 700 € en 2025.

Ce coût direct affecte également la productivité de l’entreprise. Lorsqu’un employé est blessé, il doit être remplacé, ce qui entraîne des coûts supplémentaires. Les arrêts prolongés perturbent la continuité du travail et réduisent la performance globale de l’entreprise.  De plus, l’entreprise pourrait voir ses primes d’assurance accidents du travail augmenter.

Coût indirect : impact sur l’image de l’entreprise

Au-delà des coûts directs, les chutes peuvent également nuire à l’image de l’entreprise. Un accident grave, en particulier, peut ternir la réputation de l’employeur et éroder la confiance des clients et des partenaires.

Les absences liées aux chutes entraînent aussi une baisse de la productivité et de la motivation des autres employés qui peuvent se sentir submergés par une charge de travail supplémentaire ou affectés par l’incident.

Pourquoi l’impact humain est-il critique ?

L’impact humain dépasse les seules blessures physiques. En effet, les conséquences peuvent être bien plus graves et affecter non seulement la victime, mais aussi ses collègues et l’ensemble de l’entreprise. L’importance de ces impacts doit être prise en compte dans la gestion des risques professionnels.

Risques de blessures graves et conséquences psychologiques

Selon la Sécurité sociale, ces accidents entraînent souvent des blessures sérieuses comme des fractures, des traumatismes crâniens ou des lésions de la colonne vertébrale. Certaines blessures peuvent mener à des incapacités permanentes, bouleversant non seulement la vie de la victime, mais aussi celle de sa famille.

Les chutes peuvent également laisser des séquelles psychologiques aussi bien chez les victimes que chez leurs collègues. Les témoins d’un accident peuvent développer des troubles du stress post-traumatique qui impactent l’équipe dans son ensemble et l’atmosphère de travail.

Les responsabilités légales de l’employeur

En tant qu’employeur, il est crucial de comprendre non seulement les conséquences financières et humaines des chutes, mais aussi les obligations légales liées à la sécurité des employés. Le respect de ces obligations est essentiel pour éviter les sanctions et garantir la sécurité des travailleurs.

Obligation de sécurité : prévenir les risques

L’employeur a une obligation de sécurité envers ses salariés, selon l’article L.4121-1 du Code du travail. Il doit prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la sécurité et la santé de ses employés. Cela inclut la prévention des risques comme les chutes par l’évaluation des dangers, la mise en place de formations adaptées et la fourniture d’équipements de protection aussi bien collective qu’individuelle (EPI).

Sanctions en cas de négligence

Si l’employeur ne respecte pas ses obligations en matière de sécurité, il s’expose à des sanctions. Celles-ci peuvent aller des amendes administratives à des poursuites pénales, voire la fermeture temporaire de l’établissement si la santé ou la sécurité des salariés est mise en danger. En cas de négligence, l’employeur peut aussi être tenu responsable des dommages subis par les salariés, ce qui pourrait entraîner des conséquences juridiques et financières graves.

Quelles sont les principales causes des chutes en entreprise ?

Les chutes résultent toujours de facteurs identifiables. Comprendre ces causes est essentiel pour mettre en place des stratégies de prévention efficaces. Que ce soit des facteurs environnementaux, humains ou organisationnels, chaque élément joue un rôle dans la survenue de ces accidents. 

Les types de chutes les plus fréquents

Elles peuvent survenir dans tous les secteurs d’activité, mais leur nature varie selon l’environnement de travail. Identifier les types de chutes les plus courants permet de mieux cibler les actions de prévention.

Chutes de plain-pied

Les Chutes de plain-pied sont les accidents les plus fréquents en entreprise. Elles surviennent lorsqu’un salarié glisse sur un sol mouillé, trébuche à cause d’un obstacle tel que des câbles non rangés ou des outils au sol, ou perd l’équilibre au niveau du sol. Ces chutes peuvent sembler anodines, mais elles sont à l’origine de nombreuses blessures et arrêts de travail.

Chutes de hauteur

Souvent plus graves, les chutes de hauteur concernent surtout les métiers du BTP, de la maintenance ou de l’industrie. Elles se produisent lors d’interventions en hauteur mal sécurisées ou en l’absence d’équipements de protection.

