Risque d'électrocution

Risque électrique au travail : comprendre, prévenir, sauver des vies

Par Laurent Corbé , le 1 juillet 2025 , mis à jour le 10 juillet 2025 - 19 minutes de lecture

Table des matières

Invisible, silencieux, souvent négligé… le risque électrique fait pourtant partie des dangers les plus graves sur un lieu de travail. Chaque année, des accidents liés à l’électricité provoquent des brûlures sévères, des arrêts cardiaques, voire des décès  même dans des secteurs non spécialisés.

Avant tout, il est essentiel de distinguer électrisation (contact avec le courant sans issue fatale), électrocution (accident électrique mortel) et brûlures électriques, souvent internes et sournoises. Comprendre ces notions, c’est déjà commencer à se protéger.

Contrairement aux idées reçues, ce risque ne concerne pas uniquement les électriciens ou les techniciens. Il peut survenir dans un entrepôt, un bureau, un chantier ou même une cuisine professionnelle. Une rallonge défectueuse, un panneau non isolé, un appareil mal entretenu… et l’accident peut se produire en une fraction de seconde.

Prévenir le risque individuel au travail, c’est donc sauver des vies, mais aussi éviter des séquelles irréversibles, des interruptions de travail ou des mises en cause pénales pour manquement aux obligations de sécurité. Dans cet article, nous reviendrons sur les situations à risque, les bons réflexes à adopter et les outils indispensables pour sécuriser les environnements professionnels.

Qu’est-ce que le risque électrique ?

Le risque électrique est d’autant plus redoutable qu’il est invisible, instantané et souvent silencieux. Contrairement à d’autres dangers physiques, il ne prévient pas, ne laisse parfois aucun indice et peut agir violemment sur le corps humain en une fraction de seconde.

Électrisation : un contact électrique parfois bénin, parfois gravissime

L’électrisation correspond au passage d’un courant électrique à travers le corps humain, sans entraîner de décès immédiat. Mais sous cette définition clinique se cachent des réalités très contrastées : une simple décharge ressentie comme un picotement… ou un accident grave aux conséquences neurologiques ou cardiaques.

Un large éventail de symptômes

Selon les cas, une électrisation peut entraîner :

  • Des sensations localisées : picotements, engourdissements, brûlures légères,
  • Des réactions musculaires involontaires : secousses, contractures, voire incapacité à lâcher la source de courant,
  • Des troubles neurologiques : pertes de connaissance, confusion mentale, amnésie partielle,
  • Des troubles cardiaques : palpitations, arythmies, arrêt cardio-respiratoire dans les cas les plus graves,
  • Des atteintes profondes : brûlures internes invisibles, lésions des tissus ou des organes traversés.

Ce qui détermine la gravité de l’électrisation

Plusieurs facteurs influencent la gravité des effets du courant sur le corps humain :

FacteurImpact
Tension (volts)Plus elle est élevée, plus le danger augmente. Le seuil critique est souvent situé au-delà de 50 V en courant alternatif.
Intensité (ampères)Même une faible intensité (30 mA) peut provoquer une fibrillation cardiaque.
Durée du contactUn contact prolongé augmente les lésions et le risque de complications graves.
Chemin du courantUn courant qui traverse le cœur ou le cerveau est beaucoup plus dangereux (ex : main gauche → pied droit).
Type de courantLe courant alternatif (AC) est plus dangereux que le courant continu (DC) à intensité égale.
État de santé de la victimeCertaines personnes (enfants, personnes âgées, personnes cardiaques ou porteuses d’implants) sont plus vulnérables.

Ne jamais banaliser une électrisation

Même si les signes semblent bénins, toute électrisation justifie un examen médical, car certaines lésions internes peuvent apparaître après coup (troubles du rythme, atteintes rénales, brûlures internes).

