Brûlures solaires au travail : prévention collective et individuelle, équipements et cadre légal

Protéger les travailleurs contre les brûlures solaires exige une approche globale où l’organisation du travail, les équipements et la sensibilisation agissent de concert. Dans un cadre professionnel, il ne suffit pas de compter sur la vigilance individuelle pour lutter contre les coups de soleil.
Prévention collective : anticiper, aménager, informer
Certaines mesures collectives permettent de réduire significativement l’exposition aux rayons UV des travailleurs en extérieur :
Aménagement des zones de travail
Il est essentiel de prévoir des abris temporaires (tentes, auvents, parasols industriels) ou des installations fixes (auvents, toitures légères) dans les zones d’attente, de pause ou de travail statique. Cela permet de créer des zones d’ombre accessibles à tout moment.
Organisation des horaires
Les tâches les plus exposées doivent être planifiées en dehors des plages horaires de fort rayonnement, en privilégiant les créneaux du matin (avant 10h) ou de fin d’après-midi (après 16h). Cela réduit la charge thermique et l’intensité des UV absorbés par la peau.
Formation et sensibilisation des équipes
Une campagne de prévention bien conduite passe par l’explication des risques liés au soleil, des gestes protecteurs simples à adopter et de l’importance du suivi dermatologique régulier. Affiches, ateliers de sensibilisation, quarts d’heure sécurité ou modules e-learning sont autant d’outils possibles.
Prévention individuelle : équipements et gestes barrières contre les UV
Dans les métiers d’extérieur, la prévention passe aussi par des gestes simples et des équipements adaptés, à condition qu’ils soient effectivement disponibles, confortables, et portés correctement.
Vêtements anti-UV : une barrière mécanique indispensable
Les vêtements spécifiquement conçus pour bloquer les rayons UV doivent être certifiés UPF (Ultraviolet Protection Factor) 40 ou 50+. Cela signifie qu’ils filtrent au minimum 97,5 % des rayons nocifs. On privilégiera des manches longues, des pantalons amples et des chemises à col montant pour couvrir les zones les plus exposées : bras, nuque, torse.
Les vêtements doivent être légers, respirants et bien ajustés pour permettre une bonne évacuation de la transpiration sans sacrifier la protection. Les couleurs foncées ou traitées UV offrent généralement une meilleure défense que les tissus clairs ou usés. Dans certains cas, des accessoires comme les cache-nuques, les foulards anti-UV ou les gants légers peuvent compléter efficacement la tenue.
Crème solaire : une protection complémentaire, mais jamais accessoire
Sur les zones que les vêtements ne peuvent couvrir, visage, oreilles, cou, avant-bras, la crème solaire est essentielle. Il est recommandé d’utiliser un écran solaire à facteur de protection solaire (FPS) de 30 minimum et idéalement 50+ pour les peaux claires ou en cas d’exposition prolongée.
L’application doit être généreuse et renouvelée toutes les deux heures, ou plus fréquemment en cas de forte transpiration, de contact avec l’eau ou de frottement (casque, lunettes, vêtements). Il faut veiller à bien couvrir les zones souvent oubliées : dessus des mains, tempes, haut du torse.
La crème solaire n’est jamais un substitut aux vêtements ou à l’ombre, mais un complément indispensable.
Protection des yeux : l’oubli fréquent… aux conséquences durables
Les yeux sont particulièrement vulnérables aux rayonnements UV, notamment les UVB. L’exposition régulière peut provoquer des pathologies sérieuses : kératite, conjonctivite, cataracte ou dégénérescence maculaire.
Le port de lunettes de soleil de catégorie 3 ou 4, certifiées EN 166 ou EN 172, est recommandé dès lors que l’activité se déroule à l’extérieur. Ces lunettes doivent bloquer 100 % des UVA et des UVB et être enveloppantes ou à branches larges pour éviter l’infiltration latérale par réverbération. En milieu très lumineux ou réfléchissant (eau, neige, métal), la vigilance doit être redoublée.
