Risque d'étouffement

Risques d’étouffement, suffocation et asphyxie au travail : comprendre, prévenir, protéger

Par Laurent Corbé , le 30 juin 2025 , mis à jour le 10 juillet 2025 - 19 minutes de lecture

Table des matières

Les risques d’étouffement, de suffocation et d’asphyxie au travail restent largement sous-évalués dans les politiques de prévention alors qu’ils peuvent entraîner des conséquences immédiates, parfois mortelles. Obstructions des voies respiratoires, atmosphères appauvries en oxygène ou exposition à des gaz inertes : autant de scénarios critiques qui touchent des secteurs variés.

Certaines activités présentent une plus grande vulnérabilité face à ces risques :

  • Industries chimiques et pétrochimiques, en raison de la manipulation de gaz asphyxiants,
  • Travaux en espaces confinés (cuves, silos, tunnels),
  • BTP, agriculture ou gestion des déchets, là où la ventilation est parfois insuffisante.

Ces risques individuels au travail ne sont pas toujours visibles. Ils surviennent souvent sans signe avant-coureur dans des environnements familiers, ce qui renforce l’urgence de mettre en place des dispositifs de prévention adaptés, basés sur une évaluation rigoureuse et des données fiables.

Les risques d’étouffement, de suffocation et d’asphyxie au travail

Si tous ces risques relèvent d’un trouble respiratoire potentiellement mortel, leurs réalités sont bien distinctes et il est important de les différencier.

A. Définitions et distinctions

Chacun de ces risques met en jeu une privation d’oxygène, mais par des causes et dans des contextes différents. Leur identification précise conditionne l’efficacité des mesures de prévention.

Étouffement : obstruction aiguë des voies respiratoires

L’étouffement survient lorsqu’un objet, une substance ou une particule bloque partiellement ou totalement les voies respiratoires supérieures (bouche, pharynx, larynx). Cette obstruction mécanique empêche l’air de parvenir aux poumons et entraîne une hypoxie rapide. L’absence d’intervention immédiate peut provoquer une perte de conscience, voire un arrêt cardiorespiratoire.

Certaines activités exposent les travailleurs à des risques accrus d’étouffement, notamment en raison de la manipulation de matériaux fins ou de pièces de petite taille.

Situations à risque d’étouffement en milieu professionnel
Environnement de travailExposition ou activité à risqueMécanisme ou circonstance à risque
Ateliers de découpe et ponçage (bois, plastique, métal, textile)Inhalation de poussières, de copeaux, de fibresObstruction partielle ou totale des voies respiratoires
Chaînes de montage et maintenance industrielleManipulation de petites pièces (vis, rondelles, composants)Risque d’ingestion ou d’inhalation accidentelle
AgroalimentaireManipulation de poudres (farine, épices, lait en poudre) ou de capsulesSuspension dans l’air, inhalation ou aspiration involontaire
Nettoyage industriel et travail au solInterventions à genoux ou en position contraignanteRéflexes limités en cas d’étouffement, gestes de secours retardés

L’étouffement peut aussi survenir de manière indirecte, en utilisant des équipements de protection inadaptés ou mal positionnés (masques filtrants, embouts respiratoires), notamment dans des contextes de travail physique intense.

Suffocation : privation d’oxygène due à l’atmosphère de travail

La suffocation désigne une situation dans laquelle la respiration devient difficile, voire impossible, à cause d’une atmosphère appauvrie en oxygène. Elle peut être provoquée par la présence de gaz inertes, un défaut de ventilation ou l’accumulation de substances volatiles qui empêchent l’organisme de capter l’oxygène ambiant.

Contrairement à l’étouffement, la suffocation ne résulte pas d’un corps étranger bloquant l’air, mais d’une altération de la qualité de l’air lui-même. Les effets sont souvent insidieux : la victime peut ne pas détecter l’anomalie avant que les premiers symptômes (vertiges, troubles de la concentration, essoufflement) ne surviennent.