Électrocution : quand le choc devient fatal

L’électrocution désigne l’issue mortelle d’un contact avec une source électrique. Contrairement à l’électrisation dont la victime peut réchapper, l’électrocution entraîne la mort, souvent de manière brutale et irréversible.

Mécanismes physiologiques de la mort par électrocution

Lorsqu’un courant traverse le corps avec une intensité et une durée suffisantes, il peut provoquer :

  • Un arrêt cardiaque soudain : la fibrillation ventriculaire est l’une des causes les plus fréquentes du décès.
  • Une paralysie du système respiratoire : le courant perturbe les centres nerveux qui commandent la respiration.
  • Des atteintes massives du système nerveux central : convulsions, coma, mort cérébrale.
  • Des brûlures internes et externes : parfois sévères, elles aggravent le tableau clinique et réduisent les chances de survie.

Une question de secondes

L’électrocution est un accident foudroyant : en l’absence de réaction immédiate (interruption du courant, massage cardiaque, défibrillation), les chances de survie sont extrêmement faibles.

Chaque minute compte : au-delà de 4 à 6 minutes sans réanimation, les lésions cérébrales deviennent irréversibles.

Profils et contextes à haut risque

Les accidents mortels surviennent le plus souvent :

  • Lors de travaux sans consignation électrique,
  • Dans des milieux humides (salle de bain, extérieur sous la pluie, piscine),
  • Lors de contacts directs avec des fils dénudés, appareils défectueux ou prises non protégées,
  • Chez des personnes non habilitées effectuant des interventions électriques.

Brûlures électriques : une douleur interne souvent invisible

Les brûlures électriques diffèrent radicalement des brûlures thermiques classiques. Silencieuses à l’extérieur, dévastatrices à l’intérieur, elles représentent l’une des formes les plus insidieuses de traumatisme corporel lié à l’électricité.

Une brûlure de l’intérieur

Lorsqu’un courant électrique traverse le corps, il suit le chemin le plus conducteur : souvent les nerfs, les vaisseaux sanguins et les muscles. Ce passage produit une chaleur intense au cœur même des tissus, entraînant :

  • Une coagulation protéique (effet “cuisson” des muscles),
  • Des nécroses profondes, invisibles en surface,
  • Une atteinte vasculaire pouvant perturber la circulation sanguine,
  • Dans les cas extrêmes, une complication infectieuse ou une gangrène menant à l’amputation.

Contrairement aux brûlures classiques, la peau peut sembler presque intacte, ce qui fait que le danger est souvent sous-estimé.

Un diagnostic souvent tardif

Le diagnostic des brûlures électriques est délicat, car les signes visibles sont trompeurs. La prise en charge doit être immédiate, même en l’absence de lésions apparentes, notamment si :

  • Le patient présente une douleur musculaire inexpliquée,
  • Le contact avec le courant a duré plus d’une seconde,
  • Le courant est passé entre deux extrémités du corps (main – pied, main – main…).

Des examens approfondis sont souvent nécessaires : IRM, bilan sanguin (CPK élevée), électromyogrammes, etc.

Complications possibles

Les brûlures électriques peuvent entraîner :

  • Une rhabdomyolyse (destruction massive des fibres musculaires),
  • Une insuffisance rénale aiguë (due à la libération de myoglobine),
  • Une paralysie, des troubles neurologiques ou une atteinte cardiaque retardée,
  • Des séquelles fonctionnelles lourdes, notamment après une amputation.

Quelles sont les conséquences d’un accident électrique ?

Un choc électrique n’est jamais anodin. Même lorsqu’il semble bénin sur le moment, il peut déclencher des effets différés ou invisibles, parfois irréversibles. Selon l’intensité, la durée du contact, le trajet du courant et l’état de santé de la victime, les conséquences peuvent aller d’un simple engourdissement à une invalidité permanente, voire au décès.

Incapacité temporaire ou permanente : des séquelles aux conséquences lourdes

Un accident d’origine électrique n’a pas toujours des effets visibles immédiats. Mais ses répercussions peuvent être profondes, durables et handicapantes, bien au-delà du choc initial.

