Risque biologique

Risque biologique au travail : comment se protéger face aux agents invisibles mais dangereux ?

Par Laurent Corbé , le 30 juin 2025 , mis à jour le 10 juillet 2025 - 20 minutes de lecture

Dans l’univers professionnel, les agents biologiques ne sont pas toujours visibles à l’œil nu. Pourtant, leur impact sur la santé des travailleurs peut être particulièrement lourd. Bactéries, virus, champignons, parasites : ces micro-organismes sont susceptibles de provoquer des infections, des réactions allergiques, voire des maladies graves, parfois à long terme.

L’exposition aux risques biologiques concerne une grande diversité de métiers, bien au-delà du seul domaine médical. Les secteurs du traitement des déchets, de l’agroalimentaire, de l’aide à la personne, du bâtiment ou encore de l’enseignement sont également concernés. À titre d’exemple, l’enquête nationale SUMER (Surveillance médicale des expositions aux risques professionnels) 2017 révèle que près de 19 % des salariés en France sont exposés à des agents biologiques au cours de leur activité professionnelle.

Ces expositions ne sont pas sans conséquences : elles peuvent entraîner des pathologies aiguës comme la leptospirose, des dermatoses, des hépatites virales ou des sensibilisations à répétition. Certaines situations ont également conduit à des cas de maladies professionnelles reconnues, notamment dans les métiers de la santé, du soin ou du nettoyage industriel.

Dans un contexte où de nouveaux agents biologiques émergent régulièrement, qu’ils soient issus du vivant, de mutations ou de biotechnologies, la prévention devient un enjeu central de santé au travail. Ce dossier propose une analyse approfondie des risques biologiques professionnels, en lien avec les contextes d’exposition, les mécanismes de transmission et les solutions de protection adaptées selon les secteurs.

Avant d’envisager les moyens de protection de ce type de risque individuel professionnel, il est essentiel d’identifier ce que recouvrent les risques biologiques au travail : leur définition, la nature des agents en cause et les effets possibles sur la santé. Cette première partie pose les bases nécessaires pour mieux appréhender les enjeux de prévention dans les secteurs exposés.

1. Qu’est-ce qu’un risque biologique ?

Le risque biologique désigne la probabilité qu’un travailleur entre en contact avec un agent biologique susceptible d’avoir des effets néfastes sur sa santé. Cela peut se traduire par une infection, une allergie, une toxicité ou, dans certains cas, des maladies graves à évolution chronique.

Les agents biologiques en cause regroupent une large diversité d’organismes vivants ou issus du vivant tels que les bactéries, les champignons microscopiques ou les parasites. Ils peuvent être présents de manière intentionnelle (dans les laboratoires ou la recherche), accidentelle (dans le traitement des déchets, les soins, l’agriculture) ou naturelle (dans l’air, les surfaces, les sols ou les fluides biologiques manipulés).

Une classification réglementaire en 4 groupes de danger

Selon la directive européenne 2000/54/CE transposée dans le Code du travail (articles R. 4421-1 à R. 4427-5), les agents biologiques sont classés en quatre groupes, en fonction de leur niveau de risque pour la santé humaine :

  • Groupe 1 : agent peu susceptible de provoquer une maladie chez l’homme,
  • Groupe 2 : agent pouvant provoquer une maladie, sans risque majeur de propagation, et généralement évitable par traitement,
  • Groupe 3 : agent pouvant entraîner une maladie grave, avec risque de propagation, mais pour lequel il existe des moyens de prévention ou de traitement,
  • Groupe 4 : agent très dangereux, provoquant des maladies graves avec un fort risque de propagation et sans traitement curatif connu.

Cette classification détermine les mesures de prévention à mettre en œuvre, notamment en matière de confinement, d’équipements de protection, de formation et de suivi médical.

Une exposition souvent silencieuse aux effets parfois irréversibles

Ce qui rend le risque biologique particulièrement complexe à gérer, c’est son caractère invisible et différé. Une contamination peut survenir sans symptôme immédiat, mais avoir des conséquences graves à moyen ou long terme (maladies professionnelles, incapacités, risques collectifs de transmission).