Situations à risque de suffocation en milieu professionnel
Environnement de travailActivité ou procédé concernéRisque identifié
Espaces confinés mal ventilés (cuves, silos, fosses…)Travaux de maintenance ou d’inspection, sans test atmosphérique préalableChute du taux d’oxygène < 17 % (asphyxie progressive)
Industrie chimique, métallurgie, laboratoiresUtilisation de gaz inertes (azote, argon) pour inertage ou protection thermiqueAtmosphère appauvrie en oxygène, sans signe sensoriel
Métiers de l’entretien et de la peinture industrielleApplication de produits volatils ou solvants organiques, souvent en espace closPerturbation de la respiration, inhalation de vapeurs toxiques
Environnements mal ventilés (locaux techniques, souterrains)Évaporation de solvants ou de colles industriellesAtmosphère irrespirable, risque de suffocation lente

La suffocation peut également survenir dans des lieux très encombrés, mal climatisés ou lors de dysfonctionnement des systèmes de ventilation, notamment dans des camions-citernes, des conteneurs ou des salles techniques.

Asphyxie : arrêt progressif de l’oxygénation vitale

L’asphyxie désigne un état de détresse respiratoire aiguë provoqué par une privation durable d’oxygène, qu’elle soit due à une obstruction, une défaillance de l’appareil respiratoire ou une altération de l’atmosphère. Elle entraîne une hypoxie des tissus et des organes, pouvant provoquer une perte de conscience, des lésions cérébrales irréversibles, voire la mort en quelques minutes si aucune intervention n’est menée.

L’asphyxie est souvent la conséquence ultime d’un étouffement ou d’une suffocation non traitée. Mais elle peut également survenir de manière directe, par exposition à des gaz asphyxiants ou à des atmosphères pauvres en oxygène dans des environnements industriels mal contrôlés.

Une atmosphère contenant moins de 16 % d’oxygène est déjà incompatible avec un travail prolongé. Sous 10 %, la perte de conscience est rapide et les séquelles potentiellement irréversibles.

Situations à risque d’asphyxie en milieu professionnel
Environnement ou activitéMécanisme de risqueExemples de gaz ou phénomènes en cause
Espaces clos mal ventilés (cuves, silos, fosses)Consommation ou déplacement de l’oxygène par réactions chimiques (fermentation, oxydation)CO₂, décomposition organique, combustion lente
Secteurs industriels ou agricolesExposition à des gaz asphyxiants, souvent inodores et non détectables sans capteursCO₂, CH₄, CO, H₂S
Soudure, découpe thermique, nettoyage à chaudAccumulation de gaz réactifs ou inertes dans l’atmosphèreArgon, azote, vapeurs métalliques
Sites avec risques de fuite (cryogénie, stockage de gaz)Déplacement soudain de l’oxygène par dégazage ou expansion rapideO₂ déplacé par l’azote liquide ou le gaz stocké

Selon l’INRS, les accidents mortels liés à l’asphyxie surviennent majoritairement dans des espaces confinés mal surveillés, sans ventilation active ni dispositif de détection des gaz.

B. Statistiques et risques majeurs en milieu professionnel

Les accidents liés à l’étouffement, la suffocation ou l’asphyxie restent relativement peu fréquents, mais leur taux de gravité est particulièrement élevé. Ils figurent parmi les causes principales d’accidents mortels dans certains secteurs techniques et industriels, notamment en espaces confinés.

Statistiques de sécurité au travail : une gravité sous-estimée

Selon l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), les accidents liés à l’asphyxie sont majoritairement observés dans des environnements clos ou mal ventilés où l’air peut rapidement devenir irrespirable sans signes visibles ni odorants.

Quelques chiffres clés
IndicateurDonnées vérifiées
Proportion des décès en milieu confiné liés à une asphyxieenviron 10 %, principalement en lien avec des atmosphères appauvries en oxygène ou saturées de gaz inertes
Secteur le plus touchéIndustrie chimique où les gaz réactifs ou inertes sont fréquents et les espaces clos nombreux
Risque lors des travaux sans vérification atmosphériqueRisque multiplié par 3 lors de nettoyages ou de maintenances sans test préalable dans silos, fosses, cuves ou réservoirs

La majorité des accidents mortels surviennent lors d’interventions de courte durée, souvent perçues comme « sans danger », et en l’absence de procédure stricte ou de capteur fonctionnel.