Incapacité temporaire : des semaines ou des mois de convalescence

Dans les cas les moins graves, l’accident entraîne une interruption momentanée de l’activité professionnelle. Cela peut résulter de :

  • Brûlures nécessitant des soins prolongés,

  • Lésions musculaires ou articulaires dues à une contraction violente des muscles (spasme électrique),

  • Traumatisme secondaire (chute après électrisation).

La durée de l’arrêt dépend de la gravité des atteintes, mais aussi des traitements requis (greffes, rééducation, suivi médical).

Incapacité permanente partielle ou totale : un risque à ne pas négliger

Dans les cas plus graves, l’accident peut laisser des séquelles définitives telles que :

  • Une perte de mobilité (paralysie partielle, amputation après brûlure profonde),
  • Des douleurs chroniques résistantes aux traitements,
  • Des troubles neurologiques (perte de mémoire, difficultés de concentration, atteintes cognitives),
  • Une altération des fonctions sensorielles (vision, audition, toucher).

Ces séquelles peuvent rendre impossible la reprise du métier initial, nécessiter une reconversion professionnelle ou mener à une mise en invalidité.

Un impact humain, psychologique et social

Les conséquences dépassent le cadre médical :

  • Dégradation de la qualité de vie, perte d’autonomie,
  • Impact psychologique majeur : anxiété, dépression post-traumatique, isolement,
  • Conséquences familiales et financières : baisse de revenus, besoin d’assistance, aides techniques ou humaines.

Brûlures du 1er au 3e degré : des lésions qui vont bien au-delà de la peau

Lors d’un accident électrique, le courant peut provoquer deux types de brûlures :

  • Des brûlures thermiques, dues à l’échauffement des vêtements ou des objets en contact avec la peau (ex. : arc électrique),

  • Des brûlures internes, souvent invisibles mais potentiellement plus graves, car le courant traverse les tissus en profondeur.
Type de brûlureAtteinteSignesÉvolutionExemples / Risques
1er degréCouche superficielle de la peau (épiderme)Rougeur, douleur légère, sensation de chaleur, pas de cloquesGuérison spontanée en 3 à 6 jours, sans cicatriceContact bref avec une surface chaude, prise électrique tiède, exposition solaire
2e degréÉpiderme + partie du derme (peau plus en profondeur)Douleur vive, rougeur, cloques (phlyctènes), suintement, sensibilité au toucherPeut cicatriser seule (2e degré superficiel) ou nécessiter soins (2e degré profond)Risque d’infection, de cicatrices ou de douleurs persistantes
3e degréÉpiderme + derme + tissus sous-cutanés (parfois muscles, nerfs, os)Peau blanche, noire ou carbonisée, aspect sec, cartonné ; absence de douleur (nerfs détruits)Très longue guérison, nécessite greffes de peau, chirurgie réparatrice, hospitalisationRisques de nécrose, amputation, séquelles lourdes
Brûlure électrique (peut combiner plusieurs degrés)Tissus internes profonds (muscles, vaisseaux, organes) parfois sans atteinte cutanéeDouleurs musculaires, nécroses internes, brûlures d’entrée/sortie minimes ; troubles cardiaques ou neurologiquesDiagnostic difficile, prise en charge spécialisée urgente ; risque d’amputation, d’atteinte viscérale ou cardiaqueBrûlure interne après passage de courant électrique, parfois sans trace visible

Le piège des brûlures électriques : une profondeur souvent sous-estimée

Contrairement aux brûlures classiques, l’aspect extérieur ne reflète pas la gravité réelle. Le courant peut “cuire” les tissus de l’intérieur, sans que la peau ne soit forcément ouverte ou noircie.

Tout patient électrisé doit être examiné en milieu médical spécialisé, même si les lésions paraissent mineures.