Identifier les agents en présence, leur voie d’entrée (inhalation, contact, ingestion) et les conditions de travail associées est la première étape d’une démarche de prévention efficace.

2. Définition des agents biologiques

Les agents biologiques sont définis par le Code du travail (article R. 4421-2) comme des micro-organismes englobant ceux génétiquement modifiés, les cultures cellulaires et les endoparasites humains, susceptibles de provoquer une infection, une allergie ou une intoxication. Autrement dit, il s’agit d’entités vivantes ou biologiquement actives qui, en pénétrant dans l’organisme humain, peuvent entraîner des effets délétères à court ou long terme.

On distingue principalement ces catégories :

  • Les bactéries : organismes unicellulaires, parfois résistants, responsables d’infections diverses,
  • Les virus : agents infectieux très petits, nécessitant une cellule hôte pour se reproduire,
  • Les champignons microscopiques : comme les moisissures qui peuvent provoquer des allergies ou des infections respiratoires,
  • Les parasites : organismes vivant aux dépens d’un hôte, pouvant être transmis par les animaux, l’eau ou l’alimentation,
  • Les prions : agents transmissibles non conventionnels, rares mais graves.

Ces agents ne sont pas nécessairement dangereux en soi, mais deviennent problématiques lorsqu’ils sont pathogènes (provoquant des infections), toxigéniques (libérant des toxines), allergènes ou même cancérogènes, comme certains virus oncogènes.

Agents biologiques au travail : quels sont les secteurs les plus exposés ?

Les agents biologiques sont présents dans une grande diversité de milieux de travail, qu’il s’agisse d’exposition directe à des organismes infectieux ou de manipulation de matières potentiellement contaminées.

Les secteurs et métiers les plus à risque sont notamment :

  • Le secteur de la santé et du soin : hôpitaux, laboratoires, centres d’imagerie, cabinets vétérinaires, EHPAD où les professionnels sont exposés aux fluides corporels, agents pathogènes et échantillons biologiques.
  • Les métiers liés à l’environnement : collecte des déchets, tri, assainissement, traitement des eaux usées, gestion des stations d’épuration.
  • L’agriculture et l’agroalimentaire : manipulation de produits animaux ou végétaux, contact avec les sols, engrais organiques ou animaux infectés.
  • Les secteurs de la propreté et du nettoyage : manutention de matériel potentiellement souillé, gestion de linge ou de surfaces contaminées.

Près de 20 % des salariés en France sont exposés à au moins un agent biologique dans le cadre de leur activité professionnelle, un chiffre probablement sous-estimé du fait de la difficulté à tracer certaines expositions.

Leur impact sanitaire

L’exposition professionnelle à des agents biologiques peut avoir des répercussions cliniques très diverses, allant de simples symptômes transitoires à des affections graves, voire invalidantes. Les effets dépendent du type d’agent, de la voie de contamination, de la durée d’exposition et de la sensibilité individuelle de la personne exposée.

Parmi les principales conséquences documentées, on retrouve :

Des infections aiguës

Causées par des virus (grippe, COVID-19, norovirus), des bactéries (salmonellose, leptospirose) ou des parasites, elles peuvent survenir brutalement et imposer un arrêt de travail immédiat. Certaines infections sont transmissibles d’homme à homme, ce qui renforce le risque de chaîne de contamination en milieu professionnel.

Des intoxications biologiques

Liées à la production de toxines par certaines souches bactériennes ou fongiques. Les mycotoxines produites par des moisissures comme Aspergillus ou Fusarium, par exemple, peuvent provoquer des troubles digestifs, hépatiques ou neurologiques.

Des allergies professionnelles

La présence répétée d’agents sensibilisants (champignons, acariens, bactéries animales) peut déclencher des pathologies allergiques comme l’aspergillose broncho-pulmonaire, des rhinites ou des cas d’asthme professionnel. Ce risque est notamment élevé dans l’agroalimentaire, les métiers de l’élevage ou le secteur de la propreté.

Des pathologies graves à long terme

Certaines expositions chroniques à des virus cancérogènes peuvent être à l’origine de cancers. C’est le cas du virus de l’hépatite B et C (cancer du foie) ou du virus HPV (cancer du col de l’utérus, de l’oropharynx).

