Risque biologique

La législation et les normes applicables

Par Laurent Corbé , le 7 juillet 2025 , mis à jour le 10 juillet 2025 - 6 minutes de lecture

La prévention des risques biologiques repose sur un cadre réglementaire exigeant qui s’étend de la réglementation française à la législation européenne, en passant par les recommandations internationales. Cet ensemble juridique vise à protéger les travailleurs exposés à des agents pathogènes, tout en garantissant une traçabilité et une gestion rigoureuse des expositions professionnelles.

Code du travail – Cadre juridique national

Le titre II du livre IV de la partie réglementaire du Code du travail encadre spécifiquement la prévention des expositions à des agents biologiques dans les milieux professionnels.

Articles clés

ArticleContenuFinalité
R. 4421-1Obligation d’évaluer les risques biologiques dans tout poste de travail concernéIntégration obligatoire dans le DUERP
R. 4421-3Classification des agents biologiques en quatre groupes selon leur dangerositéPermet d’adapter les mesures de prévention
R. 4424-1 à R. 4424-4Hiérarchie des mesures de prévention : suppression, réduction à la source, protection collective, EPIPrincipe de prévention par ordre d’efficacité
R. 4425-3Formation obligatoire des travailleurs susceptibles d’être exposés à des agents biologiques des groupes 2 à 4Sensibilisation, bons gestes, conduite à tenir
R. 4426-1Obligation de tenir une fiche individuelle d’exposition pour les agents des groupes 3 et 4Suivi à long terme de l’exposition des salariés
R. 4426-6Suivi médical post-exposition obligatoireGarantir la santé du salarié en cas d’incident
R. 4427-5Mesures spécifiques en cas de grossesse ou de pathologie préexistanteProtection des salariés vulnérables

Déclaration obligatoire des activités à risque

Conformément à l’article R. 4421-6, toute entreprise amenée à manipuler ou exposer son personnel à des agents biologiques classés en groupe 3 ou 4 doit :

  • Faire une déclaration préalable à l’inspection du travail, accompagnée d’un dossier technique,
  • Obtenir, si nécessaire, l’avis du médecin du travail et du CSE (Comité Social et Économique),
  • Prévoir des plans de confinement (notamment pour les laboratoires P3 et P4).

Directives européennes – Une harmonisation à l’échelle de l’UE

Face à la diversité des environnements professionnels et à la circulation croissante des agents pathogènes, l’Union européenne a adopté des directives communautaires dont le but est de garantir une protection minimale harmonisée des travailleurs sur tout le territoire. Parmi celles-ci, la directive 2000/54/CE constitue le texte central en matière de risques biologiques au travail.

Directive 2000/54/CE du 18 septembre 2000

Objet : Protection des travailleurs contre les risques liés à l’exposition à des agents biologiques au travail.

Cette directive s’applique à tous les employeurs dont l’activité expose, ou peut exposer, les travailleurs à des micro-organismes potentiellement pathogènes (bactéries, virus, parasites, champignons, prions).

Principes fondamentaux de la directive

ObligationDescription
Évaluation préalable des risquesL’employeur doit analyser les activités susceptibles d’exposer les salariés à des agents biologiques, identifier les agents en cause et estimer les niveaux d’exposition
Classification des agents biologiquesEn 4 groupes selon leur niveau de danger, leur pouvoir pathogène, leur transmissibilité et la possibilité de traitement ou de prévention
Mesures de prévention graduéesPrévention hiérarchisée : suppression du risque, confinement adapté, équipements collectifs, EPI, formation
Procédures d’urgenceObligatoires en cas d’exposition accidentelle : premiers soins, information des autorités sanitaires, suivi médical immédiat et à long terme

Cette directive oblige également les États membres à tenir à jour une liste des agents biologiques connus et à informer les travailleurs sur les risques spécifiques à leur poste.

Transposition dans le droit français

La directive 2000/54/CE a été transposée en droit français par les articles R. 4421-1 à R. 4427-5 du Code du travail, qui en reprennent l’essentiel :

  • Les obligations d’évaluation (DUERP),
  • La classification des agents (article R. 4421-3),
  • Les mesures de protection collective et individuelle,
  • Les procédures post-exposition (R. 4426-6),
  • La tenue du registre d’exposition pour les groupes 3 et 4.

Cette harmonisation permet aux travailleurs européens de bénéficier d’un niveau de sécurité comparable, quelle que soit leur localisation dans l’UE tout en laissant chaque pays libre d’adopter des mesures plus protectrices.

Normes ISO et référentiels AFNOR – Bonnes pratiques standardisées

Si la législation impose un socle minimal de mesures de prévention face aux risques biologiques, de nombreuses normes volontaires (ISO et AFNOR) permettent aux entreprises d’aller plus loin, en structurant leurs démarches selon des référentiels reconnus internationalement. Ces normes ne sont pas juridiquement contraignantes, mais leur application renforce la robustesse des dispositifs de biosécurité et facilite les contrôles ou audits de qualité.

Normes applicables par domaine

NormeDomaineObjectif
ISO 45001Santé et sécurité au travail (SST)Définir un système de management intégré de la prévention, incluant l’analyse des risques, la planification des actions, le suivi des incidents et la consultation du personnel
ISO 15190Laboratoires médicauxSpécifie les exigences de sécurité biologique dans les laboratoires traitant des agents infectieux, avec obligations sur les zones de confinement, la gestion des EPI, la désinfection, les flux de circulation
NF X30-503Déchets à risques infectieux (DASRI)Détaille les modalités de tri, conditionnement, stockage, collecte et élimination des déchets infectieux, selon le type de producteur (hôpital, laboratoire, industrie)
NF EN 14126Équipements de protection individuelleDéfinit les critères de performance des vêtements de protection contre les agents biologiques, avec des tests de pénétration virale, bactériologique, en aérosol ou en liquide

Intérêts pratiques de ces normes

Au-delà des obligations légales, les normes offrent un cadre structurant qui facilite la mise en place de bonnes pratiques sur le terrain. Elles assurent :

  • Structuration des procédures internes autour d’un système cohérent et auditables,
  • Réduction du risque juridique en cas d’accident, en montrant l’alignement avec les meilleures pratiques,
  • Reconnaissance de la qualité des dispositifs de sécurité en cas de certification ou d’appel d’offres,
  • Amélioration continue grâce aux processus de révision, d’indicateurs de performance et de retour d’expérience intégrés dans ces référentiels.

Une entreprise certifiée ISO 45001 démontre à ses partenaires et ses autorités qu’elle intègre activement la prévention biologique dans sa gouvernance, au même titre que les autres risques professionnels.

Bonnes pratiques associées à ces normes

Action recommandéeLien avec les normes
Réalisation d’un audit interne annuelISO 45001, ISO 15190
Validation des EPI en fonction des normes techniquesNF EN 14126
Mise en place d’un plan de gestion des déchets traçableNF X30-503
Formation continue sur les référentielsToutes normes liées à la biosécurité

La gestion des risques biologiques

Sources

Laurent Corbé

Laurent Corbé est expert en risques professionnels. Il est le fondateur d'Abisco.fr, un site leader dans la commercialisation d'Equipements de Protection Individuelle

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