Troubles cardiaques : le cœur, cible prioritaire du courant électrique

Le cœur est un organe électriquement actif par nature. Il fonctionne grâce à un système de conduction interne, qui génère et régule les impulsions électriques responsables de chaque battement. Lorsqu’un courant externe traverse le corps, il peut perturber ce mécanisme fragile, même brièvement.

Une vulnérabilité immédiate

Le passage d’un courant électrique, même de faible intensité, peut suffire à déclencher :

  • Une fibrillation ventriculaire : les fibres musculaires du cœur se contractent de manière désorganisée, empêchant toute circulation sanguine efficace. C’est la principale cause de mort subite par électrocution.
  • Une arythmie sévère : accélération (tachycardie), ralentissement (bradycardie), ou irrégularité du rythme cardiaque pouvant provoquer des malaises ou des pertes de connaissance.
  • Un arrêt cardiaque complet : si le courant affecte le nœud sinusal ou bloque les influx électriques internes, le cœur peut cesser de battre brutalement.

Une urgence vitale silencieuse

Le danger réside dans le fait que ces troubles peuvent :

  • Survenir immédiatement après l’accident ou avec un décalage de plusieurs heures,
  • Ne présenter aucun signe externe visible,
  • Être fatals en quelques minutes si aucune réanimation n’est entreprise.

Surveillance post-accident : une étape indispensable

Toute personne ayant subi une électrisation, même bénigne en apparence, doit bénéficier d’un examen médical complet, incluant :

  • Un électrocardiogramme (ECG) en urgence,
  • Une surveillance cardiaque prolongée en milieu hospitalier, selon l’intensité du choc et les antécédents médicaux,
  • Un bilan sanguin pour détecter des lésions musculaires (CPK, troponines).

Un cœur sain n’est pas à l’abri. Même une personne jeune et en bonne santé peut être victime d’un trouble cardiaque lié au courant.

Lésions internes et atteintes d’organes : des dégâts invisibles mais graves

Lorsqu’un courant électrique traverse le corps, il ne se contente pas d’endommager la peau ou les muscles. Il peut altérer profondément des organes vitaux, souvent de manière silencieuse dans un premier temps. Ces lésions internes nécessitent une prise en charge rapide, car leurs effets peuvent être retardés, graves, voire irréversibles.

Atteinte cérébrale : cognition, mémoire et crises

Le cerveau est particulièrement sensible aux décharges électriques, même faibles. Le courant peut provoquer :

  • Des troubles cognitifs (perte de mémoire, difficultés de concentration, confusion),
  • Des crises convulsives ou un état post-épileptique,
  • Dans les cas extrêmes, un coma ou une atteinte neurologique irréversible.

Ces effets peuvent survenir même sans perte de conscience immédiate et s’aggraver avec le temps.

Atteinte rénale : un effet secondaire indirect, mais grave

Lorsque les muscles sont brûlés ou « cuits » de l’intérieur par le courant (rhabdomyolyse), ils libèrent une protéine toxique appelée myoglobine. Celle-ci circule dans le sang jusqu’aux reins, qu’elle peut endommager gravement :

  • Risque de lésion rénale aiguë,
  • Nécessité d’une dialyse temporaire ou permanente,
  • Surveillance biologique essentielle (bilan sanguin, créatinine, CPK).

Ce mécanisme est invisible à l’œil nu et nécessite une évaluation médicale systématique après électrisation grave.

Système nerveux central et périphérique : un terrain à haut risque

Le passage du courant peut également :

  • Détruire les nerfs sur son trajet (main → pied, main → main…),
  • Provoquer une paralysie temporaire ou définitive,
  • Entraîner des troubles moteurs, sensitifs ou une perte de coordination.

L’impact est parfois différé, d’où l’importance de bilans neurologiques même en l’absence de signe immédiat.

