Risque de brulure

Premiers secours en cas de brûlure au travail : quelles réactions immédiates sauveront des vies et limiteront les séquelles ?

Par Laurent Corbé , le 4 juillet 2025 , mis à jour le 10 juillet 2025 - 10 minutes de lecture

En cas de brûlure sur le lieu de travail, la rapidité et l’adéquation des gestes de premiers secours sont cruciales. Ils permettent de limiter l’extension des lésions, d’éviter les complications et, dans certains cas, de sauver la vie ou les membres du salarié. Selon l’INRS, une prise en charge dans les 10 premières minutes réduit significativement la gravité de la brûlure et améliore le pronostic de récupération.

Chaque type de brûlure professionnelle exige une réponse spécifique. Voici les protocoles essentiels à connaître.

Brûlures thermiques

En cas de brûlure thermique, il est crucial de refroidir immédiatement la zone touchée avec de l’eau tiède, idéalement entre 15 et 25 °C pendant 10 à 15 minutes. L’usage de glace ou d’eau très froide est déconseillé, car cela peut aggraver la lésion en provoquant une hypothermie locale. Si aucun point d’eau n’est disponible, on peut recourir à une solution de secours : envelopper la zone avec une couverture isotherme, appliquer un gel hydratant adapté ou utiliser un tissu propre humidifié.

Il ne faut jamais percer les cloques ni appliquer de corps gras qui risqueraient d’infecter la plaie ou de gêner son évaluation médicale. Il est également recommandé de retirer les vêtements et bijoux autour de la zone brûlée, à condition qu’ils ne soient pas collés à la peau.

La gravité de la brûlure détermine la suite à donner : si la surface touchée dépasse celle de la paume de la main ou si la brûlure est localisée sur le visage, les mains, les pieds, les articulations ou les voies respiratoires, il faut consulter sans délai ou contacter les secours. Dans les environnements professionnels à risque, une douche d’urgence doit être installée à proximité immédiate, à moins de dix secondes d’accès, afin de garantir une intervention rapide dès les premières secondes critiques.

Brûlures chimiques

Face à une brûlure chimique, la priorité est de retirer rapidement les vêtements souillés tout en évitant d’étaler la substance sur une zone plus large. Le rinçage doit ensuite être immédiat, abondant et prolongé : il est recommandé de laisser couler de l’eau claire sur la zone touchée pendant au moins 15 minutes sans interruption, même si la douleur semble modérée ou s’atténue rapidement. L’objectif est d’éliminer totalement l’agent chimique dont les effets peuvent se poursuivre en profondeur bien après le contact initial.

Il ne faut surtout pas chercher à neutraliser soi-même le produit sauf si le protocole de l’entreprise prévoit l’usage d’une solution spécifique comme la diphotérine®. Cette intervention doit rester encadrée par une consigne claire, car une mauvaise neutralisation peut empirer les lésions.

En cas de projection dans l’œil, le rinçage doit s’effectuer à l’aide d’une solution oculaire stérile ou, à défaut, d’eau propre, en gardant la tête penchée vers le bas afin d’éviter toute contamination croisée. Quelle que soit l’apparence de la blessure, une consultation médicale immédiate est indispensable : certaines brûlures chimiques sont trompeusement indolores au début, mais évoluent de façon insidieuse et peuvent causer des dégâts profonds et irréversibles.

Enfin, pour permettre une prise en charge adaptée, la fiche de données de sécurité (FDS) du produit concerné doit impérativement être transmise aux secours ou au personnel médical. Elle contient des informations précieuses sur les substances en cause, leur niveau de danger et les traitements d’urgence recommandés.

Brûlures électriques

En cas de brûlure électrique, la toute première action consiste à couper l’alimentation électrique sans jamais toucher la victime tant que le courant n’est pas neutralisé. Le danger n’est pas uniquement thermique : le passage du courant à travers le corps peut entraîner un arrêt cardiaque, une paralysie temporaire, ou des lésions profondes invisibles en surface.

Une fois la personne mise hors de danger immédiat, il faut vérifier sa respiration et son rythme cardiaque. Ces signes vitaux peuvent être perturbés même si la victime est consciente, car l’atteinte des muscles ou du cœur ne se manifeste pas toujours immédiatement.

L’appel aux secours doit être immédiat (SAMU 15, pompiers 18 ou 112) sans attendre l’apparition de symptômes visibles. Contrairement aux brûlures classiques, il ne faut ni appliquer d’eau ni poser de pommade sur la peau. La priorité est de surveiller attentivement l’état général de la victime en attendant les professionnels, notamment en cas de perte de connaissance, de difficultés respiratoires ou de douleurs thoraciques.

Les brûlures électriques sont particulièrement trompeuses : un point d’entrée discret sur la main ou le pied peut masquer une atteinte grave des tissus internes, muscles, nerfs, organes. Seule une évaluation médicale complète permet de mesurer l’étendue réelle des lésions.

Brûlures par rayonnement

Les brûlures causées par le rayonnement, notamment solaire ou infrarouge, doivent être prises en charge dès les premiers signes, même si elles paraissent superficielles. Il est recommandé de refroidir doucement la zone touchée à l’aide d’eau fraîche ou d’un linge humide pendant quelques minutes, afin de soulager la sensation de chaleur et limiter la progression de l’inflammation cutanée.

Une fois la peau apaisée, on peut appliquer une crème hydratante ou apaisante, sans parfum, de préférence enrichie en ingrédients naturels comme l’aloé vera. Ces soins favorisent la récupération cutanée tout en réduisant l’inconfort.

Il est essentiel d’éviter toute nouvelle exposition à la source de chaleur ou au soleil dans les heures qui suivent, même si la brûlure semble bénigne. La peau fragilisée devient plus sensible aux agressions extérieures et peut aggraver la lésion si elle n’est pas protégée.