Secteurs particulièrement exposés

Les risques d’étouffement, de suffocation et d’asphyxie sont concentrés dans des secteurs où la qualité de l’air est susceptible d’être altérée par des substances volatiles, des gaz ou une mauvaise ventilation :

Secteur d’activitéRisques identifiés
Industrie chimique et pétrochimiquePrésence de gaz inertes (azote, argon), atmosphères explosives ou pauvres en oxygène
BTP, maintenance industrielleTravaux en espaces clos (tuyauteries, fosses, silos), défauts de ventilation, inhalation de poussières
Agriculture et agroalimentaireAccumulation de gaz issus de la fermentation (méthane, CO₂) dans des silos ou fosses à lisier
Traitement des déchetsExposition à des poches de gaz, à des poussières toxiques ou à des vapeurs issues de décomposition chimique
Laboratoires et centres de rechercheManipulation de gaz réactifs ou inertes en espaces clos, souvent invisibles sans détecteur

Les risques d’asphyxie sont aussi régulièrement signalés dans les interventions d’urgence (pompiers, assainissement, secours en milieu clos) où l’absence de reconnaissance préalable de l’atmosphère peut se révéler fatale.

Causes et facteurs contributifs des accidents

Les accidents d’étouffement, de suffocation ou d’asphyxie ne relèvent pas uniquement de la fatalité : ils résultent souvent d’une combinaison de facteurs techniques, organisationnels et comportementaux. Identifier ces causes permet d’agir efficacement en amont.

A. Environnement de travail

Certains environnements, par leur configuration ou leur fonctionnement, exposent les travailleurs à des conditions atmosphériques dégradées. Espaces confinés, atmosphères appauvries en oxygène ou polluées par des gaz : ces risques sont souvent invisibles… jusqu’à l’accident.

Espaces confinés : des volumes clos à haut risque

Les espaces confinés désignent des environnements fermés, partiellement ou totalement, qui ne sont pas conçus pour une présence humaine prolongée. Leur configuration limite fortement le renouvellement naturel de l’air, ce qui peut entraîner une accumulation de gaz dangereux ou une diminution rapide de l’oxygène disponible.

Ces zones comprennent notamment :

  • Silos, cuves, réservoirs
  • Fosses, égouts, puits, tunnels
  • Galeries techniques, canalisations ou chambres de visite.

On les retrouve dans de nombreux secteurs d’activité, notamment :

  • Industrie (chimique, agroalimentaire, métallurgie)
  • BTP (travaux souterrains, fondations)
  • Agriculture (stockage de grains, fosses à lisier)
  • Assainissement et traitement des eaux
  • Maintenance industrielle ou municipale

En raison de leur faible aération et des risques atmosphériques qu’ils présentent, ces espaces doivent faire l’objet de protocoles stricts d’accès et de surveillance.

Pourquoi les espaces confinés sont-ils si dangereux ?

Les espaces confinés présentent une concentration unique de facteurs de risque, souvent invisibles, mais potentiellement mortels en quelques minutes. Leur dangerosité repose sur quatre éléments clés :

Facteur de risqueEffet ou conséquence
Ventilation naturelle quasi inexistanteL’air circule mal, favorisant l’accumulation de gaz (inertes, toxiques) ou une chute de l’oxygène ambiant.
Consommation d’oxygène par les matériaux ou réactions chimiquesFermentation, oxydation ou corrosion peuvent appauvrir rapidement l’atmosphère sans dégagement perceptible.
Substitution de l’oxygène par des gaz inertesAzote, dioxyde de carbone, argon : inodores et invisibles, ils remplacent l’oxygène sans alarme sensorielle.
Effet de confinement thermique ou chimiqueLa chaleur, l’humidité ou les vapeurs stagnantes accentuent les troubles respiratoires, surtout en cas d’effort.
Seuils critiques à connaître

Le niveau d’oxygène dans l’air ambiant est un paramètre de sécurité absolue. Même en l’absence d’odeur ou de signe visible, une atmosphère appauvrie peut provoquer des symptômes graves en quelques minutes.

Ce tableau rappelle les seuils à surveiller, leurs effets physiologiques et les mesures à adopter.