Plus de 1 500 maladies professionnelles d’origine infectieuse sont reconnues chaque année en France, principalement dans les secteurs du soin, du nettoyage hospitalier et de la gestion des déchets (source : INRS, données 2023).

3. Les catégories d’agents biologiques

Classés selon leur nature microbiologique, les agents biologiques n’ont pas tous le même pouvoir pathogène ni les mêmes effets sur la santé. Les risques varient également selon le mode de transmission, la voie d’entrée dans l’organisme et la fréquence d’exposition. La classification officielle utilisée dans l’Union européenne (directive 2000/54/CE) repose sur quatre groupes de danger, allant du groupe 1 (peu ou pas pathogène pour l’homme) au groupe 4 (risque élevé de maladie grave, souvent mortelle, sans traitement efficace disponible).

Bactéries

Les bactéries sont des micro-organismes unicellulaires omniprésents dans notre environnement. Certaines sont inoffensives, d’autres bénéfiques pour l’organisme, mais une partie d’entre elles sont pathogènes et peuvent provoquer des maladies infectieuses graves. Dans le cadre professionnel, les expositions concernent principalement les secteurs de la santé, de l’agroalimentaire, de la propreté, du traitement des eaux ou encore de la gestion des déchets.

Les risques varient en fonction de la nature de la bactérie, du mode d’exposition et de l’état de santé de la personne. Par exemple, Escherichia coli ou Salmonella peuvent causer des infections digestives sévères après ingestion ou manipulation d’aliments souillés. Les agents de nettoyage ou le personnel hospitalier peuvent être exposés à Staphylococcus aureus, responsable d’infections cutanées tandis que Mycobacterium tuberculosis, transmissible par voie respiratoire, est à l’origine de la tuberculose, encore présente dans les hôpitaux ou structures médico-sociales.

La légionellose, quant à elle, est causée par Legionella pneumophila, une bactérie présente dans les réseaux d’eau. Elle peut entraîner une infection pulmonaire grave après inhalation d’aérosols contaminés, comme ceux émis par des tours de refroidissement ou des douches mal entretenues.

Les modes de contamination sont multiples : contact avec des fluides corporels, inhalation d’aérosols, ingestion de denrées infectées ou manipulation de surfaces souillées. Dans un environnement professionnel, une désinfection insuffisante, un défaut de ventilation ou une mauvaise hygiène des mains peuvent considérablement augmenter les risques.

Selon les données de Santé Publique France (2022), environ 5 % des maladies professionnelles infectieuses reconnues en France sont liées à une exposition bactérienne. Les cas les plus fréquents sont observés dans les hôpitaux, les maisons de retraite, les stations d’épuration et les unités de transformation agroalimentaire.

Champignons

Les champignons microscopiques tels que les moisissures et les levures sont fréquemment présents dans l’air ou sur les surfaces, notamment dans les milieux humides ou mal ventilés. Ils peuvent avoir plusieurs effets sur la santé selon leur nature.

Certains sont allergènes et déclenchent des troubles respiratoires comme l’asthme ou la rhinite tandis que d’autres produisent des mycotoxines, substances potentiellement toxiques pour l’homme. Certains champignons pathogènes peuvent également provoquer des infections appelées mycoses touchant la peau, les ongles ou les poumons, en particulier chez les personnes immunodéprimées.

Parmi les plus connus, Aspergillus fumigatus, courant dans les silos, composts ou locaux humides, est à l’origine de l’aspergillose et de broncho-allergies. Candida albicans, levure pathogène opportuniste, est souvent rencontrée en milieu hospitalier et peut provoquer des candidoses cutanées ou muqueuses, surtout chez les patients affaiblis.

Virus

Les virus sont des agents infectieux ultra-microscopiques qui ne peuvent se multiplier qu’en infectant une cellule hôte. En milieu professionnel, ils constituent une source de contamination redoutable, notamment dans les secteurs de la santé, du médico-social ou dans les environnements où les contacts interpersonnels sont fréquents.