Les exemples courants sont notamment : 

  • Des échafaudages mal sécurisés
    • Une mauvaise installation peut provoquer des accidents graves, voire mortels,
  • Une absence de garde-corps
    • Sans barrières de sécurité, il y a plus de risques de chute depuis une plateforme ou un toit
  • Un travail sur toiture fragile
    • Les surfaces en mauvais état ou peu visibles peuvent céder sous le poids d’un travailleur

Chutes à travers des surfaces fragiles

Ces chutes surviennent lorsqu’un salarié passe au travers d’une surface qui ne peut supporter son poids. Elles sont particulièrement dangereuses et souvent imprévues. 

Cela peut arriver avec des plaques translucides, invisibles à l’œil nu, elles donnent l’illusion d’une surface solide, mais peuvent céder rapidement. Les toitures vétustes peuvent également être à l’origine de tels accidents, car le vieillissement des matériaux fragilise les structures et augmente les risques d’effondrement sous le poids d’un ouvrier.

Quels sont les facteurs aggravants des chutes ?

Certaines conditions, qu’elles soient liées à l’environnement, à l’équipement ou au facteur humain, peuvent augmenter la probabilité d’une chute. Ils doivent être analysés avec attention pour renforcer la sécurité.

Conditions environnementales

L’environnement de travail a un impact direct sur les risques. Des locaux mal entretenus ou mal éclairés favorisent les accidents. 

Exemples de risques environnementaux

  • Sols glissants
    • Les surfaces humides, huileuses ou souillées doivent être nettoyées immédiatement
  • Éclairage insuffisant
    • Une mauvaise visibilité empêche de repérer les obstacles,
  • Climat défavorable
    • La pluie, le givre ou le vent compliquent les interventions extérieures, en particulier en hauteur

Absence d’équipement adapté

Les équipements de sécurité sont essentiels pour prévenir les chutes surtout dans les environnements à risque. Leur absence ou leur mauvais usage peut avoir des conséquences graves. 

Travailler sans harnais en hauteur expose directement à des accidents graves, par exemple, de même que l’absence de barrières de protection (garde-corps) rend les zones en hauteur dangereuses.

Facteurs humains

Le comportement, la fatigue ou le manque de formation des salariés jouent aussi un rôle clé. Il faut en tenir compte dans les plans de prévention.

Exemples de facteurs humains aggravants

  • Précipitation
    • Travailler dans l’urgence augmente le risque d’erreur
  • Fatigue
    • Un salarié épuisé est moins vigilant, plus lent à réagir
  • Mauvaise formation
    • Sans formation adéquate, les salariés ne savent pas identifier les dangers ni utiliser correctement les dispositifs de sécurité

Quels autres risques professionnels sont à prendre en compte ?

Les chutes ne sont pas les seuls dangers en entreprise. Il existe d’autres risques professionnels qui méritent d’être considérés dans une démarche globale de sécurité.

Risques individuels liés aux chutes

Ils ne se limitent pas aux blessures directes puisque certaines situations peuvent entraîner des lésions supplémentaires :

  • Écrasement
    • Lorsqu’un travailleur chute, il peut être écrasé par un objet ou un véhicule et subir des blessures graves, voire mortelles
  • Percussion par une machine
    • Dans des secteurs comme l’industrie ou l’agriculture, les travailleurs peuvent se faire happer ou percuter par des machines, ce qui peut entraîner de graves blessures,
  • Blessures par perforation, coupure ou contusion
    • Des objets pointus ou coupants peuvent blesser lors d’un accident et entraîner des conséquences supplémentaires

Risques chimiques et biologiques

En tombant, les travailleurs peuvent être exposés à des risques chimiques et biologiques, selon le type de matériaux et d’environnement de travail.

Comment ? En tombant dans des zones où des produits chimiques sont utilisés ou stockés, il existe un risque d’inhalation de substances dangereuses. Dans certains secteurs, les chutes peuvent entraîner un contact avec des agents biologiques, exposant le travailleur à des infections microbiennes.

Dangers électriques et thermiques

Les chutes dans des zones exposées aux risques électriques ou thermiques représentent un danger supplémentaire pour les travailleurs :

  • Electrocution
    • Les travailleurs en hauteur peuvent toucher des câbles électriques ou des équipements sous tension en tombant, ce qui profonde une électrocution
  • Brûlures thermiques
    • Les zones de travail proches de chaleur intense ou de flammes peuvent augmenter le risque de brûlures graves

Quelles sont les meilleures pratiques pour prévenir les chutes ?

