Risque de chute

Les chutes de hauteur, un des premiers risques d’accidents graves au travail

Par Laurent Corbé , le 23 juin 2025 , mis à jour le 10 juillet 2025 - 8 minutes de lecture

Les chutes de hauteur représentent une des causes les plus fréquentes des accidents du travail (12 % en 2021) et touchent tous les secteurs d’activité. C’est un bilan humain et économique lourd. Cette réalité souligne l’importance cruciale de protéger les travailleurs contre ces risques.

Au-delà des exigences légales, la prévention des chutes au travail repose sur une combinaison d’innovations, de bonnes pratiques et de formations adaptées. Il est essentiel pour chaque employeur de comprendre les mesures à mettre en place afin de les éviter.

Pourquoi les chutes de hauteur sont-elles un danger majeur en entreprise ?

Les chutes de hauteur sont un danger majeur en entreprise en raison de leur impact considérable sur la santé des travailleurs et sur l’économie des entreprises. Elles représentent la deuxième cause de mortalité au travail, après les accidents de la route, et sont responsables d’un nombre élevé de décès et d’incapacités permanentes.

Les travaux en hauteur sont classés en deux grandes catégories

  1. Les travaux sur zone de travail en hauteur (toiture, échafaudage, etc.)
  2. Les travaux sur corde (élagage, maintenance de ponts et d’infrastructure, etc.)

Même si les chutes de plain-pied peuvent sembler moins graves à première vue, elles constituent une cause fréquente d’accidents qui, bien que moins dramatiques en apparence, peuvent entraîner des blessures sévères et des arrêts de travail prolongés.

Des chiffres alarmants

En 2021, plus de 22 000 accidents de travail ont été causés par des chutes de hauteur, et 84 décès ont été enregistrés. Ces incidents ont engendré environ 4 millions de journées d’arrêt de travail au cours de l’année. Comparativement, les chutes de plain-pied représentent 13 % des accidents du travail et sont responsables de plus de 99 000 arrêts de travail chaque année. Ces chiffres mettent en lumière l’ampleur des risques et l’importance de mettre en place des mesures de prévention adaptées.

Les secteurs les plus touchés

Certaines industries sont particulièrement vulnérables aux risques de chutes de hauteur, en raison de la nature même de leurs activités. Il s’agit de : 

  • Le BTP (Bâtiment et Travaux Publics) :
    • 24 % des accidents dans ce secteur sont causés par des chutes de hauteur,
    • Ce secteur est également affecté par des risques liés aux glissades et trébuchements sur des surfaces irrégulières ou encombrées.
  • L’Industrie : 
    • Les risques sont bien présents lors des travaux sur machines,
    • La maintenance en hauteur n’est pas sans risque,
    • Les déplacements fréquents sur des sols glissants ou mal éclairés font aussi courir des risques.
  • La Logistique et les télécoms
    • Les interventions en hauteur pour l’installation et la réparation sont courantes, combinées à des risques de trébuchement sur des câbles ou des équipements mal positionnés.

Des impacts lourds, humains et économiques

Au-delà du traumatisme physique, ces accidents laissent souvent des séquelles : douleurs persistantes, incapacités fonctionnelles, chocs psychologiques, voire décès. Pour les entreprises, le coût est tout aussi significatif : 3 700 € en moyenne par arrêt de travail, avec une durée d’interruption de 70 jours, sans compter les répercussions organisationnelles et la perte de savoir-faire. L’image de la structure peut également en pâtir, notamment vis-à-vis des partenaires et clients.

Zoom sur les chiffres clés

  • 20 % des accidents du travail impliquent une chute en hauteur
  • 66 % des accidents mortels surviennent depuis un toit ou un échafaudage
  • 60 % des cas graves sont recensés dans le BTP
  • 70 jours d’arrêt en moyenne par victime

Ces statistiques ne relèvent pas du simple constat : elles traduisent une réalité de terrain qui appelle une mobilisation immédiate à la fois des employeurs et des salariés pour renforcer la prévention et sécuriser les conditions de travail.

Protéger les travailleurs des chutes de hauteur n’est pas seulement une question de sécurité, mais c’est aussi une obligation légale. Les entreprises doivent respecter une réglementation stricte, sous peine de sanctions. 

Les conséquences des chutes de hauteur

Leurs conséquences peuvent être dramatiques à plusieurs niveaux. Sur le plan humain, elles peuvent entraîner des blessures graves telles que des fractures, des traumatismes crâniens, voire des décès. Les entorses et contusions résultant des chutes de plain-pied, bien que moins spectaculaires, restent fréquentes et peuvent aussi affecter gravement les travailleurs.