Leur transmission s’effectue principalement par voie aérienne (gouttelettes ou aérosols), par contact avec des surfaces ou fluides contaminés, ou encore par inoculation directe en cas de blessure, piqûre ou exposition percutanée.

Parmi les virus les plus concernés par le risque professionnel :

  • La grippe saisonnière, courante dans les établissements de santé ou les collectivités,
  • Les virus des hépatites B et C, transmissibles par le sang, posent un risque accru pour les soignants,
  • Le SARS-CoV-2, responsable du COVID-19, a bouleversé les pratiques de prévention et reste intégré dans les plans de gestion des risques infectieux,
  • Le VIH, bien que faiblement transmissible par voie professionnelle, reste un enjeu dans les contextes d’urgence ou d’accidents d’exposition au sang.

Parasites

Les parasites sont des organismes vivant aux dépens d’un hôte, humain ou animal. En milieu professionnel, leur présence est moins fréquente que celle des bactéries ou des virus, mais certains contextes particuliers peuvent exposer les travailleurs à des agents parasitaires, parfois responsables de maladies graves.

Ce type de risque concerne surtout les secteurs agricoles (en particulier dans les zones tropicales), les élevages, les métiers en contact avec des animaux ou les environnements humides propices au développement de vecteurs (moustiques, phlébotomes, etc.).

Parmi les exemples les plus documentés :

  • Leishmania spp., responsable de la leishmaniose, est transmis par les piqûres de phlébotomes et reste un risque dans les régions chaudes ou semi-arides,
  • Toxoplasma gondii, un parasite intracellulaire fréquent chez les chats, peut infecter les humains via le contact avec des excréments contaminés, notamment dans les crèches, les laboratoires ou les métiers de nettoyage,
  • Echinococcus granulosus, à l’origine de l’hydatidose, est transmis par les chiens et constitue un danger pour les éleveurs, les vétérinaires ou les travailleurs agricoles en contact avec les animaux infectés.

4. Modes de transmission des agents biologiques

Comprendre les mécanismes de transmission des agents biologiques est essentiel pour mettre en œuvre une prévention efficace. Ces agents, virus, bactéries, champignons, parasites, peuvent entrer dans l’organisme par différentes voies : inhalation, contact cutané, perforation de la peau ou voie digestive. Chaque voie d’exposition implique des risques spécifiques selon les métiers, les pratiques professionnelles et les conditions de travail.

Transmission par inhalation

La transmission par inhalation se produit lorsqu’un travailleur respire un air contaminé par des micro-organismes. Ces agents peuvent être présents dans des gouttelettes (générées par toux, éternuement ou procédures médicales), des aérosols (produits par pulvérisation ou nettoyage à haute pression) ou des particules de poussière (dans les silos, laboratoires ou usines).

Les agents pénètrent dans les voies respiratoires supérieures et inférieures, parfois jusqu’aux alvéoles pulmonaires. Cette transmission est souvent asymptomatique dans un premier temps, rendant l’exposition difficile à détecter.

Exemples de sources professionnelles

Source 
Aérosols contaminésSoins invasifs, dentisterie, nettoyage haute pression
Climatiseurs mal entretenusPropagation de Legionella pneumophila (légionellose)
Cadavres animaux/humainsAutopsie, thanatopraxie, abattoirs
Manipulation de déchetsTri des déchets, hôpitaux, stations d’épuration

Les pathologies associées

MaladieAgent biologiqueDonnées clés
TuberculoseMycobacterium tuberculosisEn 2022, 5 287 cas notifiés en France, dont 69 % par transmission respiratoire (Santé publique France).
LégionelloseLegionella pneumophila1 639 cas déclarés en France en 2021 (Santé publique France), souvent liés à l’inhalation d’aérosols d’eau contaminée.
AspergilloseAspergillus fumigatusRisque accru dans les environnements poussiéreux, notamment chez les immunodéprimés.
COVID-19SARS-CoV-2Transmission par gouttelettes et aérosols, particulièrement en soins de santé ou milieux clos mal ventilés.