Les solutions efficaces combinent mesures de prévention, équipements adaptés et formation continue. Elles doivent être mises en place de manière proactive pour créer un environnement de travail sécurisé et conforme.

Comment sécuriser les déplacements et limiter les risques au sol ?

Les chutes de plain-pied représentent une part importante des accidents du travail, souvent causées par des sols glissants, mal entretenus ou mal signalés. Pour y remédier, un certain nombre de mesures techniques et organisationnelles peuvent être mises en œuvre afin de créer un environnement de travail plus sûr.

Sélection de sols antidérapants et entretien rigoureux des surfaces

Le choix des revêtements de sol joue un rôle clé dans la prévention des glissades. Les matériaux doivent être adaptés au type d’activité (zone humide, passage fréquent, usage extérieur) et offrir une bonne adhérence. Un entretien régulier est indispensable pour éviter l’accumulation de résidus, d’eau ou de substances grasses qui augmentent les risques de perte d’équilibre.

Marquage au sol et signalisation renforcée

Un marquage clair permet de structurer l’espace de travail en identifiant les zones à risque, les cheminements prioritaires ou les zones de danger temporaire (chantier, nettoyage). Associé à une signalisation visible (pictogrammes, panneaux d’alerte), ce balisage contribue à guider les déplacements en toute sécurité.

Utilisation de tapis de sécurité et rampes d’accès adaptées

Dans les zones sensibles comme les entrées, les rampes ou les plans inclinés, l’installation de tapis antidérapants ou de rampes sécurisées réduit les risques de glissade. Ces dispositifs doivent être solidement fixés et conformes aux normes d’accessibilité, notamment pour les personnes à mobilité réduite.

Comment protéger les travailleurs en hauteur ?

Le travail en hauteur comporte des risques spécifiques qui nécessitent des moyens de protection adaptés. Une approche globale combinant équipements appropriés, formation et organisation est essentielle pour garantir la sécurité des intervenants.

Utilisation d’équipements de protection collective

La première barrière de sécurité repose sur la mise en place de protections collectives. Garde-corps, filets anti-chute, échafaudages sécurisés ou plateformes de travail stables doivent être privilégiés, car ils protègent l’ensemble des opérateurs sur le chantier quel que soit leur comportement individuel.

Port d’équipements de protection individuelle

Lorsque la protection collective ne suffit pas, le recours aux équipements individuels devient incontournable. Harnais antichute, longes, casques avec jugulaire ou chaussures à semelles adhérentes doivent être portés en permanence lors des interventions en hauteur. Leur efficacité dépend d’un usage correct et d’un bon état de fonctionnement.

Formation spécifique pour les interventions en hauteur

Travailler en hauteur demande des compétences spécifiques. Une formation adaptée permet de maîtriser les consignes de sécurité, d’apprendre à manipuler les EPI et d’adopter les bons gestes en situation réelle. Cette formation doit être renouvelée régulièrement et adaptée aux évolutions techniques.

Comment intégrer la prévention dans la culture d’entreprise ?

La réduction des accidents passe aussi par un engagement collectif. Une culture d’entreprise tournée vers la prévention favorise l’adhésion des salariés aux bonnes pratiques et renforce leur vigilance au quotidien.

Sensibilisation des employés via des formations régulières

Informer et former les salariés de manière continue est nécessaire pour instaurer une culture de sécurité durable. Ces formations rappellent les consignes de base, les comportements à adopter et les procédures à suivre en cas d’anomalie, tout en favorisant l’appropriation des règles de prévention.

Mise en place de signalements anonymes

Permettre aux salariés de signaler facilement une situation à risque renforce la prévention. Un dispositif anonyme encourage la remontée d’informations sans crainte de représailles, contribuant à une détection rapide des dysfonctionnements.

Engagement de la direction dans une politique de sécurité proactive

L’implication de la direction est un levier fort de prévention. En allouant des ressources à l’achat d’équipements de sécurité, en réalisant des audits internes réguliers ou en nommant des référents sécurité, l’entreprise montre qu’elle place la sécurité de ses salariés au cœur de ses priorités.

Comment font les autres pays ?

Voici quelques informations sur la manière dont les autres pays gèrent les risques de chute au travail

Les risques professionnels individuels

Sources

Laurent Corbé

Laurent Corbé est expert en risques professionnels. Il est le fondateur d'Abisco.fr, un site leader dans la commercialisation d'Equipements de Protection Individuelle

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