Tableau récapitulatif – Prévention individuelle contre les UV
Équipement / Mesure | Caractéristiques techniques | Objectif de protection |
Vêtements anti-UV | Tissus certifiés UPF 40 ou 50+, légers, respirants, manches longues, pantalons couvrants, cols montants | Créer une barrière physique contre les rayons UV, limiter l’exposition directe de la peau |
Crème solaire à indice élevé | FPS 30 minimum, idéalement 50+, résistante à l’eau et à la transpiration, à réappliquer toutes les 2 heures | Protéger les zones découvertes (visage, nuque, bras) des effets nocifs des UVB et réduire le risque de brûlure solaire |
Lunettes de soleil normées | Normes EN 166 ou EN 172, filtrant 100 % des UVA/UVB, branches larges ou design enveloppant pour réduire la réverbération latérale | Prévenir les lésions oculaires dues aux rayonnements UV, limiter l’éblou |
Suivi médical et évaluation des risques : prévenir, détecter, ajuster
Le suivi médical et l’évaluation des expositions professionnelles aux UV permettent d’agir en amont, de détecter les signaux faibles et d’ajuster les mesures en fonction des réalités de terrain.
Surveillance dermatologique individuelle
Il est essentiel d’encourager les travailleurs à inspecter régulièrement leur peau pour repérer toute modification suspecte (tache, grain de beauté asymétrique, lésion qui ne cicatrise pas…). Un accompagnement médical spécifique peut être proposé pour les métiers les plus exposés, avec des examens dermatologiques annuels ou semestriels.
Évaluation des risques d’exposition solaire
Les employeurs doivent intégrer le risque UV dans leur Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP). Cela implique de cartographier les postes exposés, d’évaluer la durée et l’intensité des expositions, et d’adapter les mesures de prévention (organisation, EPI, sensibilisation).
Normes et recommandations spécifiques
En matière de prévention des brûlures solaires au travail, la législation française ne laisse pas place à l’interprétation : l’exposition aux rayonnements UV entre pleinement dans la catégorie des risques professionnels liés aux agents physiques. Pourtant, cette réalité est encore trop peu intégrée dans les pratiques de nombreuses entreprises, surtout dans les secteurs de l’agriculture, du BTP ou de la logistique.
Obligation générale de protection
Selon le Code du travail, l’employeur est tenu de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique des travailleurs (article L. 4121-1). Cela comprend l’évaluation des risques liés au rayonnement solaire dans le Document unique d’évaluation des risques (DUERP) ainsi que la mise en œuvre de mesures de prévention collective et individuelle.
L’exposition au soleil, dès lors qu’elle est fréquente, prolongée ou difficile à éviter, doit être considérée comme un facteur de pénibilité et de pathologie potentielle à anticiper.
Normes encadrant les équipements de protection
La législation ne se limite pas à des principes généraux : elle s’accompagne aussi de normes techniques précises, notamment pour les équipements de protection individuelle (EPI) adaptés au rayonnement UV :
EN 13758-2
Cette norme définit les exigences relatives aux vêtements offrant une protection UV certifiée (UPF 40 ou 50+). Elle garantit que les textiles utilisés réduisent significativement la pénétration des rayons UVB et UVA à travers le tissu.
EN 166 et EN 172
Ces normes s’appliquent aux lunettes de protection solaires professionnelles. Elles précisent les niveaux de filtration des rayons UV, la résistance mécanique et l’adaptation à un usage extérieur en conditions lumineuses intenses.
Cosmétiques solaires
Si elles ne relèvent pas d’une norme unique professionnelle, les crèmes solaires utilisées doivent néanmoins porter la mention :
- FPS 30 ou 50+,
- Résistantes à l’eau et à la sueur,
- Adaptées à une utilisation prolongée en extérieur.
Recommandations des organismes de prévention
Plusieurs institutions françaises rappellent l’importance d’inclure les risques liés au soleil dans les démarches de santé au travail :
- L’INRS publie régulièrement des fiches pratiques, des guides techniques et des outils pédagogiques à destination des employeurs et des salariés.
- L’ANACT insiste sur l’importance d’intégrer le facteur solaire dans l’organisation des horaires, la gestion des pauses et l’ergonomie des postes en extérieur.
- Certaines CARSAT proposent des aides spécifiques ou des subventions pour équiper les chantiers en zones d’ombre ou fournir des EPI UV aux travailleurs saisonniers.
Brulures solaires
Sources
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