Il faut aussi surveiller l’évolution de la zone concernée, en particulier l’apparition de cloques, de rougeurs persistantes, ou de signes d’infection. Ces indicateurs doivent alerter et motiver une consultation.

Lorsque la brûlure par rayonnement s’accompagne de symptômes généraux tels que maux de tête, nausées ou étourdissements, cela peut signaler un coup de chaleur associé. Dans ce cas, il est recommandé d’installer la personne à l’ombre, de la faire s’allonger et de l’aider à se réhydrater. Si les symptômes persistent ou s’aggravent, un avis médical s’impose rapidement.

Brûlures par frottement

Les brûlures par frottement, souvent considérées comme superficielles, peuvent néanmoins devenir gênantes, douloureuses ou sources d’infection si elles ne sont pas correctement traitées. Dès que la lésion est identifiée, il convient de nettoyer la zone à l’eau claire avec un savon doux afin d’éliminer les impuretés et limiter le risque microbien.

Une fois la peau propre, l’application d’un antiseptique non alcoolisé permet de désinfecter en douceur sans irriter davantage la surface lésée. Il est ensuite recommandé de protéger la brûlure avec une crème cicatrisante ou un pansement non adhérent qui favorisera la régénération cutanée tout en évitant les frottements supplémentaires.

Si la plaie est ouverte, suinte, reste douloureuse au-delà de quelques heures ou montre des signes d’aggravation, une consultation médicale est préférable. De même, si la brûlure ne montre aucune amélioration après 48 heures ou commence à s’infecter, un suivi par un professionnel de santé permettra d’éviter des complications plus lourdes.

Même mineures, ces brûlures nécessitent une attention adaptée, en particulier lorsqu’elles se situent à des endroits sensibles ou soumis à des frottements répétés, comme les poignets, les genoux, les chevilles ou le bas du dos.

Brûlures par le froid (gelures)

Les brûlures par froid, aussi appelées gelures, nécessitent une prise en charge précise et délicate. Le premier réflexe à adopter est de ne jamais frotter ni masser la zone atteinte, même si elle est engourdie. Ces gestes peuvent aggraver les lésions en endommageant davantage les tissus déjà fragilisés par le gel.

Il faut retirer immédiatement les vêtements humides ou gelés, puis procéder à un réchauffement progressif. Celui-ci peut être effectué à l’aide de compresses tièdes, d’une couverture thermique ou simplement en plaçant la zone au contact de la chaleur corporelle, mais sans jamais recourir à l’eau chaude qui risquerait de provoquer une brûlure secondaire sur une peau insensible.

Lorsque la peau devient noire, cartonnée, cloquée ou totalement insensible, il s’agit d’une urgence médicale. Ces signes traduisent une atteinte profonde, parfois irréversible, des tissus. La personne doit être prise en charge sans délai par un service hospitalier.

Dans tous les cas, la phase de réchauffement doit être lente et contrôlée, sans exposition brutale à une source de chaleur intense. Une surveillance continue est également indispensable pour détecter d’éventuelles complications : douleur persistante, fièvre, œdème, ou apparition de cloques retardées.

Récapitulatif

Type de brûlureOrigineSecteurs concernésGravité potentiellePremiers secours clés
Brûlure thermiqueContact direct avec une flamme, un métal ou liquide chaud (bitume, huile, vapeur).BTP, métallurgie, chaudronnerie, restauration, cuisine collective.Peut aller d’une simple rougeur (1er degré) à une nécrose complète nécessitant une greffe (3e degré).Refroidir la zone à l’eau tiède pendant 15 min, ne pas percer les cloques, consulter si étendue.
Brûlure chimiqueContact avec acide fort, base concentrée, solvant, produit corrosif.Industrie chimique, nettoyage industriel, agroalimentaire, hôpitaux, agriculture.Lésions parfois invisibles au début, très profondes selon la substance (ex. acide fluorhydrique).Rincer abondamment pendant 15 min, retirer les vêtements contaminés, consulter rapidement.
Brûlure électriqueContact avec une source électrique sous tension, arc électrique.Maintenance électrique, BTP, industrie, installations techniques.Dommages internes graves, invisibles à l’œil nu (atteinte cardiaque, nerfs, muscles).Couper l’alimentation, ne pas toucher la victime sans protection, surveiller, appeler les secours.
Brûlure par rayonnementExposition prolongée à une source de chaleur rayonnante ou aux UV (soleil, four, flamme nue).BTP, travaux extérieurs, fonderie, jardinage, maintenance en extérieur.Brûlures superficielles à modérées, avec risques de déshydratation ou de coup de chaleur.Refroidir la peau, appliquer une crème apaisante, éviter toute nouvelle exposition solaire.
Brûlure par frottementFriction de la peau contre une surface dure ou un textile abrasif (cordes, sols, outils).Manutention, logistique, BTP, métiers manuels ou en contact prolongé avec des surfaces.Irritations, abrasions, voire infection si non soignée ; parfois négligée car peu douloureuse au début.Nettoyer, désinfecter, appliquer une crème cicatrisante ou un pansement adapté.
Brûlure par froidExposition prolongée au froid extrême ou contact avec des surfaces gelées (surgelés, extérieurs).Agroalimentaire (chambres froides), plein air, logistique frigorifique.Engelures modérées à graves, nécrose possible, insensibilité locale trompeuse (urgence si peau noircie).Ne pas frotter, réchauffer doucement avec des vêtements secs, consulter en cas de douleurs ou lésions.

Les brulures au travail

Sources

Laurent Corbé

Laurent Corbé est expert en risques professionnels. Il est le fondateur d'Abisco.fr, un site leader dans la commercialisation d'Equipements de Protection Individuelle

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