Une dangerosité sournoise

Ce qui rend ces atteintes particulièrement redoutables :

  • Elles sont internes, donc souvent invisibles au premier abord,
  • Elles peuvent évoluer silencieusement sans douleur initiale,
  • Elles nécessitent une prise en charge spécialisée et un suivi médical prolongé.

Décès par électrocution

Chaque année, des dizaines à centaines de travailleurs perdent la vie à cause d’un choc électrique. Ces tragédies, souvent évitables, témoignent de lacunes dans la prévention, la signalétique ou l’équipement.

  • Aux États-Unis, par exemple, environ 1 000 décès par électrocution sont enregistrés chaque année, majoritairement à partir de sources à haute tension ou causes domestiques.
  • Chaque année, environ 4 000 personnes sont blessées, certaines gravement, du fait d’accidents électriques au travail.
  • Environ 70 % des décès électriques sont constatés dans des métiers non spécialisés en électricité, comme les ouvriers ou manutentionnaires. Seuls 30 % concernent les métiers d’électricien proprement dits.
  • On observe un taux élevé pour les auto‑entrepreneurs / travailleurs indépendants (~20 %) comparé aux salariés (~96 % des décès) .

Quels types de courant électrique sont en cause ?

Le danger électrique ne dépend pas uniquement de la puissance apparente d’un appareil ou d’une installation. La nature du courant, sa tension, la durée d’exposition et l’environnement dans lequel il circule jouent un rôle crucial dans la gravité d’un accident.

Voici les principaux types de courants à connaître.

Haute tension : un risque mortel quasi immédiat

Présente dans les lignes électriques, les transformateurs ou certains équipements industriels, la haute tension (généralement au-dessus de 1 000 volts) représente un danger extrême.

Le simple fait de s’approcher d’une source non isolée peut suffire à provoquer un arc électrique, entraînant des brûlures sévères, une électrocution instantanée ou un arrêt cardiaque.

Basse tension : ne pas se fier aux apparences

Souvent perçue comme « sans danger », la basse tension (notamment le 220V domestique) est en réalité suffisante pour tuer, surtout en cas de contact prolongé, de corps mouillé ou d’environnement conducteur (salle de bain, sol métallique, etc.).

C’est l’un des courants les plus meurtriers… précisément parce qu’il est banalisé.

Électricité statique (ESD) : un risque silencieux mais réel

L’électricité statique peut sembler anodine, simple décharge ressentie en touchant une poignée de porte, mais elle peut provoquer des étincelles en atmosphère explosive (ATEX) ou endommager gravement des composants électroniques sensibles.

Dans certains milieux industriels, une simple accumulation de charge électrostatique peut déclencher un incendie ou une détonation.

Quelles sont les causes principales d’accidents électriques ?

Les accidents électriques résultent rarement d’un simple « manque de chance ». Ils sont presque toujours le fruit d’une chaîne de défaillances : un geste imprudent, un matériel vétuste, une procédure mal appliquée ou absente. Pour prévenir efficacement le risque, il faut comprendre comment il survient.

Comment se produit une brûlure électrique ?

Les brûlures électriques, qu’elles soient externes ou internes, apparaissent lorsque le corps entre dans le circuit du courant. Voici les trois situations les plus courantes :

Contact direct

Il s’agit du cas le plus classique : le salarié touche une partie conductrice sous tension, comme un fil dénudé, une borne, ou un équipement mal isolé. Ce contact peut être accidentel (mauvaise manipulation) ou lié à une mauvaise signalisation des zones dangereuses.

Contact indirect

Le courant passe à travers un objet conducteur manipulé par le salarié : un outil en métal, une échelle en aluminium ou un chariot métallique. C’est un cas fréquent dans les environnements industriels ou les entrepôts, notamment lorsque les masses métalliques ne sont pas mises à la terre.

Arc électrique

Il n’y a pas toujours besoin de contact pour qu’un accident survienne. Un arc électrique est une décharge visible entre deux points conducteurs, par exemple entre deux câbles proches. L’arc génère une chaleur extrême, peut causer des brûlures graves, endommager la vue, ou projeter des matériaux incandescents. Ce type d’accident est rare mais redoutable, car il est souvent soudain et difficile à anticiper.