Taux d’oxygèneEffets sur le corps humainConséquences possibles
≥ 19,5 %Zone de confort respiratoire (norme minimale)Aucun effet physiologique observé
17–19 %Tolérable à l’effort, mais début de gêne possibleFatigue, baisse de vigilance
14–17 %Hypoxie modéréeVertiges, essoufflement, troubles de l’attention
10–14 %Hypoxie sévèreNausées, confusion, perte de coordination
6–10 %Hypoxie aiguëPerte de conscience rapide, arrêt respiratoire possible
< 6 %Risque vital immédiatMort par asphyxie en quelques minutes

En dessous de 17 %, les premiers symptômes (étourdissement, confusion) peuvent apparaître en moins de 5 minutes, notamment en cas d’effort physique. D’où l’importance d’un test atmosphérique systématique avant toute intervention.

Exemples concrets d’accidents en espace confiné

Les accidents liés aux atmosphères appauvries en oxygène ou saturées en gaz nocifs ne sont pas rares. Ils surviennent souvent lors d’interventions banales, faute de tests préalables, de ventilation suffisante ou d’équipements de protection adaptés.

Voici quelques cas emblématiques issus du terrain :

Contexte professionnelDéfaillance observéeConséquences
Cuve de fermentation (agroalimentaire)Aucune vérification préalable de la teneur en oxygèneTaux < 17 %, vertiges chez plusieurs ouvriers, évacuation d’urgence
Conteneur métallique avec solvants (nettoyage manuel)Cuve fermée, sans ventilation, évaporation de produits chimiquesSaturation de l’air, atmosphère irrespirable en quelques minutes, intervention externe requise
Puits de captation agricoleAbsence de détecteur de gaz, fermentation anaérobie en coursLibération de méthane et CO₂, chute de tension brutale, perte de connaissance d’un agent isolé

Toute intervention en espace confiné doit être précédée d’une analyse d’atmosphère, accompagnée d’équipements adaptés : détecteurs, ventilation, EPI, harnais et surveillance externe.

Présence de gaz toxiques ou inertes : un danger invisible mais mortel

En milieu professionnel, de nombreux accidents d’asphyxie ou de suffocation sont dus à la présence de gaz qui déplacent l’oxygène ou interfèrent avec la respiration. Ces gaz peuvent être inertes ou toxiques. Leur dangerosité tient au fait qu’ils sont souvent inodores, incolores et indolores, donc indétectables sans capteur spécialisé.

Principaux gaz à risque en milieu de travail

De nombreux gaz présents sur les lieux de travail peuvent provoquer une asphyxie, une intoxication ou une perte de conscience en l’absence de détection. Certains sont inertes et remplacent silencieusement l’oxygène, d’autres sont toxiques même à faible dose. Ils peuvent être produits par des procédés industriels, des réactions chimiques ou la simple fermentation de matières organiques.

Le tableau ci-dessous résume les principaux gaz rencontrés, leur origine et leurs effets physiologiques.

GazTypeOrigine professionnelle couranteEffet physiologique
Azote (N₂)InerteAtmosphère de protection, inertage de cuves, cryogénieDéplacement de l’oxygène sans alarme sensorielle
Dioxyde de carbone (CO₂)Asphyxiant chimiqueFermentation, extinction incendie, production agroalimentaireHyperventilation, perte de conscience rapide
Monoxyde de carbone (CO)ToxiqueCombustion incomplète (engins thermiques, chaudières, soudure)Empêche le transport de l’oxygène dans le sang
Méthane (CH₄)Inerte + explosifExtraction minière, stations d’épuration, déchets organiquesDéplacement de l’oxygène, risque d’explosion
Sulfure d’hydrogène (H₂S)ToxiqueDécomposition organique, industrie pétrolière, stations d’épurationParalysie du centre respiratoire à forte concentration

Même un gaz réputé “inoffensif” comme l’azote peut provoquer la mort en quelques minutes en cas d’exposition dans un espace clos. À partir de 10 % d’azote dans l’atmosphère, le risque vital devient immédiat.

Exemples concrets d’exposition à des gaz asphyxiants

Les accidents liés à des gaz inertes ou toxiques surviennent souvent lors d’opérations banales dans des environnements mal ventilés ou sans détection préalable.