D’un point de vue économique, les chutes de hauteur ont un coût important. Elles entraînent une importante perte de productivité, non seulement en raison des arrêts de travail pour les victimes, mais aussi à cause de l’impact sur l’organisation et le rythme des projets. Les coûts d’indemnisation pour les accidents de travail sont également élevés, ce qui peut avoir des répercussions sur la rentabilité des entreprises.

Enfin, sur le plan juridico-financier, l’employeur peut être confronté à des sanctions administratives et financières si les mesures de prévention ne sont pas respectées. En cas d’accident, des augmentations des cotisations AT/MP (accidents du travail et maladies professionnelles) peuvent être appliquées. Ces sanctions concernent aussi bien les chutes de hauteur que les chutes de plain-pied, car elles relèvent toutes de la responsabilité de l’employeur en matière de sécurité et de protection des travailleurs.

Quelles sont les causes principales des chutes de hauteur ?

Les causes de ces accidents sont multiples et, bien souvent, interconnectées. Ils peuvent survenir dans divers contextes de travail en hauteur et sont le résultat d’une combinaison de facteurs. 

Absence de protections collectives

Les protections collectives sont des dispositifs conçus pour protéger tous les travailleurs sur un site et elles constituent la première ligne de défense contre les chutes de hauteur. L’absence ou l’insuffisance de ces protections peut augmenter considérablement le risque d’accident. Cela inclut, par exemple, le manque de garde-corps pour sécuriser les bords des toits, des plateformes de travail ou encore des filets de sécurité pour stopper une chute avant qu’elle ne devienne fatale. Ces protections doivent être installées dès le début des travaux pour garantir une sécurité maximale.

L’éclairage insuffisant dans certaines zones de travail ou un environnement encombré augmentent également les risques de trébuchement ou de perte d’équilibre, entraînant une chute.

Mauvaise utilisation des équipements

L’utilisation d’équipements de protection individuelle (EPI), comme les harnais de sécurité ou les échafaudages, est indispensable pour prévenir les chutes. Cependant, des erreurs dans leur utilisation peuvent avoir des conséquences dramatiques. Par exemple, un harnais mal ajusté peut empêcher une personne de se stabiliser ou de ralentir sa chute en cas de défaillance. De même, un échafaudage mal sécurisé ou mal monté peut se déstabiliser sous le poids du travailleur et entraîner une chute violente. Il est donc essentiel que ces équipements soient non seulement présents, mais correctement installés et utilisés selon les normes en vigueur.

Erreurs humaines

Les erreurs humaines sont une cause fréquente d’accidents. Parmi celles-ci, on retrouve : 

  • La précipitation, souvent liée à des délais de travail serrés, qui pousse certains travailleurs à négliger les mesures de sécurité,
  • La fatigue est également un facteur déterminant, car un travailleur fatigué peut commettre des erreurs de jugement ou de manipulation,
  • Le non-respect des consignes de sécurité, qu’il s’agisse de sauter des étapes essentielles dans la mise en place des équipements ou d’ignorer les procédures de sécurité, est une cause largement évitable, mais toujours présente sur de nombreux chantiers.

Conditions météorologiques et environnementales

Les conditions météorologiques et l’environnement immédiat de travail jouent un rôle non négligeable dans les chutes de hauteur : 

  • Les vents violents peuvent perturber l’équilibre des travailleurs, notamment sur les échafaudages ou les toits
  • Les surfaces glissantes dues à la pluie, au verglas ou à des matériaux répandus sur les sols peuvent rendre les déplacements risqués, non seulement au sol mais aussi en hauteur

Matériaux vieillissants et défectueux

Les structures sur lesquelles les travailleurs évoluent telles que les toitures, les planchers, ou les échafaudages doivent être en bon état et régulièrement entretenues. Des matériaux vieillissants, comme des toitures fragiles ou des éléments structurels corrodés, peuvent céder sous la pression d’un travailleur. Des structures non conformes aux normes de sécurité, souvent dues à une mauvaise construction ou à un entretien insuffisant, peuvent aussi constituer des dangers invisibles. Il est donc essentiel que les entreprises inspectent régulièrement les équipements et les infrastructures pour s’assurer de leur sécurité.

Contexte spécifique du travail en hauteur

Les risques sont accrus lorsque le travailleur est placé dans un environnement nécessitant des interventions en hauteur qui comportent des dangers intrinsèques nécessitent une vigilance constante et des mesures de sécurité adaptées à chaque situation spécifique. C’est par exemple un travail sur corde au-dessus d’une zone polluée ou contaminée nécessitant le port de protection respiratoire.

Les chutes au travail

Sources

Laurent Corbé

Laurent Corbé est expert en risques professionnels. Il est le fondateur d'Abisco.fr, un site leader dans la commercialisation d'Equipements de Protection Individuelle

Voir les publications de l'auteur

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre commentaire sera révisé par les administrateurs si besoin.