Que faire en cas d’erreur humaine ou de maintenance mal préparée ?

Beaucoup d’accidents électriques graves surviennent lors d’opérations de maintenance, de dépannage ou d’intervention ponctuelle. Dans ces moments, la précipitation, l’improvisation ou l’absence de procédure peuvent transformer une simple opération technique en tragédie. La règle d’or : préparer chaque intervention comme une situation à risque élevé, même pour les gestes réputés simples.

Avoir une habilitation électrique

Aucune intervention ne doit être effectuée sans habilitation. Les habilitations électriques (H0-B0, B1, BR, BC, etc.) sont encadrées par la norme NF C18-510 et conditionnées à une formation spécifique.

Elles garantissent que l’intervenant connaît les risques liés à son niveau d’intervention, les gestes autorisés et les protections à mettre en œuvre. Sans cela, l’intervention est illégale et dangereuse.

Protéger les zones d’intervention

Avant toute opération, il est impératif de sécuriser physiquement l’environnement :

  • Verrouillage des accès pour empêcher toute entrée accidentelle dans la zone de travail
  • Panneaux de sécurité clairs, visibles, normalisés
  • Coupure de l’alimentation électrique, avec vérification de l’absence de tension à l’aide d’un dispositif homologué

Porter les EPI spécifiques

Les EPI ne sont pas négociables. En contexte de maintenance, ils doivent être adaptés au niveau de tension, au type d’intervention, et à l’environnement de travail (intérieur, extérieur, zone humide, etc.).

Consigner les installations

La consignation électrique est une étape critique pour éviter les remises en tension intempestives :

  • Cadenas de consignation pour interdire toute réactivation manuelle
  • Bloque-disjoncteurs empêchant le déclenchement involontaire de l’alimentation
  • Étiquettes de consignation indiquant clairement qui intervient, sur quoi, et à quel moment
  • Stations de consignation complètes regroupant l’ensemble du matériel de consignation et facilitant son accès rapide.

Comment se prémunir contre l’électricité statique ?

Souvent banalisée, l’électricité statique peut pourtant provoquer des décharges dangereuses, en particulier dans les environnements sensibles ou les zones ATEX (atmosphères explosives). Un simple frottement, une surface mal isolée ou une matière synthétique mal adaptée peuvent suffire à générer une étincelle.

Pour limiter ce risque, plusieurs mesures simples mais ciblées sont à mettre en place :

  • Mise à la terre des installations : pour évacuer les charges accumulées de manière sécurisée
  • Humidification de l’air ambiant : un air trop sec favorise l’accumulation de charges électrostatiques
  • Utilisation de vêtements antistatiques : chaussures, combinaisons ou gants conçus pour éviter la formation de charges
  • Surveillance des zones ATEX : application stricte des protocoles de sécurité, usage d’outils certifiés, détection de charges résiduelles

Comment se protéger contre la foudre ?

Travailler en plein air expose certains professionnels à un risque ponctuel mais potentiellement fatal : la foudre. Ce phénomène naturel peut provoquer une électrocution directe ou indirecte, par contact avec des structures métalliques ou des installations non protégées.

Voici les mesures de prévention à privilégier :

  • Éviter de travailler en hauteur (échafaudages, pylônes, toitures) en cas de prévision orageuse
  • Installer des paratonnerres et dispositifs de mise à la terre sur les bâtiments, grues ou structures fixes
  • Suivre les bulletins météo et suspendre immédiatement les activités en cas d’alerte orageuse ou de détection de risque imminent

Les risques professionnels individuels

Sources

Laurent Corbé

Laurent Corbé est expert en risques professionnels. Il est le fondateur d'Abisco.fr, un site leader dans la commercialisation d'Equipements de Protection Individuelle

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