Voici quelques situations réelles illustrant les conséquences d’une exposition non contrôlée à ces gaz dangereux.

SituationContexte professionnelGaz en causeConséquences
Remplissage d’une cuve sous azoteIndustrie chimique, absence de détecteur portableAzote (N₂)Chute rapide du taux d’oxygène, perte de connaissance en < 2 minutes
Fuite dans une chambre froideSite de stockage alimentaire, accumulation non détectéeDioxyde de carbone (CO₂)Gaz lourd, accumulation au sol → opérateur retrouvé inconscient
Descente dans une fosse à bouesStation d’épuration, pas de ventilationSulfure d’hydrogène (H₂S)Inhalation à > 500 ppm → paralysie respiratoire et décès immédiat

Ces situations mettent en évidence l’importance de tester systématiquement l’atmosphère, de porter un détecteur individuel multigaz et de prévoir une surveillance externe active pour toute intervention en zone à risque.

Obstruction partielle des voies respiratoires : le risque discret des particules fines

Dans de nombreux environnements de production ou de transformation, les travailleurs sont exposés à des poussières, des fibres ou des particules microscopiques susceptibles d’obstruer partiellement les voies respiratoires.

Ce type de danger n’entraîne pas toujours une asphyxie immédiate, mais peut provoquer des difficultés respiratoires aiguës, des étouffements ou à plus long terme, des pathologies chroniques (asthme, broncho-pneumopathies, fibroses, etc.).

Sources professionnelles courantes d’exposition

De nombreux secteurs exposent les travailleurs à des poussières, des fibres ou des particules susceptibles d’obstruer partiellement les voies respiratoires. Ces émissions, parfois invisibles à l’œil nu, peuvent provoquer des gênes immédiates (toux, suffocation), mais aussi des complications plus graves si l’exposition est répétée ou massive.

Le tableau ci-dessous synthétise les principaux environnements concernés, les sources d’émission et les effets observés en situation réelle.

EnvironnementSources d’émissionEffets immédiats
Scieries, menuiseriesSciage, ponçage, rabotage du boisInhalation de copeaux et poussières, risque d’étouffement
Carrières, cimenteriesConcassage, broyage, sablageIrritation des muqueuses, obstruction partielle des voies aériennes
Usines textilesFibres flottantes, poussières de tissu synthétique ou naturelToux, gêne respiratoire, suffocation en atmosphère saturée
AgroalimentaireFarine, cacao, épices en poudre, lait en poudreRisque d’inhalation massive ou ingestion accidentelle
Industrie pharmaceutique ou cosmétiquePoudres actives, silices, excipients volatilsRisques d’allergies, d’irritation ou de micro-obstruction bronchique
Exemples de situations à risque d’inhalation de particules

Les poussières fines, les fibres flottantes et les résidus pulvérulents peuvent provoquer des étouffements ou des détresses respiratoires lorsqu’ils sont inhalés en l’absence de protection adaptée.

Ces situations sont fréquentes dans les secteurs de la transformation, du bâtiment, du textile ou de la chimie fine.

Situation professionnelleDéfaillance identifiéeConséquences
Usine de transformation alimentaireNettoyage à sec d’un poste à poudres, sans masque FFPNuage de farine, toux intense, respiration difficile → arrêt immédiat
Cimenterie – maintenance après broyageRésidus pulvérulents, absence de ventilation localeAccumulation dans les voies respiratoires → hospitalisation en urgence
Atelier textile non ventiléExposition chronique aux fibres, pas d’extraction ni de masqueGêne respiratoire progressive → évacuation pour détresse respiratoire

B. Facteurs comportementaux et organisationnels

Au-delà des dangers techniques ou environnementaux, de nombreux accidents liés à l’étouffement, à la suffocation ou à l’asphyxie trouvent leur origine dans des défaillances humaines ou organisationnelles. Erreurs de jugement, absence de formation ou défaut de supervision transforment des environnements déjà sensibles en véritables pièges.