Les secteurs d’activité à risque élevé

SecteurJustification
Établissements de santéContact étroit avec patients infectieux, gestes invasifs générant des aérosols
LaboratoiresManipulation de cultures, centrifugations non confinées
Traitement des déchetsAérosols issus de déchets biologiques ou médicaux
Abattoirs / transformation animalePoussières organiques, fluides corporels, bioaérosols
Nettoyage industrielUtilisation de jets haute pression, absence de ventilation adaptée

Chiffres clés

  • 29 % des maladies professionnelles à agents biologiques en France sont liées à l’inhalation (source : INRS, 2023).
  • En milieu hospitalier, 1 soignant sur 5 aurait été exposé à un risque biologique par voie aérienne en 2020 (enquête nationale EPIbio, Santé Publique France).

Transmission par ingestion

La transmission par ingestion désigne l’entrée d’agents biologiques dans l’organisme par voie digestive, souvent de façon indirecte. Elle survient principalement lorsque des micro-organismes présents sur les mains, les surfaces ou les objets contaminés atteignent la bouche, ou en consommant de la nourriture ou de l’eau polluée.

Les mécanismes de contamination sont au choix :

  • Manuportée : mains contaminées (absence de lavage, gants souillés) portées au visage,
  • Alimentaire : ingestion directe d’aliments souillés (non lavés, mal cuits, contaminés par des déjections animales),
  • Hydrique : ingestion d’eau contaminée, notamment en cas de rupture du réseau ou de contact avec des eaux usées.

Situations professionnelles à risque

SituationExplication
Repas sur le poste de travailPrésence possible de micro-organismes pathogènes sur les surfaces
Absence de lavage des mainsAprès manipulation d’objets souillés ou avant de manger
Utilisation de gants contaminésContamination croisée en cuisine ou laboratoire
Prélèvements ou manipulation de matières biologiques sans précautionsRisque d’absorption via aliments ou doigts portés à la bouche

Pathologies associées à la transmission digestive

MaladieAgent pathogèneDonnées et contexte
SalmonelloseSalmonella entericaEn France, environ 11 800 cas confirmés/an (Santé publique France, 2022). Contamination alimentaire fréquente (œufs, viande, produits laitiers).
ListérioseListeria monocytogenesEnviron 370 cas déclarés/an (SPF 2022), maladie grave pour les immunodéprimés, femmes enceintes, personnes âgées. Transmise par produits crus ou peu cuits.
Hépatite AVirus de l’hépatite A (VHA)Maladie virale entérique : 1 024 cas en 2021 en France. Transmission oro-fécale, souvent par aliments contaminés.
ToxoplasmoseToxoplasma gondiiParasitose transmise par ingestion de viande insuffisamment cuite ou légumes mal lavés. Risque accru chez la femme enceinte.

Les secteurs d’activité particulièrement exposés

SecteurTypes d’exposition
AgricultureContact avec les déjections animales, irrigation avec eaux usées, récoltes contaminées
AgroalimentaireManipulation des denrées, chaîne du froid rompue, surfaces de préparation contaminées
Hôpitaux et crèchesTransmission indirecte via objets partagés, soins ou repas en milieu collectif
Restauration collectiveMauvaise gestion de l’hygiène des mains, conservation des aliments, contamination croisée en cuisine

Chiffres clés

  • 1 salarié sur 4 ne se lave pas systématiquement les mains après avoir manipulé des déchets (enquête INRS, 2021).
  • Près de 25 % des intoxications alimentaires collectives enregistrées en France en 2020 sont d’origine professionnelle ou en milieu de restauration (DGAL, 2021).

Transmission par inoculation

La transmission par inoculation correspond à l’introduction directe d’un agent biologique dans l’organisme via une perforation de la peau ou un contact avec une plaie ouverte. Ce mode de transmission est principalement lié à des accidents avec exposition au sang (AES), notamment dans les secteurs médicaux et paramédicaux.

Les mécanismes de contamination sont les suivants :

  • Piqûre accidentelle avec une aiguille ou une seringue usagée,
  • Coupure par un instrument tranchant contaminé (scalpel, verre, pipette),
  • Projection de liquide biologique sur une plaie, une muqueuse ou une peau lésée,
  • Manipulation d’animaux ou prélèvements en laboratoire avec du matériel souillé.

Les risques pathogènes majeurs

PathologieAgent biologiqueRisque de transmission après exposition
VIH (Sida)Virus de l’immunodéficience humaineRisque moyen estimé à 0,3 % par piqûre accidentelle (Santé Publique France, 2022)
Hépatite B (VHB)Virus de l’hépatite BRisque entre 6 % et 30 % sans vaccination (OMS, 2021)
Hépatite C (VHC)Virus de l’hépatite CRisque d’environ 1,8 % par exposition percutanée (CDC, 2022)
Bactéries multirésistantesStaphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM), Clostridium difficile, etc.Infections graves voire nosocomiales après blessure ou projection

Les facteurs aggravants

  • Absence de protocole d’urgence AES : retards de prise en charge post-exposition (ex. : absence de trithérapie antirétrovirale sous 4h en cas de risque VIH).
  • Manque de formation : personnel mal formé à la manipulation sécurisée des objets coupants.
  • Manque d’équipement adapté : absence de collecteurs sécurisés, gants inadaptés ou non portés, conditions de travail précaires.
  • Multiplication des actes invasifs : pose de perfusions, prélèvements sanguins, gestes chirurgicaux.

Les secteurs à risque élevé

SecteurExemples d’exposition
Soins hospitaliersPiqûres d’aiguille, chirurgie, soins de plaie, réanimation
Médecine de villePrélèvements sanguins, vaccination, actes gynécologiques
Laboratoires de recherche biomédicaleManipulation d’agents pathogènes, autopsies animales ou humaines
Cliniques vétérinairesInjections, sutures, manipulation d’animaux infectés ou agressifs

Chiffres clés

  • En 2020, 6 205 accidents avec exposition au sang ont été signalés en France (RAISIN, Réseau d’Alerte, d’Investigation et de Surveillance des Infections Nosocomiales).
  • Environ 80 % des AES concernent des piqûres avec aiguilles contaminées (InVS, 2020).
  • La majorité des AES surviennent au moment du retrait de l’aiguille ou lors de l’élimination de matériel non sécurisé.

Risque biologique au travail : un enjeu global qui se joue au quotidien

La gestion des risques biologiques en milieu professionnel n’est ni facultative, ni figée. Elle constitue un enjeu de santé publique, de sécurité au travail et de performance globale pour les structures exposées. Face à la diversité des agents biologiques et des contextes professionnels, les entreprises doivent adopter des stratégies dynamiques, proportionnées au niveau de danger, et adaptées à leurs réalités de terrain.

Une démarche structurée, multi-niveaux et évolutive

La prévention du risque biologique repose sur une approche globale, fondée sur :

  • Une évaluation rigoureuse des expositions et des agents présents,
  • Une hiérarchisation des mesures de prévention (organisation, équipement collectif, EPI),
  • Une formation continue des travailleurs et un suivi médical adapté,
  • Une gestion réactive des incidents, avec procédures claires et traçabilité post-accident.

Cette approche doit être régulièrement mise à jour pour tenir compte des nouvelles connaissances scientifiques, des évolutions réglementaires et des situations réelles observées sur le terrain (retour d’expérience).

Un cadre réglementaire solide, mais perfectible

Les textes en vigueur offrent un cadre robuste, mais exigent une interprétation contextuelle et une appropriation opérationnelle par chaque entreprise. Le respect de la réglementation ne doit pas être vu comme une simple contrainte, mais comme un levier d’amélioration continue, de qualité de vie au travail et de responsabilité sociétale.

Une responsabilité partagée

Enfin, la prévention des risques biologiques n’est pas uniquement du ressort du service hygiène-sécurité ou de la direction, elle implique chaque acteur de l’organisation. La culture de prévention se construit collectivement grâce au dialogue social, à l’implication des référents métiers et à l’engagement de la direction à long terme.

Les risques professionnels individuels

Sources

 

Laurent Corbé

Laurent Corbé est expert en risques professionnels. Il est le fondateur d'Abisco.fr, un site leader dans la commercialisation d'Equipements de Protection Individuelle

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