Méconnaissance des risques : un défaut de culture sécurité

L’un des facteurs aggravants les plus fréquents est le manque de sensibilisation spécifique aux risques respiratoires. Trop souvent, les travailleurs ignorent :

  • La nature invisible des gaz dangereux qui ne dégagent ni odeur, ni couleur.
  • La rapidité d’apparition des symptômes, parfois en moins de deux minutes.
  • L’importance des tests d’atmosphère préalables, notamment en milieu clos ou semi-ouvert.

Ce déficit de connaissance touche aussi les encadrants qui peuvent négliger d’imposer des procédures strictes ou minimiser l’utilité d’un équipement de détection.

Erreurs humaines : des gestes à haut risque

De nombreux accidents graves ou mortels en milieu confiné sont liés à des comportements inappropriés, souvent répétés par habitude ou sous-estimés. Ces gestes à première vue anodins peuvent exposer directement les travailleurs à un danger vital.

Pratique à risqueContexte typiqueConséquence potentielle
Entrée sans test d’atmosphèreMaintenance dans une cuve, un silo ou une fosseChute brutale d’oxygène, perte de conscience
Absence de protection respiratoireZones poussiéreuses ou chargées en particulesÉtouffement, détresse respiratoire aiguë
Désactivation d’une alarme gazAlarme perçue comme trop sensible ou intrusiveNon-détection d’un seuil critique → asphyxie silencieuse
Oubli d’un collègue en espace closFin de poste ou défaut de suiviIntervention tardive, décès par isolement

Maintenance défaillante : des dispositifs critiques négligés

Même les équipements de sécurité les plus performants deviennent inopérants s’ils ne sont pas régulièrement contrôlés, entretenus ou calibrés. Dans les environnements à risques respiratoires, une maintenance insuffisante constitue un facteur aggravant majeur, souvent sous-estimé.

Équipements critiques : l’oubli de maintenance peut tuer

La présence d’équipements de sécurité ne garantit rien si leur entretien est négligé. Dans les environnements à risque respiratoire, la moindre défaillance d’un détecteur, d’une alarme ou d’un système de communication peut transformer une intervention banale en drame.

Le tableau suivant recense les équipements essentiels et les conséquences directes d’un défaut de maintenance.

ÉquipementRisques liés à l’absence de maintenance
Systèmes de ventilationSaturation de l’air en gaz inertes ou toxiques, stagnation de poussières, atmosphère appauvrie en oxygène
Détecteurs de gaz (fixes ou portables)Fausse sécurité : gaz non détectés, seuils non actualisés, capteurs défectueux
Alarmes de sécurité sonore ou visuelleAbsence de déclenchement en cas de chute du taux d’oxygène ou d’accumulation de gaz dangereux
Systèmes de communication (talkie-walkie, balise de détresse)Isolation d’un travailleur en espace confiné en cas de malaise ou d’urgence
Exemples de conséquences liées à un défaut de maintenance

L’absence de maintenance régulière transforme les dispositifs de sécurité en faux-semblants. Qu’il s’agisse d’un capteur mal étalonné, d’une alarme ignorée ou d’un système de ventilation hors service, les incidents ci-dessous illustrent l’impact direct de ces négligences sur la sécurité des travailleurs.

Équipement concernéDéfaillance observéeConséquence
Détecteur de gazNon calibré depuis 18 mois (usine de traitement)Fuite de CO₂ non détectée → deux agents retrouvés inconscients
Ventilation mécaniqueSignalement ignoré dans une station de relevageAccumulation de méthane → intervention sous atmosphère explosive
Alarme sonoreDésactivée puis non remplacée dans un silo à céréalesPerte de vigilance → exposition prolongée à un dégagement gazeux connu

Ces incidents montrent que l’absence de vérification régulière annule l’efficacité du système de prévention et crée une illusion de sécurité. La maintenance préventive des dispositifs de sécurité est aussi stratégique que leur présence physique.

Selon le Code du travail (articles R.4222-17 à R.4222-22), l’employeur est tenu de vérifier l’efficacité des installations de ventilation et des dispositifs de détection de manière régulière, avec traçabilité à l’appui.

Les risques professionnels individuels

Sources

 

Laurent Corbé

Laurent Corbé est expert en risques professionnels. Il est le fondateur d'Abisco.fr, un site leader dans la commercialisation d'Equipements de Protection Individuelle

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